La lutte contre la corruption au Mali prend, depuis le début de la seconde phase de la transition, de plus en plus d’ampleur. Jamais dans l’histoire de ce pays, du moins depuis le début de l’avènement de la démocratie, elle n’a été aussi précise et sérieuse. En plus des gros gibiers de l’ancien régime déchu, celui d’IBK, ce sont ses fils qui risquent d’en pâtir.
Selon plusieurs discussions populaires et certaines indiscrétions sur ce qui serait envisagé contre la gestion chaotique de l’ancien chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta, son fils Karim Keïta a incontestablement maille à partir avec la justice malienne. Pour cette raison, il pourrait entraîner avec lui son autre frère, Bouba Keïta. Selon nos informations, des investigations dans le cadre de la lutte contre la corruption seraient en cours pour tenter de savoir si le fugitif Karim Keïta aurait fait des dissimulations sous les prête-noms des produits des prévarications et autres pratiques de détournement et de corruption au détriment des ressources publiques durant les sept ans de pouvoir de son père. Son acolyte de frère, Bouba Keïta, n’est pas moins visé par une enquête. Récemment, le ministre de la Justice, Mahamoudou Kassogué, ancien Procureur anticorruption, assurait que ‘’le nouvel arsenal législatif en projet pour lutter contre les délits financiers et économiques offre la possibilité de saisir non seulement les produits directs et indirects de l’infraction, mais aussi même les biens acquis par les auteurs avant la commission de l’infraction à la proportion des biens volés à l’État’’. Une déclaration qui a provoqué le branle-bas de combat au sein de l’ex-famille présidentielle et son entourage mafieux. Des biens indûment et illégalement accumulés par l’ancien régime sont de plus en plus dans le collimateur de la justice et pourraient bien faire l’objet de procédures de récupération. C’est pourquoi le Premier ministre, Dr. Choguel K. Maïga, avait lancé un avertissement à peine voilé en assurant que «Nous allons faire l’audit de tous les services de l’État afin de savoir comment des milliards se sont illégalement évaporés ; comment des bâtiments de l’État ont-ils été bradés à des opérateurs économiques à cent, deux cents millions ? » Longtemps soupçonnés à cause de leurs affaires dans des secteurs de l’État, Karim Keïta et son frère auraient spolié les administrations de par leurs influences. Selon des sources, ils sont soupçonnés d’être tapis derrière des opérateurs ayant fait de substantielles emplettes lors des braderies publiques pour lesquelles l’État a été contraint de se soumettre par ‘’Ma Famille d’abord’’. Selon des sources proches du dossier, une procédure de vérification viserait en ce moment des acteurs économiques connus dans le domaine des véhicules de luxe et autres prestations en rapport avec les transports. L’homme à qui Bouba Keïta aurait confié la gestion de ses nombreux patrimoines, immobiliers et autres activités, dont une structure de location de véhicules (les fils de IBK ne changent pas une formule qui gagne !), est bien connu à l’ACI 2000. Le gestionnaire de la fortune de Bouba Keïta a vite attiré l’attention sur lui, car ses ‘’affaires’’ personnelles ne peuvent lui assurer son train de vie actuel, puisque roulant en carrosse, c’est le cas de le dire avec la Rolls-Royce (300.00 euros soit 196, 5 millions FCFA pièce, excusez du peu !) à bord de laquelle il parade au vu et au su de tout le monde. De plus, l’homme, quelque peu disert sur les bords, ne manquerait aucune occasion d’étaler ses nombreuses et luxueuses acquisitions immobilières au pays des Érables, le Canada. Une propension de nouveau riche et de parvenu qui a vite attiré les regards sur ses relations bien connues d’avec l’ancienne famille présidentielle. Les mêmes sources précisent que les deux fils d’IBK ont en effet appuyé la création d’une foule inestimable de sociétés-écrans, détenues par des prête-noms, vers lesquelles étaient majoritairement orientées les attributions des marchés publics, notamment de la défense et de la sécurité. Ainsi, on sait qu’un seul de ces nouveaux riches, artificiellement ‘’créés’’ de toutes pièces par la famille présidentielle, pouvait détenir jusqu’à près de dix sociétés du genre. Le but était de faciliter la pratique de l’allotissement (d’ailleurs illégal) des marchés publics, comme on l’a constaté dans des domaines aussi divers que les fournitures militaires ou les intrants agricoles, engrais notamment. C’est pour toutes ces raisons que les nouvelles autorités transitoires envisagent « la mise en place d’une batterie de mesures conservatoires, notamment les saisies des biens appartenant aux personnes poursuivies pour garantir l’efficacité des procédures », comme l’a récemment assuré le Garde des Sceaux devant la presse. Ces innovations sont devenues des impératifs catégoriques pour les autorités engagées dans la répression de la délinquance financière et le détournement des ressources publiques sous ses multiples formes, des pratiques qui ont été la marque visible de l’ancien régime, à travers la famille présidentielle déchue. « Il est attendu de ce pôle qu’il puisse révolutionner la lutte contre la corruption. Dans ces textes, il y a une dimension essentielle : la saisie des avoirs criminels. Celle-ci était une difficulté essentielle dans tout ce que nous avions entrepris jusqu’ici » a tenu à faire savoir l’ancien procureur anticorruption. Car, d’après lui, au bout « … d’un certain nombre d’années, les gens ont eu l’occasion d’organiser leur insolvabilité », parvenant ainsi à faire échapper leurs patrimoines indus à la récupération judiciaire.
À suivre…
Moriba DIAWARA LE COMBAT