A moins de deux semaines, des actes criminels visant des personnes connues ont été perpétrés dans la capitale. S’il n’y a heureusement pas eu mort d’hommes, le constat s’impose désormais à tous comme une évidence à «Bamako. Le risque est vraiment réel.
Les Bamakois ne dorment désormais que d’un seul œil. La psychose est là et se fait ressentir. Les nuits perturbées par les tirs de balles réelles sont assez fréquentes à tels points que cela ne suscite plus de grandes peurs au réveil des populations. Les attaques à mains armées sont devenues le quotidien pour les Bamakois. Les attaques du Radisson Blu, devant l’agence principale d’Ecobank l’année dernière et, cette année, du campement Kangaba ont fini par convaincre que les terroristes et autres bandits armés règnent en maître absolu.
En attendant que les enquêtes ouvertes puissent donner des réponses, et situer par la suite les responsabilités, le banditisme continue à mettre en joug la capitale.
Dernièrement, ce sont des attaques ciblées contre des personnes connues qui ont défrayé la chronique. Tout d’abord, le véhicule de l’épouse de Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition, Mme Cissé Astan Traoré, qui a vu, le 23 juillet dernier, les pare-brises avant et arrière de sa voiture cassés à coups de pierres. Un acte prémédité ; car, le véhicule d’immatriculation (AM 0642 MD) était garé parmi plusieurs autres qui n’ont pas été touchés. Un acte intervenu au moment où Astan Traoré assistait aux obsèques de l’épouse d’un militant de l’URD. S’en prendre à une femme et de surcroît lors de funérailles, doit faire craindre. A peine les commérages de Bamako ont fini de tailler bavettes autour des présumés coupables de cet acte odieux, que le Ministère de la Sécurité fini de rédiger un communiquer pour annoncer (comme toujours d’ailleurs) l’ouverture des enquêtes. Mais hélas, la série continue. Le chroniqueur web, Madou Kanté connu sous le nom de «Maréchal Madou» à son tour, prenait du plomb dans son corps le 25 juillet.
En l’espace de 72 heures d’autres graves actes venaient de se commettre au grand dam des populations. Là également une «enquête a été ouverte».
En attendant que cette enquête se referme une autre vient d’être ouverte suite à la découverte, cette fois-ci, d’une boîte contenant une vingtaine de cartouches de divers types d’armes par les éléments en faction juste près du domicile de la Présidente de la Cour constitutionnelle, Mme Manassa Dagnoko. Une faible quantité de ces munitions aurait explosé ; mais, sans faire de dégâts.
Les motifs ?
En attendant l’aboutissement des « enquêtes » sans fin, une chose est claire pour tous, ces attaques ont un lien étroit avec la révision de la constitution que veut opérer le Régime. Si chaque camp pointe un index accusateur vers l’autre, il faut dire qu’au stade actuel il est hasardeux et même prématuré de désigner un coupable tant les intérêts d’une part comme de l’autre s’entremêlement pour former un maelstrom indéchiffrable. Ces suspicions ne peuvent être levées que si et seulement si les autorités, à commencer par le Ministère de la Sécurité et de la Protection civile, aidé par les services de renseignements, rendent pour une fois les résultats des «enquêtes ouvertes». En ne le faisant pas et à temps, la nature ayant horreur du vide, les uns et les autres vont se trouver des coupables tout désigner. Et, le Malien étant devenu cet être qui n’hésite plus à se rendre justice (parce que n’ayant pas confiance à sa justice), on peut facilement imaginer les dégâts et le cycle infernal de violence dans lequel cela peut nous plonger.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT