Le bilan biologique reste de nos jours le seul moyen par lequel les personnes infectées peuvent contrôler efficacement leur état de santé et aussi prendre des dispositions idoines sur recommandation du médecin traitant si nécessaire. Entièrement financé par les partenaires techniques et financiers du Mali, le bilan biologique est de plus en plus difficile d’accès pour les porteurs du VIH-Sida dans les structures publiques maliennes. Pourtant, il est toujours disponible dans les cliniques privées même si ces dernières ne font jamais de commande de réactifs. Face à la gravité de la situation, les pauvres malades qui se sentent trahis manifestent leur mécontentement.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, certains malades du Sida se demandent finalement si la gratuité des traitements ne serait-t-elle pas tout simplement qu’une intox pour flatter l’orgueil des bailleurs de fonds. Selon eux, la prise en charge du VIH n’est pas totalement gratuite, car le bilan biologique n’est quasiment disponible que dans les cliniques privées, nonobstant l’importante somme d’argent déboursée par les partenaires maliens de la lutte contre la pandémie.
Selon un séropositif sous couvert d’anonymat, « chaque fois que nous nous rendons dans les structures publiques pour effectuer le bilan biologique, on nous fait tourner en rond. Tantôt les appareils sont en panne, tantôt les réactifs sont en rupture parfois encore c’est l’onduleur qui ne marche pas. Le comble est que souvent c’est la rallonge qui est en panne », a-t-il affirmé. Et de dire que certains séropositifs quittent leur région par peur de la stigmatisation pour venir faire le bilan biologique à Bamako. « Ces derniers sont souvent obligés d’attendre plusieurs semaines pour avoir leur bilan. Sans quoi, ils doivent se rendre dans les cliniques et payer une forte somme d’argent. Or, cela n’est pas à la portée de tous», a-t-il ajouté.
À en croire notre informateur, les cliniques ne font jamais de commande de réactifs pour le traitement du VIH-Sida. Pourtant, elles sont régulièrement dotées. Selon lui, cela prouve qu’il y a des personnes malintentionnées qui détournent les réactifs destinés aux pauvres sidéens au profit des riches qui fréquentent les cliniques. En guise de conclusion, il dira que les sites communautaires valent beaucoup mieux que les structures publiques.
À la suite de ce premier intervenant, un autre sidéen a pris la parole pour saluer les autorités maliennes au nom de toutes les personnes vivant avec le VIH pour les efforts consentis. Toutefois, il souhaiterait que les autorités prennent en charge au moins 15 % du budget annuel dédié à la lutte contre le VIH.
Selon lui, cela amoindrirait les souffrances des personnes vivant avec le VIH. À titre d’exemple, il dira que l’État du Gabon prend en charge les sidéens à 75 % tandis que la Côte d’Ivoire met la main à la poche à hauteur de 60 %. Le Mali ne prend les sidéens en charge qu’à hauteur de 10 %.
Pour terminer, il dira que les acteurs de la prise en charge du VIH doivent être mieux valorisés.
KANTAO Drissa LE CONFIDENT