Le dernier ‘’départ’’ du gouvernement du Ministre Tiéman Hubert Coulibaly coïncide avec un évènementiel précis : il correspond au 3e anniversaire de l’arrivée aux affaires du Président IBK. Entre temps, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Comment mesure-t-on la générosité d’un pouvoir, il suffit, nous disant le vieux Soumbounou, de regarder un peu au-delà de ses soutiens.
Avec quelques réalisations au compteur, à ce qui semble, par les critiques qu’on entend, ces gouvernements ont été tournés vers le ‘’cabotage’’ depuis 3 ans. La presse s’est réservée le droit d’être ironique ou impertinente. A choisir. Comme nous le disons souvent, il faut remettre la chronique à l’endroit. Un départ dans le dernier gouvernement Modibo Kéïta, un départ précipité fait ombrage… La maréchaussée des soutiens du Président IBK ressemblerait de plus en plus à de nouveaux commissaires politiques. Ils applaudiraient des deux mains. Ceux qui sont contre (le pouvoir) applaudiraient même avec leurs pieds. Leurs critiques étant devenues mécaniques.
Le Philosophe KANT disait qu’il faut limiter la foi dans l’impossible pour laisser place au savoir de la précarité républicaine. Les Maliens ont-ils eu tort de voter avec un bon score le nom d’IBK (comme le dirait l’ancien Président gabonais feu Oumar BONGO) qui apparaissait alors en 2012-2013 comme cet ‘’homme à cheval’’ en qui on voyait plutôt un ‘’conquérant’’ pour les bonnes causes du parler- vrai politique ? Pourtant le portrait d’IBK échappe à la grisaille officielle des portraits de nos ex- présidents. Son parcours des 3 dernières années va nous montrer par quelques incalculables enchainements de hasards, de circonstances et de reflexes, il va se retrouver entrainer dans une spirale. Il a eu des conseillers de principe, son inspirateur, son souffleur même diront certains. Il faut lire toutes de pages où se situe à un moment le tournant de ce premier quinquennat. Nul ne connait ni entend à ce jour le silence de son palais où il évolue.
Une ligne se dessine
Cette saison 3 nous dessine le paradigme d’un pouvoir qui n’est pas celui d’un Machiavel, mais d’un Président tourné vers une forme de modernité à toute épreuve. Le Président IBK cherche à en finir avec une chose : fini le décisionnisme et ses funestes parfums. On dit que lors que le «Mandeka» prend une décision, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il n’emprunterait plus ces majestés d’emprunt comme on le dit. Il s’est pris désormais à célébrer les noces de l’instinct (politique ?) et du droit. Le Président ne tient plus d’avoir une pointure manquée de son droit d’arbitrage du pouvoir. IBK fait sauter un boulon ministériel et ramène tout à côté de lui ; car, c’est lui le ‘’générallicisme’’ des forces armées, au Ministère de la Défense, un de ses soutiens, qui fut son Directeur de campagnes lors de l’élection présidentielle de 2013. Ce faisant, le RPM- dans les deux Ministères concernés que sont la défense et celui des élections- marque son importance dans la forme Etat de l’espace de cette République des 2 ans qu’il reste à couvrir pour la fin de clap du premier mandat. En écoutant le Président de la République revenir sur son propre parcours, l’autre jour, en parlant de ses derniers coups de force et de dés, l’on est en droit d’affirmer qu’il rend une certaine profondeur de perspective et de champ qui nous aidera à penser son prochain défi au-delà de 2018 ( ?).
En attendant qu’on nous donne la liste de tous les pouvoirs contre lesquels l’ironie et le persiflage ne sont pas autorisés dans notre IIIe République. A moins que l’on devienne sélectif.
IBK et le risque de divorce
Beaucoup de personnes sont restées sur le quai. La démarche IBK faite de glissements successifs exaspère ses adversaires et inquiète ses partisans. Le Président navigue-t-il à vue ? Le fils de Tonton Balla Moussa Coulibaly a-t-il été surpris ? Il se trouvait à côté du soleil et à le regarder en face, on perd la vue et on court le risque de se retrouver ‘’grillé’’ par mille feux. Tiéman Hubert Coulibaly avait suscité un intérêt qui l’avait conduit à reprendre les rênes d’un parti, l’UDD, où il avait su capter un courant. Intelligent, talentueux à bien des égards, coupant, tranchant et urticant souvent, Tiéman Hubert Coulibaly avait une ambition vrillée au corps. Il avait enfourché un cheval, cette fois, il trébuche comme un pur-sang sait l’être. La présidence le juge responsable du désordre qui ravage nos postures sécuritaires. Sa fonction lui imposait d’organiser un autre redimensionnement de nos forces armées. Sa posture de Chef du département de tutelle ne lui a pas permis de parer à toutes les manœuvres. Il n’a pas su apprécier cette évidence pour tenter d’emballer le jeu après ce qui nous était arrivé après la promenade djihadiste à BONI. Son patron a vu en lui un partenaire qu’il fallait lâcher. Le spectacle Grand-Guignol qui est donné par les faiblesses d’une maille sécuritaire le condamnait dans cette affaire. Tiéman Hubert Coulibaly gardera sur lui cette marque. Pour le Président IBK, seul un nouveau Ministre aux affaires de l’armée pouvait effacer cette ardoise cauchemardesque depuis Nampala… La leçon vaut pour une certaine manière de faire de la politique…
KONE : LE COMBAT