Depuis le mois de juin 2017, à l’annonce du projet sur la révision constitutionnelle et de la tenue d’un referendum par le Président Ibrahim Boubacar Keïta, notre pays est ébranlé par un bras de fer entre deux camps ; les partisans du « Oui » et du « Non ».
IBK argumente cette réforme comme la seule issue pour la paix et, pourtant, ses détracteurs rétorquent. Selon eux, ce n’est qu’une stratégie pour asseoir son pouvoir et, par la suite, lui approprier la victoire lors des Présidentielles de 2018. Une controverse qui a mené les partisans du « Non » à former une plateforme intitulée « An Té, A Bana » (on refuse, point barre !). Ce groupement, a organisé, à plusieurs reprises, des manifestations contre ce projet de révision constitutionnelle initié par le Chef de l’Etat. Cela, non seulement à l’Intérieur mais aussi à l’Extérieur du pays. Malgré leur détermination, IBK était plus que jamais résolu à poursuivre son projet.
Face à cette persistance, voulant en découdre, les membres de la plateforme « An Té, A Bana » ont lancé un ultimatum au Président IBK. Au-delà du 18 août 2017, si, toutefois, il campe sur ses positions d’organiser ce référendum, ils se verront le droit d’aller jusqu’à procéder à la désobéissance civile pour atteindre leur objectif.
Vendredi soir, la tension était à son paroxysme quand le Président de la République, dans un flash spécial sur les antennes de l’ORTM, annonça de surseoir au référendum en présence des leaders religieux, des familles fondatrices de Bamako et des leaders de la même plateforme.
On n’était qu’à deux heures d’horloge avant l’expiration de l’ultimatum de « An tè, A banna». On pouvait lire sur le visage tiré du Chef de l’Etat, tristesse et déception. Renoncer à son projet de révision constitutionnelle veut dire accepter son échec, une pilule difficile à avaler pour tout Homme de sa carrure politique.
Aujourd’hui, son panachage «courage et subtilité» a sauvé non seulement son pouvoir mais aussi le Mali.
Courage, parce que, nombreux sont les dirigeants africains qui sont prêts à tout sacrifier uniquement par orgueil. Mais IBK ne l’a pas fait ; car, il a compris que s’il continue à s’accrocher, de toute évidence, cela aurait pu engendrer une déstabilisation politique, institutionnelle et sociale dans le pays ; un pays à terre depuis 2012 et qui se relève péniblement.
Selon un adage «La paix ne reviendra jamais, à moins que vous ayez le courage de lâcher la corde», et ce courage, IBK a su l’avoir en lui.
Subtilité, parce qu’IBK a eu l’intelligence de reculer à temps sans prendre le risque d’être injecté de son fauteuil présidentiel par une foule qui était en pleine effervescence, prête à tout.
Certes, ce dénouement lui a fait perdre ses ambitions ; mais, au moins, il a bien joué. Il a regagné le respect des leaders religieux, des familles fondatrices de Bamako et même une très bonne partie de la population. Ce qui n’est pas insignifiant ; car, ces instigateurs de cette harmonie sont les garants de nos Us et Coutumes. Leur faire comprendre qu’ils sont écoutés par le Président de la République a fait d’IBK l’Homme le plus sage dans cette affaire. Un coup de maître !
Finalement, notre Maliba a gagné et le Président a eu le flair de s’afficher au-dessus de la mêlée.
Neimatou Naillé Coulibaly