Le RPM a raison d’affûter les armes dès maintenant, afin de faire réélire Ibrahim Boubacar Keïta. L’homme, cela ne fait pas de doute, a une haute idée de ce qu’est l’Etat. Mais son arrivée à la tête de l’Etat a coïncidé avec une conjoncture des plus défavorables. En effet, il lui fut donné de gérer les conséquences de vingt années de laxisme, de gabegie, d’insouciance pour le futur. Comment, par exemple, le peuple malien pardonnera-t-il à ceux-là qui ont transformé sa vaillante armée en une armée de façade, à propos de laquelle on a pu écrire : « Que ce soit son encadrement, sa pléthore de généraux véreux ou sa piétaille mal payée et mal formée l’armée malienne est l’une des pires qui soit sur la plan militaire » ?
Le président de la République a plus que besoin d’un second mandat car, s’il part avec le bilan qui est le sien actuellement, l’on peut se poser la question de savoir ce qu’il aura laissé comme acquis. Bien sûr, il n’est pas question d’ignorer les louables efforts consentis pour la promotion de l’agriculture ou les augmentations de salaires en faveur des fonctionnaires. Mais d’autres chantiers l’attendaient, au lendemain de son investiture.
En moins de trois ans, il a nommé trois premiers ministres. Le premier est parti, estimant qu’il ne disposait pas de marge de manœuvre pour la mise en œuvre de la politique gouvernementale. Le deuxième s’est disqualifié après le désastre de Kidal. Reste le troisième. En s’installant à la Primature, il fit savoir, d’entrée de jeu, qu’il n’est pas un premier ministre de terrain. Ce faisant, ne se condamnait-il pas lui-même à l’immobilisme au moment où tout exigeait l’action ? Un Premier ministre, depuis la célèbre phrase de Raymond Barre, c’est quelqu’un qui « va au charbon ». Le choix du nôtre n’est-il pas à l’origine de l’immobilisme de l’action gouvernementale ? En privilégiant le confort douillet du cabinet au détriment des exigences et aspérités du terrain, n’a-t-il pas choisi d’être vite happé par l’oubli une fois parti de la Primature ?
Ce qui risque d’être retenu, ce sera, et seulement, deux réunions de cabinet ; le premier, pour décider d’approfondir la réflexion afin de relancer la poste et, le second, pour retenir la nécessité de créer une centrale d’achat afin d’approvisionner le gouvernement. Or, les chantiers de la reconstruction sont plus d’un, de l’Armée à la Décentralisation, de l’Ecole à la Santé, et, en particulier, la préservation de l’intégrité du territoire national, de l’unité de la Nation et de la Sécurité des personnes et de leurs biens. Ce sont là autant de fronts sur lesquels, pratiquement, aucune avancée n’est perceptible.
La énième rébellion des Kel Adagh qui a dégénéré en une rébellion des Arabo-Berbères annihile tous les efforts. Dès le départ, héritant dans ce domaine d’une situation désastreuse, le président s’est privé des moyens pour lui trouver une solution. Il s’en est remis à une médiation internationale sans tenir compte que, parmi ces médiateurs, trois au moins ont programmé le dépeçage de la République du Mali : l’Algérie, la France et la Mauritanie. Trois pays qui, depuis les années 1950, alors même que certains étaient encore des colonies, n’ont cessé d’avoir des visées annexionnistes sur le Sahara malien. La Conférence d’Entente Nationale qu’il projette ne donnera satisfaction qu’aux fossoyeurs de notre unité : l’Azawad va faire frontière avec le Mali.
LA REDACTION LE SURSAUT
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