Le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, est à pied d’œuvre depuis un certain temps pour échanger avec les acteurs politiques et ceux de la société civile afin d’avoir un large consensus sur son projet de redécoupage territorial. Si les leaders de la société civile semblent être d’accord avec des réserves, ceux des partis politiques sont opposés, et sur la forme et sur le fond. S’achemine-t-on vers un nouveau front de refus à l’image d’Antè A Bana ?
Il n’est un secret pour personne que la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation exige des réformes profondes tant sur le plan institutionnel que territorial. En effet, c’est pour mettre en application certaines recommandations que le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation a initié ce projet en solo sans au préalable faire une large concertation. Aujourd’hui, acculé par la communauté internationale et buté par le refus d’une frange importante de la population malienne, le redécoupage territorial semble avoir du plomb dans l’aile. Et comme l’opposition au projet de révision constitutionnelle initié par IBK, le redécoupage territorial risque de connaitre le même sort. Ce rejet ne sera pas dû à la non pertinence du projet, mais parce qu’en amont, il n’a pas fait l’objet de concertations inclusives. A cela s’ajoute, son format actuel qui ne répond nullement aux aspirations profondes des citoyens. De l’avis de Maître Mountaga Tall, Président du CNID Faso Yiriwa Ton, les villages, communes, Arrondissements, Cercles et Régions constituent l’architecture administrative du Mali, chapeautée par l’Etat central. Selon Maître Tall, la régionalisation et la décentralisation sont certes des nécessités, mais débuter les débats sur le découpage territorial par le niveau régional, c’est vouloir édifier un bâtiment de six étages en commençant par le 5ième sans soubassement ni rez-de-chaussée. Pour le Président du CNID et ancien ministre, cet ouvrage s’écroulera avec des conséquences incalculables pour le Mali et notre cohésion sociale. Il pense que les délais sont extrêmement courts et ne permettent ni organisation rationnelle, ni débats de fonds. Le Président du parti du soleil levant de s’interroger pourquoi une telle course contre la montre ? Et pourquoi détruire le tissu social déjà fragilisé ?
Mountaga Tall n’est pas le seul à s’indigner. Le projet de redécoupage territorial a provoqué une véritable levée de boucliers dans toutes les régions du Mali. Si certains crient au favoritisme, au sectarisme et au communautarisme, d’autres pensent être lésés.
La balle est encore et toujours dans le camp du Président de la République en tant que garant de la cohésion sociale, de l’intégrité territoriale et de la Constitution.
Youssouf Sissoko INFO SEPT
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