C’est ainsi que ces milices dont les membres sont parmi les rares personnes autorisées à circuler en motos dans la région de Mopti ont organisé un système bien huilé pour soutirer de l’argent aux gens. A en croire des ressortissants du Pays Dogon, des Peuls pour la plupart, des villages de la zone sont soumis à un tribut payé aux milices contre leur protection.
Les tueurs sauvages dont la « Malianité » a été mise en doute par le président IBK lors de son discours le 26 mars s’emparent de tout ce qu’ils peuvent emporter comme butin de guerre. L’un des aspects les moins évoqués de la violence entre les Peuls et les Dogons est l’existence d’une économie de guerre. Les milices ne font pas que tuer aveuglement, elles exploitent aussi la population locale, selon certains défenseurs des droits de l’homme.
Le tribut est utilisé par les milices pour financer en partie leurs activités dont le recrutement de jeunes combattants issus de divers horizons. L’autre partie de leurs gain provient de l’enlèvement des biens des Peuls qu’ils parviennent à abattre.
Selon A. Barry, un déplacé Peul, ce système d’exploitation va au-delà des cercles de Koro et de Bandiagara où les milices font le plus souvent parler d’elles avec des attaques contre les communautés Peul. «Ça existe dans certaines parties de la région de Ségou ; je connais des villages Bambara qui ont refusé de payer pour être protégés », raconte-t-il.
Les animaux et certains biens des Peuls sont principalement ciblés par les milices qui cherchent à s’enrichir, selon des Peuls ayant fui le Pays Dogon. Des centaines de têtes de bétail sont emportées par les milices lors des attaques contre les villages peuls depuis le début des conflits entre les principales communautés du Pays Dogon, spécialement dans les cercles de Koro et de Bankass.
Pour la jeunesse Tabitaal Pulaku, il s’agit d’un conflit pour contrôler les ressources naturelles dans les villages touchés par la violence intercommunautaire. Que ce soit dans la plupart des villages situés dans la plaine du Seno ou dans d’autres localités où cohabitent Peul et Dogon, le contrôle des ressources naturelles est un vieux facteur de tension que le terrorisme est venu accentuer ces dernières années.
Dougoufana Kéita LA SIRENE
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