L’affaire SANOGO est digne d’un scenario hollywoodien ! Au moment où s’ouvrira le procès de Sikasso, nous serons nombreux à penser que nous sommes enfin en route pour écouter des vérités et que, dans cette voie, les justiciables maliens cheminent d’un bon pas et enregistraient même de progrès.
Allons-nous déchanter ? N’attendons pas de voir pour se demander si les procès du genre tenus chez nous ont-ils été ou pas transparents et de belle facture ? Un procès propre et honnête ? Le verdict qui tombera au bout désignera-t-il les coupables que les justiciables ont voulu ou bien ce procès marquera-t-il des irrégularités ? Les Africains doivent avoir confiance en la justice. Le droit doit être dit, tendra-t-il à devenir la règle ? Si l’on n’y prend pas garde, l’on en viendra à parler ‘’de procès à l’africaine’’.
En tout état de cause, un des bons mots du vieux SOUMBOUNOU nous enseigne ceci: «La vérité est comme une pellicule. Il développe dans le noir». Ces assises en transport ouvertes depuis hier à Sikasso auront, donc, de l’allure. On parle généralement de marigot politique mais rarement de marigot judiciaire. Et, pourtant, ce procès qui s’ouvre sera un pavé dans la mare. Le procès intenté contre ‘’GMT’’ ne s’est pas tenu dans les mêmes mailles de cotes que le procès d’un autre Général SANOGO. Avant que le destin de l’un rattrape celui de l’autre, la route est longue. Leur force est aussi ce qui fait leur fragilité: concentrant les pouvoirs, ils furent l’incarnation de conflits d’intérêts à charge pour eux de nous démontrer le contraire. Un détail peut en cacher un autre. D’abord, le Général SANOGO qui n’a pas encore perdu de son grade peut adopter aussi la stratégie du moindre mot, laissant aux autres le soin de se déchirer puisqu’il a désormais pour lui… le temps des caméras et micros de l’actualité. Khalil Gibran a dit : «Tu ne vois que ton ombre lorsque tu tournes le dos au soleil ». Seulement voilà, il y a un autre détail dont on fait les gorges chaudes: il s’agirait d’un problème de séquençage de films, propos et sans pris dans le cadre d’un entretien de tiers avec le Chef de la junte de l’époque à Kati. Amadou Haya SANOGO aurait enregistré secrètement tout ce beau monde venu lui offrir le soutien sinon les offrandes du moment, en ces temps où on se bousculait au portillon. Moment propre de notre Histoire immédiate.
Une sorte de ‘’Je te tiens, tu me tiens par la barbichette’’
Jusqu’où ira l’affaire du procès de SANOGO et de ses complices ? C’est un dernier épisode qui s’ouvre sur un vieux contentieux de coup d’Etat militaire au Mali. Une affaire d’Etat commence-t-il ? Le Général SANOGO ne sera pas un homme à verser dans la complaisance. Il a caractère indépendant, n’a pas vocation à être opposant, mais s’il se sent trahi, il sait se défendre.
Les bons procès ne font pas forcément les bons amis !
Nous avons affaire à une tragédie malienne centrée sur les témoignages des années de pouvoir militaire, le long combat des familles des victimes bérets rouges pour obtenir justice. Le procès devra prendre soin de ne pas verser dans le misérabilisme ou l’émotion à bon marché. Il faut voir la partie civile si elle saura garder une dignité impressionnante sans ménager leur peine et sans jamais renoncer devant les difficultés. Il y aura désormais un moyen de construire un récit autour de la parole des victimes, celle qui importait. Le problème de toutes les tragédies, c’est qu’elles se ressemblent quand elles abordent la question des bourreaux. Cela n’a rien de personnel, mais va-t-on dire que cette opération ‘’procédurale’’ est-elle une ‘’opération mains propres’’ voulue par le chef de l’Etat actuel ? Serait-ce un ‘’accoudoir’’ ou un tremplin pour l’officier supérieur SANOGO ? Sympathisants ou ennemis, chacun s’accorde à lui reconnaître une intelligence de ce moment pour ce soldat de réseaux… A chacun d’eux, on peut imaginer qu’il pouvait promettre de multiplier l’épargne. Voilà comment il siphonnait les ralliements. Le Général SANOGO est cet homme, cependant, tout en froideur et en malice. Il faudra allier la tête et les muscles pour défendre ce Général jusqu’au bout… Car, le respect des Droits de l’Homme n’ont pas été sa priorité.
KONE : LE COMBAT