samedi 23 novembre 2024
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Liberté de la presse au Mali : Une presse trimballée

Dans le dernier classement  de Reporter sans frontière sur la liberté de la presse, le Mali est classé 115e sur 180 pays. Une position qui laisse à désirer surtout que le Mali n’a progressé que d’une seule place. Une position qui pourrait s’expliquer par les nombreuses violences à l’encontre des journalistes lors des manifestations, l’enlèvement de journalistes et surtout la disparation de notre confrère du Sphinx, Birama Touré depuis bientôt trois ans.  

 Du 24 au 27 avril dernier, le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta était dans la Région de Ségou pour procéder à l’inauguration d’infrastructures routières. Au cours de cette visite, la Garde rapprochée du  Président de la République s’est fait remarquée comme à son habitude, en prenant à parti, le Correspondant local de la radio Klédu, Douba Dembélé. Selon lui, c’est en allant récupérer son dictaphone qu’il a été brutalisé par la Garde du Président. Sur les réseaux sociaux, il a publié le sale état dans lequel on l’a mis avec ses habits qui étaient déchirés.  Ce cas est loin d’être isolé. Notre consœur, Alima Touré,  Correspondante de « SIKKA TV » a, à son tour, été la cible des policiers qui empêchaient des jeunes de marcher sur l’Ambassade de France pour demander le retrait de la force Barkhane du Mali. Sans ménagement, elle a été gazée, et s’est entendue dire par un policier «chaque fois c’est toi qu’on voit dans les manifestations ». Ces propos témoignent de la volonté manifeste des forces de l’ordre de faire du mal à la journaliste qu’elles sont censées protéger. Selon Boubacar Yalkoué, Directeur de Publication du quotidien LE PAYS non moins Président du mouvement de protection de la presse contre les violences, les journalistes sont aujourd’hui considérés par les forces de l’ordre comme des «ennemis». «En principe, quand une manifestation est dispersée, les forces de l’ordre ne doivent pas s’en prendre aux journalistes. Mais pour couvrir leur bavure, journalistes et manifestants font les frais de leur furia », se désole-t-il.

Avec ces violences à répétition contre les journalistes cette année, l’Etat a franchi un palier en matière de violation de la liberté d’expression au Mali en employant des méthodes dignes du Far West. Qui ne se souvient pas de l’ « enlèvement» le 21 février dernier de nos  confrères du site d’information Mali Actu, Salif Diarra, Aliou Hasseye et d’Issa Coulibaly ?   Cette méthode cavalière employée contre la presse témoigne du mépris flagrant de nos autorités vis-à-vis de la profession qu’il est convenu d’appeler le 4e pouvoir.

Quid de la disparition de Birama ?

Depuis bientôt trois ans, Birama Touré, journaliste au bihebdomadaire LE SPHINX est porté disparu. Toutes les enquêtes qui, selon les autorités, ouvertes jusqu’ici, n’ont pas encore donné de résultats. Ayant fait des « révélations » sur cette disparition, le confrère Boubacar Yalkoué avait été entendu pendant plus de trois heures par le Procureur de la Commune IV du District  de Bamako. «Lors de mon audition, j’ai donné tous les détails sur ce que je savais de cette affaire. Les informations que j’avais données sur cette affaire sont vérifiables. Après mon audition je m‘entendais à ce que les choses bougent, mais jusqu’à présent rien. À croire que cette affaire n’intéresse personne », dit Boubacar Yalkoué.

En ce jour d’anniversaire de la liberté de la presse, la corporation doit s’unir et parler le même langage, éviter les combats « claniques » «  partisanes » faire en sorte que l’ensemble des journalistes bénéficient du soutien de la corporation en cas d’abus. C’est à ce seul prix que le journaliste parviendra à se faire respecter. Mais tant que les soutiens se feront sur la base des camaraderies, la presse se verra  trimbaler, et ce, pour encore très longtemps.

Mohamed Sangoulé  DAGNOKO : LE COMBAT

Rédaction

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