jeudi 28 mars 2024
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19 NOVEMBRE 1968 (SUITE) : REACTION DES BAMAKOIS A L’ANNONCE DU COUP D’ETAT

L’anniversaire du coup d’Etat de novembre 1968 nous a inspiré une série d’articles. Dans nos précédentes livraisons, nous vous avons précisé comment le lieutenant Moussa Traoré, avec l’appui de ses deux camarades de promotion, les lieutenants Kissima Doukara et Youssouf Traoré et de quatre de ses anciens élèves de l’EMIA de Kati, les lieutenants Baba Diarra, Tiékoro Bagayogo, Joseph Mara Filifing Sissoko, ont renversé le régime de l’Union Soudanaise RDA. Dans l’action, le rôle de certains sous-officiers comme l’adjudent-chef Soungalo Samaké, n’est pas à négligé. Nous vous avons apporté la preuve que la France, loin d’être l’instigatrice du coup de force a été aussi surprise de sa perpétration que le reste du monde. La prise du pouvoir par les militaires est présentée par certains comme la rupture dans un processus de développement qui aurait permis au Mali d’émerger. Pour beaucoup, le coup est l’affaire de quelques officiers subalternes contre l’armée et contre le peuple malien. Nous ne prenons pas position. Nous nous limiterons dans les lignes qui suivent à mettre à votre disposition l’appréciation d’une historienne, Bintou Sanankoua, auteur du livre « La Chute de Modibo Keïta », Editions Chaka, Paris, 1989.

BAMAKO EN DELIRE

Il a fallu tout le reste de la journée du mardi 19 novembre pour que les Bamakois digèrent la situation et se rendent à l’évidence. Il s’agit bien et bel d’un coup d’Etat militaire et il est bien consommé ! Le mercredi 20 novembre est une journée folle à Bamako. Le délire s’empare de la ville en état de choc. La population descend dans les rues arrachant les branches des arbres de l’indépendance (maliyirini) qu’elle brandit en l’air en criant : » Vive la liberté », « vive le comité militaire de libération nationale », « vive l’armée », « A bas la milice », « A bas Modibo », tout cela dans un tonnerre de klaxon de voiture qui assourdit littéralement toute la ville. Les manifestants expriment sans aucune retenue leur joie en vociférant leurs griefs contre la milice ou le socialisme sans se soucier de savoir s’ils peuvent être entendus dans ce vacarme. De souvenir de Bamakois, on n’avait jamais vu une telle explosion de joie, un tel défoulement dans les rues. On rit, on pleure, on s’embrasse, on se roule par terre, on jette ses habits, on jure que c’est la fin du cauchemar. Tout cela avec beaucoup de bruit, les voitures klaxonnent sans interruption à décharger leurs batteries. Les manifestants s’accrochent au flanc des douroudourouni et tapent très fort sur le capot et la carrosserie ; tout objet qui tombe sous la main est improvisé en tamtam. On n’avait jamais autant chanté la liberté, même aux heures les plus dures de la domination coloniale. C’est simplement ahurissant. Qui peut imaginer que le régime de Modibo Keïta était aussi honni ? Qui peut imaginer que la mainmise de l’US-RDA sur tout le pays était aussi superficielle, n’était qu’apparente ? Les putschistes sont sans doute les premiers surpris devant l’ampleur et la spontanéité de ces manifestations.

… Tous crient très fort leur soutien aux putschistes, condamnent le régime déchu,. Ils crient si fort, tant et si fort qu’ils créaient la nette impression en ces dernières journées de novembre 1968 que le peuple de Bamako avait été opposé à l’option socialiste et qu’il subissait le régime plus qu’il n’y adhérait. Bintou Sanankoua. Op. cit. pages 55-57)

A suivre LE SURSAUT

Djibril Coulibaly

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