Comment s’organiser, fédérer les énergies et aller vers un mouvement plus constructif et efficient ? Voilà l’équation que doit d’abord résoudre les initiateurs du mouvement qui prétend soutenir l’armée malienne face à la montée en puissance des terroristes.
Dans notre parution du lundi dernier, nous nous fondions sur le communiqué combien salutaire du dernier né des mouvements pour titrer que « l’Armée bénéficiait d’un soutien de taille ». Connaissant les initiateurs de ce mouvement, dont un certain Djimé Kanté qui a fait ses preuves dans le mouvement ‘‘Antè, A bana’’, nous ne pouvions à aucun moment douter de la noblesse de la mission que venait de s’assigner la plateforme « Débout sur les remparts, Wulikadjo Tuma sera ». Mais, ce qu’il nous a été donné de constater lors de la conférence de presse, organisée par ce mouvement, hier, mercredi, laisse songeur et même dubitatif sur le soutien réel qu’il pourrait apporter à nos FAMA. Ce qu’il faut rappeler, de prime à bord, nos FAMA ont besoin d’union et de cohésion pour les aider dans leur mission. Mais comment être unis dans la désorganisation ? Impossible. Et pourtant c’est le triste spectacle de désorganisation auquel la presse a eu droit en lieu et place de la conférence à proprement parler. Et, pourtant, l’expérience des initiateurs du mouvement, avec en leur sein des Journalistes, ne devait pas permettre de rater leur première sortie face à la presse.
Après la lecture du communiqué qui, en réalité, ne diffère guère du premier qui a été lu lors du lancement du mouvement, l’on s’attendait à l’ouverture des débats avec la presse pour avoir davantage d’explications et de compréhensions sur le bien-fondé du mouvement, ses objectifs à courts, moyens et longs termes, les actions concrètes à mener pour venir en aide au FAMA, la politique d’implantation du mouvement, les sensibilités qui constituent le mouvement et ceux qui peuvent le rejoindre, etc.
Cet exercice d’explication, elle en avait besoin. Car, on se souvient que seulement deux jours après le lancement du mouvement, un certain Abdoul Niang, qui se dit journaliste-chroniqueur- activiste, avait rué dans les brancards la plateforme la traitant de bras armé de l’opposition pour combattre le régime.
Il fallait éclairer la lanterne des uns et des autres sur ces accusations. Mais au lieu de cela, l’on s’est retrouvé dans des élucubrations, des discours du genre « je n’ai jamais voté ». La plateforme manque ainsi une occasion énorme de se blanchir, d’autant plus que, l’auteur de la vidéo, Abdoul Niang, qui, hier, traitait le mouvement de tous les noms d’oiseaux, était, comme par miracle, présent. Et contre toute attente, il a pris la parole, non pas pour démentir ce qu’il avait dit sur les réseaux sociaux à propos de la plateforme, mais pour, selon lui présenter ses excuses à Etienne Fakaba Sissoko, qui aurait été vexé par ses propos. Voilà comment une cérémonie censée émettre l’accent sur le soutien des FAMA, se transforme en question de personnes, d’égos pour ne pas dire de nombril.
Et quand la presse se plaint de la désorganisation qui a régné tout au long de ladite conférence, celui à qui l’honneur a été fait de donner réponse à cette préoccupation, du haut de son savoir, dira que « c’est un point de presse et non une conférence de presse. Mais, quand on a vu l’engouement autour de la question, nous avons décidé, dans la salle de donner la parole aux journalistes ». Ce qu’il ne sait pas, et qu’il doit savoir, c’est tout d’abord qu’au cours d’un point de presse la parole n’est pas donnée à huit personnes pour dire des choses qui n’ont rien avoir, les unes avec les autres. Il doit surtout savoir qu’un point de presse est BREF et ne fait pas plus d’une heure comme c’était le cas pour eux.
La modestie et l’organisation sont les deux choses que la plateforme doit d’abord s’approprier et bien se l’approprier pour ensuite prétendre fédérer et aller vers un soutien de taille aux FAMA. Sinon, cette plateforme risque d’être une plateforme de plus. Donc, une plateforme de trop.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT