C’est le Ministre des Affaires étrangères du Tchad, Moussa Faki Mahamat, qui a été, finalement, élu Président de la commission de l’Union Africaine. Il succédera à la Sud-Africaine N’Nkosazana Dlamini-Zuma.
A 56 ans, Moussa Faki Mahamat, Ministre des Affaires étrangères du Tchad depuis 2008, devient le Président de la Commission de l’Union Africaine. Il succédera à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zouma. Il s’est imposé devant des candidatures et non des moindres, dont celle du Sénégalais, le Pr Abdoulaye Bathily. L’échec du Pr Abdoulaye Bathily peine à passer dans son pays. Les titres à la « Une » de nos confrères du jour ne vont pas avec le dos de la cuillère. Ainsi, à la une des quotidiens L’AS et L’OBSERVATEUR, on peut lire les titres suivants : «Le Sénégal trahi par ses faux amis» ; «Le Sénégal poignardé par ses voisins immédiats ». Ces titres en disent long sur le courroux d’une certaine presse envers ceux-là qui sont considérés comme les «faux amis immédiats du Sénégal». Selon un confrère du quotidien national sénégalais, « LE SOLEIL », qui a publié sur sa page Facebook que Bathily n’aurait eu que dix (10 voix) et que des pays de la CEDEAO à savoir la Guinée, le Nigéria, le Niger, le Mali et le Burkina Faso n’auraient pas voté en sa faveur. Mais, il a eu, ensuite, la lucidité d’analyser cet échec en ces termes : «Si cette info se confirme, la défection de ces pays, à l’exception du Nigéria, pourrait s’expliquer. Pour la Guinée, il est de notoriété publique qu’entre Alpha Condé et Macky Sall, ce n’est pas le grand amour. L’épisode de l’épidémie Ebola, la crise gambienne en attestent. En plus, Condé étant déjà choisi comme Président de l’Union Africaine, il va s’en dire que la candidature d’Abdoulaye Bathily était hypothéquée d’avance. Pour le Mali, voter pour le candidat de Déby, ce n’est rien d’autre qu’un retour de l’ascenseur. Et cela se comprend. Le Tchad a engagé et perdu beaucoup d’Hommes dans le conflit au nord Mali. Certes, le Sénégal y est engagé aussi, mais le Tchad est le seul pays, au plus fort du conflit, qui a déployé des troupes au sol pour faire face aux djihadistes. Concernant le Niger, un lourd contentieux oppose Macky Sall et Issoufou à propos de la présidence de la Commission de l’UEMOA que Macky Sall ne veut pas céder au Niger. Et au Burkina, certains ne pardonnent pas toujours à Macky Sall sa médiation lors du coup d’Etat perpétré par le Général Diendéré». Une analyse lucide, claire et dépourvue de toute subjectivité. Mais, d’autres «journalistes» ont d’autres lorgnettes avec lesquelles ils tentent vaille que vaille de faire croire à la population que le Sénégal a été trahi. Au delà de cette analyse de notre confrère qui traite clairement la question et justifie le choix du Mali (reste à confirmer), il faut aussi dire le choix du Président guinéen Alpha Condé pour succéder à Idriss Déby Itno à la Présidence tournante de l’UA ne plaidait pas en faveur du Sénégal et de son candidat. Que le Président de l’UA et celui de la Commission soient de la même zone était difficile dans un contexte où chaque zone tente de positionner ses candidats.
En ce qui nous concerne, le Mali ne saurait jamais être un «mauvais» ou «faux» ami du Sénégal comme tente de le faire croire désespérément une certaine presse. Il faut chercher les causes de l’échec ailleurs que chez ses voisins. D’ailleurs, s’exprimant dans les colonnes du quotidien L’OBSERVATEUR qui accuse les «voisins immédiats» du Sénégal, le Pr Pape Samba N’Diaye indexe les errements de la Diplomatie sénégalaise. Il faut avoir l’humilité de faire son autocritique et en tirer les leçons que de toujours chercher la petite bête à ce qui vous veulent le plus grand bien. Le Mali ne saurait jamais poignarder un pays avec lequel il partage la même devise et avec lequel il fut UN dans le temps. Il n’y a qu’à demander au Professeur Abdoulaye Bathily qui, lors de son passage à Bamako pour sa campagne, a vu toute la sympathie que lui a témoigné ce Peuple de la «Diatiguiya».
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT