A un moment où Paris semble lassé des couacs incessants que subit la mise en œuvre de l’Accord de Paix dans notre pays, toute chose qu’il manifeste par sa résolution à désormais focaliser ses efforts sur la mise sur pied de la force du G5 Sahel, Washington semble, quant à lui, monter sur la scène de la crise malienne.
Le département d’Etat américain a appelé les parties maliennes à «redoubler d’efforts» pour mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix, issu du processus d’Alger, déplorant les «violations» répétées du cessez-le-feu au Mali. Ceci fait suite aux affrontements survenus, la semaine dernière, entre les groupes armés signataires de l’Accord de paix. Des affrontements qui se sont soldés par de lourdes pertes au sein des forces progouvernementales. Ces combats avaient opposé, près de Kidal, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au Groupe d’autodéfense touareg Imgad et alliés (GATIA, progouvernemental).
«Nous appelons toutes les parties à redoubler d’efforts pour respecter le cessez-le-feu et mettre pleinement en œuvre l’Accord de paix d’Alger», a indiqué le département d’Etat américain dans une déclaration publiée, lundi soir, saluant, à ce titre, «les efforts visant à rapprocher les parties maliennes pour accepter une cessation des hostilités».
Les Etats-Unis ont condamné «les violations récurrentes du cessez-le-feu qui se sont produites au Mali entre les groupes armés signataires de l’Accord de paix d’Alger de 2015» et ont déploré «l’échec des parties maliennes» à parvenir à une paix durable. Le Gouvernement américain a exhorté les parties maliennes à «respecter strictement leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à respecter les droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne les civils et les prisonniers».
Washington s’est dit à ce propos profondément troublé par rapport aux représailles et meurtres de civils dans notre pays et à la découverte des fosses anonymes dans les zones de conflits. «Si les allégations sont véridiques, les auteurs (des violations) doivent être traduits en justice», a affirmé le Département d’Etat américain. Des affrontements entre groupes signataires de l’Accord de paix au Mali se sont, rappelle-t-on, soldés, la semaine dernière, par de lourdes pertes au sein des forces progouvernementales.
Ces combats avaient opposé, le mercredi dernier, près de Kidal, dans le Nord-est du Mali, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) au Groupe d’Autodéfense Touareg Imgad et Alliés (GATIA, mouvement progouvernemental). Le GATIA a perdu des dizaines de combattants. Dans un communiqué, la CMA avait affirmé «avoir démantelé toutes les positions de la Plateforme qui se formaient autour de Kidal», soupçonnant le groupe progouvernemental de vouloir encercler cette ville sous son contrôle.
Le Président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), l’Imam Mahmoud Dicko, s’est rendu, jeudi dernier, à Kidal pour une mission de bons offices. Il devait initialement engager des discussions avec les groupes armés afin de faciliter le retour de l’Administration malienne à Kidal. Mais, compte tenu de la situation, il a lancé un appel au calme et demandé aux uns et aux autres de ne plus faire usage des armes.
La CMA a, par ailleurs, pris, samedi dernier, sans combattre, le contrôle de Ménaka, capitale d’une des cinq Régions administratives du Nord du pays. Ces événements ont compromis un nouveau calendrier d’application de certaines dispositions-clé de l’Accord d’Alger établi en juin, comme celle évoquant l’installation des autorités intérimaires.
En vertu de l’Accord de paix, les autorités intérimaires doivent gérer les cinq Régions administratives du Nord, en attendant l’élection par la population des Assemblées Régionales dotées de pouvoirs importants. Le Chef de la CMA, Alghabass Ag Intalla, a estimé que cette intervention n’était «pas une violation du cessez-le-feu» puisque, selon lui, le GATIA n’avait «rien à faire à Ménaka».
La ville de Ménaka est, depuis mars dernier, dirigée par une des autorités intérimaires prévues par l’Accord de paix, présidée par Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed du Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA). Le MSA, issu d’une scission d’un groupe de la CMA en septembre, s’est, ensuite, rapproché du GATIA, menant notamment des patrouilles conjointes avec ce groupe dans la Région de Ménaka. Ce qui n’a pas été du goût des dirigeants de la CMA. D’où le clash entre les deux groupes rivaux.
Katito WADADA : LE COMBAT