samedi 23 novembre 2024
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Barkhane méprisé au Mali : Le Professeur Dioncounda Traoré joue à la carte de l’apaisement

À un moment où des sentiments nationalistes antiforces françaises de l’opération Barkhane vont crescendo au Sud comme au Nord du pays, le Professeur Dioncounda Traoré, en sa qualité d’ancien Président de la République du Mali (de 2012 à 2013), essaie de tempérer les ardeurs par une analyse quelque peu plus objective de la situation. Invité au Forum de Rhodes, organisé par le Dialogue of civilisations Researchinstitute, un centre de réflexion basé à Berlin, en Allemagne, le Président par intérim du Mali au moment de l’intervention française, en janvier 2013, contre les groupes djihadistes, a affiché une position contraire à ceux-là qui, pas plus que le lundi dernier, manifestaient à Kidal pour exiger le départ des forces françaises.

Au sujet des conditions de cette opération française, le Professeur Dioncounda Traoré a estimé qu’au départ la Communauté internationale estimait qu’il s’agissait d’un problème malien qui devait être réglé par les Maliens eux-mêmes et à la limite, par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), voire l’Union Africaine. «Pendant des mois, j’ai insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une menace globale et qu’en nous aidant nos partenaires s’aideraient eux-mêmes. En parallèle, la France a mené une action intense auprès du Conseil de Sécurité des Nations-Unies afin de sensibiliser les membres permanents sur les risques d’un effondrement du pays », a-t-il indiqué.

«Le bilan de l’intervention française au Sahel est très positif»

Abordant le volet bilan de Barkhane, le cadre du parti ADEMA-PASJ a signifié que c’est un bilan très positif. «Le Mali était à genoux. Grâce à l’intervention de la France appuyée par la Sous-région, les territoires ont été libérés. Mais les problèmes ne sont pas réglés pour autant : une guerre asymétrique contre la civilisation se poursuit, au Mali comme ailleurs, avec des pays du Moyen-Orient qui financent les groupes armés et transposent à l’étranger leurs querelles. Si les opérations militaires restent indispensables contre ces groupes qui sèment la terreur, il faut mettre en place un dialogue franc et sincère avec les populations du Nord», a laissé entendre Dioncounda Traoré au Centre dirigé par Vladimir Lakounine, ancien patron des chemins de fer russe, un proche du Kremlin.

Devoir de prolonger la présence des troupes étrangères

Et lorsque la question relative à la possibilité d’un retrait des troupes françaises du Sahel a été posée à l’ancien Président du Mali, celui-ci n’a fait preuve d’aucune ambiguïté. Selon lui, la  présence des troupes étrangères va devoir se prolonger un peu. «Nous n’avons pas d’armée. Dans la Sous-région, la plupart des pays sont dotés d’armées d’opérette, capables simplement de défiler les jours de la fête nationale de l’Indépendance, de perpétrer des coups d’État ou de s’attaquer à des civils sans défense. Nous ne pouvons pas faire face aux défis sécuritaires. C’est dommage pour le Mali, pour la France et pour tous les pays de la Région. Ils nous ont aidés à exister. Nous, autres Maliens, ne jouons pas  notre rôle dans l’affaire. Nous avons le devoir d’utiliser nos petits moyens et nos petites responsabilités», a-t-il ajouté pour couper l’herbe sous les pieds de ceux qui s’époumonent devant l’Ambassade de France à Bamako ainsi qu’aux manifestants du sable mouvant de Kidal.

Avec cette position sans équivoque, ses interlocuteurs ne pouvaient s’empêcher de chercher à s’enquérir du point de vue du Professeur sur des sentiments maliens selon lesquels la présence française s’éternise au Mali quatre ans après les débuts de l’opération Serval. Là, le Président de la Transition que le Mali avait connue en 2012 et 2013 a jeté la responsabilité de cet état des choses sur certains Hommes politiques de la place.

«Initialement, la France ne devait pas rester indéfiniment. Avec François Hollande, nous avions jeté les bases d’une sortie de crise rapide et graduée. Tout avait été pensé en amont. Mais on a raté la transition du fait principalement de certains Hommes politiques maliens. Ils n’avaient pas compris la nature du problème, ils pensaient qu’on pouvait se débrouiller sans la France. Quand ils se sont rendu compte qu’ils faisaient fausse route, on avait déjà perdu deux ans. Tout le travail a été réduit à néant et il a fallu recommencer à zéro», s’en est plaint Dioncounda Traoré.

Katito WADADA : LE COMBAT

Rédaction

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