Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le calme apparent constaté à la veille du Sommet Afrique-France cache mal la crise sociale qui sévit au Mali. Les maliens fidèles à leur vertu sociétale de « DIATIGUIYA », réserveront un accueil des grands jours aux hôtes pour rendre leur séjour agréable. Ils sortiront massivement comme si de rien n’était pour applaudir François Hollande et ses pairs africains qui atterriront pour la seconde fois en l’espace de 12 ans sur le sol malien pour le 27ème sommet Afrique-France après celui de 2005 sous ATT. Un honneur rarissime qui privilégie le Mali. Aussi, le temps du Sommet sera-t-il un moment de réflexion pour le Président IBK pour élaborer des stratégies afin de proposer des solutions aux nombreux problèmes urgents de l’heure ? IBK sait-il que ce calme est juste le temps du Sommet et que la tempête soufflerait après ? Cinq propositions pour désamorcer la bombe sociale latente.
Le Mali sera sans nul doute au rendez-vous de l’Histoire du 13 au 14 Janvier 2017, parce qu’il accueillera l’Afrique et la France sur son sol. Pendant 48 heures, les Chefs d’Etat et des gouvernements des pays participants au 27ème Sommet Afrique France honoreront le Mali et les maliens par leur présence. En 2 jours, le Président de la République sera ivre de joie, d’honneur et de compliments de la part de ses nombreux pairs venus d’un peu partout à travers le monde. Ce temps d’allégresse et de satisfaction sera de courte durée, car la politique reprendra du poil de la bête ses droits. Les revendications socio catégorielles referont surface.
Pour rappel, ce Sommet se tient dans une atmosphère très lourde marquée par un mécontentement général consécutif à la signature du fameux communiqué conjoint UE- Mali relatif à la réadmission des immigrés maliens en situation irrégulière en Europe. Cette crise loin de connaitre son épilogue ne fait que s’empirer avec l’expulsion de deux maliens de l’Allemagne et l’incarcération d’autres dans des prisons européennes attendant leur réadmission. Pour désamorcer cette bombe et d’autres voici cinq propositions urgentes après le Sommet :
Première proposition, la dissolution du Gouvernement : Pour atténuer la grogne de plus en plus grandissante des couches socioprofessionnelles, il convient au président de la République de remercier ce gouvernement pour essoufflement à satisfaire la demande de plus en plus forte des maliens dans les secteurs vitaux de l’Etat.
Deuxième proposition, la nomination d’un Premier ministre neuf : Le départ de Modibo Keita et de son équipe pendant qu’il est encore temps, ne résoudra certes pas les multiples attentes des maliens, tant elles sont nombreuses et pressantes. Mais, il est fortement conseillé au président IBK de choisir au sein du parti majoritaire à qui ce poste revient démocratiquement de droit ou dans la majorité présidentielle, un nouveau Premier ministre de combat, moins trempé dans le Mig mag affairiste, ayant une forte expérience politique pour revitaliser l’action gouvernementale. Mais s’hasarder à choisir un Premier ministre en dehors du sérail majoritaire serait suicidaire à la veille des prochaines élections de 2018.
Troisième proposition, la composition d’un nouveau gouvernement débarrassé des ministres véreux et incompétents : Le Mali a connu en l’espace de trois ans, trois Premiers ministres et plusieurs remaniements sans aucun toilettage en profondeur. On remanie juste pour la forme, mais ce sont les mêmes qui tournent en rond entre les départements comme si ce pays manquait de cadres compétents. Le choix se fait toujours dans le cercle restreint des amis, parents, soutiens politiques et autres courtisans au détriment du citoyen lambda. Tirant tous les enseignements du passé, le Président de la République doit se débarrasser de tous les caciques qui auront tourné autour de tous les régimes et ne prendre que ceux qui roulent pour le Mali. Il doit aller puiser au sein de la société civile et dans le lot de la classe politique moins embourgeoisé.
Quatrième proposition, la tenue d’une Conférence Nationale bis inclusive : Nous ne cesserons jamais de rappeler au Président la nécessité de la tenue d’une conférence nationale bis inclusive pour débattre de toutes les grandes questions brulantes de l’heure. Face au blocage dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et la crise due à la signature du communiqué conjoint UE-Mali pour la réadmission des immigrés en situation irrégulière en Europe, le salut du Président ne peut venir que de la tenue d’une conférence d’entente nationale.
Cinquième proposition, le renoncement à un second mandat comme son ami Hollande : Si IBK veut sortir par la grande porte de l’Histoire, comme il en est rentré triomphalement, il doit renoncer comme l’a fait Hollande à la surprise générale en France à un second mandat, pour ménager un étant de santé fragile et un bilan en deçà des grands espoirs qu’aura suscité son élection. Dans cette posture, organiser les élections les plus transparentes possibles et passer la main à un successeur. Il doit faire fi des agitations de ses camarades politiques qui, en cas de défaite, seront les premiers à prendre armes et bagages pour débarquer chez le vainqueur. L’exemple du Président ATT, l’abandon d’Alpha Oumar Condé par les siens à la fin de son mandat, illustre bien le comportement de l’homme politique malien qui est toujours du côté du gagnant.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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