« L’arme la plus puissante entre les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé » ! Ainsi avertissait le leader estudiantin, Stephen Bantu Biko dit Steve Biko, lors d’une conférence animée en 1971, à Cape Town, en Afrique du Sud.
Né le 18 décembre 1946 à Ginsberg (Eastern Cape) et mort le 12 septembre 1977 à Pretoria, il fut un militant noir et l’une des figures de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Ce leader a payé de sa vie son engagement politique.
Comme beaucoup de nos héros des indépendances africaines. Modibo Kéita, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba… Des menaces sérieuses aux intérêts des anciennes puissances colonies rapidement anéantis grâce aux complicités internes.
Plus d’un demi-siècle « d’indépendance », l’Africain n’est toujours pas capable de réfléchir de lui-même, de prendre une décision qui l’engage et qui peut positivement ou négativement influencer sa vie de façon inexorable. Toutes les décisions importantes sur la vie de nos nations sont prises ou influencées de l’extérieur dont nous avons du mal à nous affranchir de la tutelle. Nous demeurons ces complexés socioculturels qui font encore des anciennes puissances colonisatrices les maîtresses de notre destin.
Les grandes universités occidentales ne s’ouvrent visiblement aux nègres que pour les formater davantage, pour faire d’eux des relais puissants du néocolonialisme. Difficile de prétendre diriger un Etat africain sans faire allégeance à une ancienne puissance colonisatrice en lui donnant des garanties concrètes sur la primauté de ses intérêts sur ceux des peuples concernés.
Ceux qui s’échappent à ce formatage mental et politique et tentent de résister en héros de l’émancipation africaine sont vite réduits au silence. Thomas Sankara est en le meilleur exemple pour notre génération, la génération consciente du continent !
Dans notre naïveté de complexés, nous croyons aux stratégies conçues dans les bureaux des capitales occidentales pour notre supposée émergence. Comment un pays peut-il espérer émerger alors que ses politiques de développement sont élaborés à l’extérieur en fonction des intérêts des supposés partenaires ?
La démagogie des table-rondes autour des questions tranchées dans notre dos
Comment des pays peuvent-ils nourrir l’illusion du développement alors qu’ils ne sont même pas souverains de leurs politiques monétaires ? Comment nos dirigeants peuvent-ils dire nourrir l’ambition d’assurer le bien-être de leurs populations alors que les ressources sont exploitées par des multinationales souvent exemptées d’impôts et les richesses financières générées vidées dans des comptes en Occident ?
Malheureusement, nous continuons de suivre aveuglement et bêtement l’Occident au lieu de l’affronter en face pour négocier un vrai partenariat. Les vrais partenaires s’asseyent face à face pour négocier les clauses de leur partenariat selon les intérêts mutuels. Les table-rondes sont des farces parce qu’en réalité nous sommes toujours obligés de nous contenter de ce que les partenaires techniques et financiers nous concèdent, y compris sur nos propres richesses.
D’où nous notre incapacité à assumer nos souveraineté. Cinquante sept (57) ans après notre indépendance, le Mali est encore aujourd’hui dépendant de la France (diplomatie, armées, économie…) dans tous les domaines.
Et pourtant, entre le 22 septembre 1960 et le 19 novembre 1968, le Mali avait trouvé sa propre voie de développement avec une base solide axée sur l’agro-industrie, une monnaie nationale stable, une armée respectée, un système d’éducation performant et un peuple fier de son histoire et de sa culture.
Comment aujourd’hui renouer avec la voie tracée par le regretté Modibo Kéita et ses camarades ? Le plus important à notre avis est de créer une élite africaine pensante, capable de tenir tête aux Occidentaux et d’inverser le rapport de force.
« Nous devons changer la manière dont nous voyons les choses. Nous ne pouvons pas dire que l’Afrique a besoin d’aide. C’est l’Afrique qui aide plutôt le reste du monde », a défendu la star du hip-hop, Akon, dans une récente interview accordée à la BBC. Et cela d’autant plus que « toutes les richesses sont en Afrique… », avait poursuivi la star américaine d’origine sénégalaise.
Ce défi sera difficile à relever tant que les dirigeants maliens, voire africains seront davantage préoccupés par la manière dont ils arrivent au pouvoir que les moyens de répondre aux besoins de leurs populations.
« Vous devez être en mesure de savoir ce qu’il y a de meilleur pour votre population, lui permettre d’être forte et autonome parce qu’un dirigeant est fort quand son peuple est fort », leur conseille Akon, co-fondateur de Konvict Musik.
Nous pouvons guérir tout le mal dont souffrent le Mali et l’Afrique, il suffit surtout d’être responsables et de le vouloir. Et aussi de comprendre qu’on ne vit pas que d’histoire, d’un passé glorieux !
Le mérite, le nôtre, c’est de se battre pour l’enrichir se référant au passé pour écrire de nouvelles places plus riches, plus utiles, donc très glorieuses pour être aussi une référence pour les futures générations !
Moussa Bolly LE REFLET