Le Mali n’a pas pu honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires pour le paiement de ses dettes. À cause des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, le Mali doit plus de 200 milliards de FCFA d’impayés à ses partenaires. C’est ce qu’a révélé le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, dans une interview, cette semaine.
Les sanctions de la CEDEAO affectent sérieusement le Mali. Le ministre de l’Économie et des Finances a expliqué l’impact de ces sanctions sur le pays. “Cette décision a engendré l’indisponibilité des ressources de l’État déposées à la BCEAO’’, a expliqué Alousséni Sanou déplorant le fait que l’État ne puisse plus être en mesure d’honorer ses engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds et ses créanciers.
Ces sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA ne permettent plus au Mali de trouver de liquidité pour rembourser parce qu’il n’y a plus transaction entre le Mali et les autres pays de la sous-région.
Selon le ministre, les échéances à payer non honorées avec les différents créanciers atteindront près de 30 milliards de FCFA. « Elles seront de 175 milliards de FCFA pour les investisseurs, soit un total de 205 milliards de FCFA », précise-t-il.
Fermeture des frontières et baisse des recettes
Même si ces sanctions impactent négativement la vie des populations, le ministre rassure toutefois que les opérations d’injection de liquidité de la BCEAO permettent aux banques maliennes de financer le déficit budgétaire de l’État. Un déficit estimé à mille milliards de FCFA.
Dans cette interview, le ministre de l’Économie Sanou a regretté la fermeture des frontières qui a entraîné une baisse des recettes intérieures. Pour lui, cette situation a causé un manque à gagner de quelques centaines de milliards de FCFA dans les recettes douanières et fiscales. Après environ trois mois, les pertes en termes de recette sont énormes, étant donné qu’une grande partie du territoire échappe au contrôle des autorités.
Notons également qu’après la décision de la CEDEAO de sanctionner le Mali, le 9 janvier lors du sommet extraordinaire à Accra par la fermeture des frontières et le gel des comptes de l’État, en réplique, les autorités ont également annoncé la fermeture des frontières du pays. Une double décision qui a sérieusement eu des conséquences économiques sur le pays.
Face à cette situation, le ministre Sanou propose la mise en œuvre des réformes structurantes afin d’assurer l’indépendance économique du Mali pour le bonheur de tous les Maliens.
Coup dur pour la crédibilité du Mali
Cette situation ne laisse pas indifférents des économistes qui craignent de grosses pertes pour le Mali si aucune solution n’est trouvée. Pour ces économistes, le retard de paiement pourrait toucher la crédibilité du Mali vis-à-vis de ses partenaires. Non seulement le pays est exclu du système de la BCEAO et ne peut rembourser ses dettes vis-à-vis de ses créanciers même s’il le souhaite, mais aussi ne rassure pas les investisseurs.
Selon l’économiste Modibo Mao Macalou, le Mali n’a d’autre alternative que de dialoguer avec la CEDEAO en vue de la levée de l’embargo. Car, dit-il, la solution est maintenant politique et non juridique ‘’Récemment, on a dégradé notre station financière au niveau du marché financier monétaire. Ce qui fait que les investisseurs ne trouvent pas le Mali attrayant. Cela va élever le coût de l’endettement’’, a-t-il laissé entendre.
Bourama KEITA LE COMBAT