Avec le temps et le recul, la situation se décante et s’éclaircit. Nous avons mis huit mois, pour nous voir imposer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. En effet, ils se sont précipités à Alger, en grande pompe, pour participer à des négociations qui n’étaient que de façade, où ils n’étaient que des figurants. Ils étaient là, des ministres de la République, le Haut-Représentant du chef de l’Etat, la société civile. Tous, ignorant les contours du dossier qu’ils étaient supposés défendre. A l’écart, l’Algérie et la France peaufinaient un texte qu’il nous fut demandé d’avaliser. Et nous l’avons avalisé.
Dans la gestion de la crise qui sévit au nord de notre pays, la IIIè République souffre de trois handicaps.
Un : la destruction de l’armée nationale. Elle nous a rendus plus que vulnérables et ne nous a pas permis de réagir de manière appropriée lorsque notre territoire a été envahi en 2012. Aussi, sommes-nous contraints de négocier en position de faiblesse.
Deux : la perception que certains responsables de notre pays, et pas des moindres, ont eu de la rébellion. Ils l’ont légitimée, assimilée à un « combat d’essence démocratique », « un combat pour l’honneur et le développement », « un combat contre la manière de gérer les affaires de notre pays dont tous les Maliens ont souffert ». Magnifiant les rebelles comme des « démocrates en armes », ils sont allés plus loin, reconnaissant : « nous avons soutenu ce combat ». Félonie envers la République ?
Trois : la méconnaissance des contours du dossier de la part de ceux qui ont en charge sa gestion. Aussi fournissent-ils eux-mêmes les arguments allant dans le sens des thèses défendues par les rebelles. Ainsi, dans un document officiel, le « Projet de terme de référence » de la Conférence d’entente nationale, nous lisons, en introduction et à propos du Mali précolonial : « Cependant, une forte unité n’a pu être maintenue à cause des guerres intestines. » C’est là une phrase qui fragilise les assises de la Nation, présentant celle-ci comme une construction inachevée, ce qu’elle est loin d’être pour qui connaît notre histoire.
La force des rebelles est qu’ils savent ce qu’ils veulent, savent l’exprimer avec force, alors que, face aux problèmes, nos gouvernants se grattent la tête attendant qu’on leur dise ce qu’il faut faire. Les rebelles savent ce qu’ils veulent et ont un schéma tout tracé pour l’obtenir, un schéma comportant trois étapes, clairement identifiées en son temps par la IIè République.
D’abord, « sensibiliser l’opinion publique internationale sur la situation du peuple touareg opprimé au Mali » ; ensuite, « affirmer l’identité politico-culturelle des Touaregs et leurs droits de défendre et d’exprimer leurs particularités ethno-culturelles dans le cadre d’une autonomie interne » ; enfin, « à long terme, (…) la création d’un Etat indépendant. »
La première étape est franchie. La deuxième le sera à l’issue de la Conférence d’entente nationale avec la reconnaissance qui va nous être imposée du droit à nommer « Azawad » le Nord Mali.
Cependant, la partition du pays peut être évitée. Il suffit pour cela que l’Etat se ressaisisse pour s’affirmer. Le peuple est prêt, en une telle circonstance, à lui apporter l’appui nécessaire.
LA REDACTION LE SURSAUT |