Décidément, la République du Mali est en danger. Le pays coule, malheureusement, le Premier Citoyen ne semble pas avoir la même appréciation des choses. Au moment où le pays, tout entier brûle, le Président de la République ne pense qu’à distribuer les postes comme des sucettes pour sauver son siège. Après l’Imam Dicko, c’est aux députés spoliés par la Cour Constitutionnelle de se voir promettre le paradis utopique.
Koulouba dispose-t-il de conseillers ? Sont-ils consultés par le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, avant toute décision de sa part? Sont aujourd’hui les questions que beaucoup se posent depuis hier, 8 juillet 2020.
Dans le cadre de la décrispation du climat sociopolitique sous haute tension depuis le début du mois de juin, le Président IBK multiplie les consultations et les rencontres avec les différents acteurs impliqués dans cette crise. C’est ainsi qu’il a rencontré les députés spoliés lors des dernières élections législatives par la Cour Constitutionnelle au Palis de la présidence à Koulouba, le mardi 7 juillet 2020. Cette rencontre qui visait à échanger avec les députés dont la victoire a été volée pour échanger avec eux afin de proposer une piste de sortie de crise malheureusement s’est soldée par un cuisant échec. Pour cause, le président de la République, en bon démocrate, au lieu de proposer une solution dont l’habillage corresponde à une réponse démocratique, à juger utile, comme il sait bien le faire de promettre à nos malheureux députés victimes de sa mauvaise gouvernance des postes au sein du Sénat inexistant. Un fait réfléchi ou non, beaucoup s’interrogent sur la gravité d’une telle proposition.
Pour certains observateurs, cette proposition faite aux députés spoliés par la Cour Constitutionnelle acquise à sa cause a démontré à la face du monde une preuve la plus patente que le Président IBK reconnait de manière officielle le tripatouillage des élections par Dame Manassa et Cie.
C’est aberrant de comprendre qu’on puisse promettre des postes, et encore grave pour un président de la République qui promet des places à un Sénat virtuel. Puisqu’IBK ne pourra pas dans les conditions telles que le pays se trouve aujourd’hui, tenter une telle aventure. Rappelons-nous du collectif Antè Abana qui a barré la route à IBK pour une modification constitutionnelle. D’ailleurs, pour la mise en place d’un Sénat, cela passe forcément par un référendum. Alors que dans le contexte actuel, il s’avère qu’IBK n’a pas le dernier mot pour prétendre imprimer sa volonté dans sa république. Si ce n’est pas dans sa “république des impossibles“, comment peut-on remplacer la voix du peuple ?
Disons que l’homme n’est pas à son premier acte et il est en fait coutumier du fait. Avant les députés spoliés, il venait juste de promettre au cours du week-end des postes ministériels à l’imam Mahmoud Dicko. Ce dernier à sa sortie d’audience, l’avait donné une leçon de vie en ces termes : « J’ai rencontré le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA (IBK) dès son retour de Nouakchott. IBK m’a demandé d’abandonner la lutte, de quitter le M5-RFP. Et il m’a proposé des départements ministériels et autres privilèges.
J’ai refusé en lui disant qu’il ne s’agit pas d’une question de départements ministériels ou de privilèges. Je ne suis ni intéressé par des postes ministériels ni de privilèges : je resterai Imam. Il s’agit de la vie de la Nation, il s’agit du Mali. IBK m’a dit que c’est par estime pour moi (Imam) qu’il n’a pas encore formé son Gouvernement et non parce que le M5-RFP fait des manifestations », a-t-il dévoilé chez la famille fondatrice de Bamako.
Pour son ancien ministre Moussa Mara, ce dernier a mentionné sur sa page Facebook: « le Président IBK promet à des députés élus et battus par la Cour Constitutionnelle de les nommer comme sénateurs : cela ne satisfait ni les intéressés ni les suggestions de la CEDEAO et encore moins les revendications du M5 RFP. Le Chef de l’état doit faire face aux problèmes avec des vraies solutions et éviter de vouloir les contourner avec des demi-promesses ».
Au regard de l’attitude du président de la République dans la gestion de cette crise, on n’est pas loin de considérer que notre pays est une république bananière où toutes les décisions les plus incongrues et les plus irréfléchies semblent avoir droit de cité. C’est pourquoi certains n’ont pas tardé à dire que cette décision du président n’est qu’une comédie sous les tropiques. Mais combien de temps IBK continuera-t-il à flouer les Maliens ?
Bourama Kéïta