Nous voilà aujourd’hui face à la plus nette conclusion : IBK s’est bel et bien « foutu » des Maliens. L’homme, en vérité, ne s’est littéralement attelé qu’à produire l’exact contraire de tout ce qui était légitimement attendu de lui. Et ce, en mettant chaque fois en avant un argumentaire dont la vacuité intellectuelle et morale n’a d’égale que l’effarante incompétence qui caractérise le régime. Par conséquent, les actuels tenants de l’appareil public ne sont point sans savoir qu’ils sont désormais attendus de pied ferme au terminus de 2018, date à laquelle les Maliens sont plus que jamais impatients de les chasser du pouvoir après tant d’espoirs déçus. Tout porte donc à croire dorénavant que le président IBK ferait mieux de ne plus rêver à un second quinquennat !
Personne, sauf les plus avisés, n’avait cru que le Mali tomberait aussi bas sous le règne de celui qui a toujours adoré se faire appeler « Kankélétigui » (l’homme de parole et d’honneur, en bambara). Le peuple malien, en l’élisant à la tête du pays, ambitionnait tout d’abord de sauvegarder le peu de dignité qui lui restait et réussir ensuite à asseoir une certaine respectabilité de l’Etat aux yeux des autres nations.
Cependant, non seulement, la situation actuelle du pays est pire qu’en 2013, mais aussi, le « Kanfilatigui » (l’homme au double langage), n’ayant manifestement aucun plan de sortie de crise, s’est politiquement mis à pied d’œuvre en vue d’arracher un second mandat présidentiel plutôt que d’avoir l’humilité de reconnaître son incapacité à conduire le Mali là où il le fallait et se retirer humblement du pouvoir. Ce qui lui permettrait d’en sortir grand. Hélas, c’est royalement ignorer la boulimie du pouvoir d’un homme comme IBK !
Un président dissipateur et dilapidateur
Pour en venir aux faits à proprement parler, lorsqu’il a, en effet, été demandé une gestion transparente et parcimonieuse des deniers publics, ils n’ont fini que par nous servir un gouvernement pléthorique et budgétivore ouvrant la voie à une succession grossière de scandales financiers jamais constatés dans la vie de l’Etat. Le président élu sur fond d’une extraordinaire confiance n’a fait que se livrer aux prodigalités les plus folles teintées d’un goût démesuré pour la bougeotte.
Ensuite, quand les Maliens ont exigé la méritocratie et « Le Mali d’Abord », le régime n’a su que leur servir « La Famille d’Abord », couplée à une gérontocratie réactionnaire n’hésitant pas à « faire la guerre » à tous ceux dont le sang neuf pourrait constituer une force novatrice susceptible de faire bouger les choses.
Aux besoins liés à la sécurité alimentaire, les Maliens se sont plutôt vus servir une sous-alimentation aggravée prenant appui sur une politique agricole aussi fantaisiste que fallacieuse et une inondation du marché local par des denrées importées, dont certaines empoissonnées.
Quant à la sécurité physique, les quatre ans qu’Ibrahim Boubacar Kéita a passés à la tête du pays, sont restés incontestablement dominés par un « Far-West » et son corollaire de psychose généralisée avec, à sa base, un nombre incalculable de victimes.
En réponse à une éducation de qualité, nous nous sommes retrouvés avec une école de brigands, dirigée par des maltôtiers sans scrupule et des prévaricateurs affamés. Une institution sociale grossièrement politisée à des fins électoralistes par un régime visiblement arrivé à sa dernière révérence.
Accord d’Alger : l’à-plat-ventrisme le plus humiliant de l’Etat malien
Les Maliens s’étaient montrés intransigeants sur l’exercice de la souveraineté politique et institutionnelle de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. Et le régime, dans sa suicidaire impuissance, nous a servis un Etat faiblard avec des institutions moribondes. Ce qui fut notamment matérialisé par la signature d’un document (accord d’Alger) incarnant l’à-plat-ventrisme le plus humiliant pour le Mali depuis l’accession du pays à l’indépendance.
L’accord pour la paix et la réconciliation nationale est un texte foncièrement diviseur, d’une dangerosité si rare que le contenu n’a jamais été clairement expliqué en langues vernaculaires à l’écrasante majorité des compatriotes. Par ailleurs, lorsque nous avons réclamé l’égalité des chances, nous fûmes énormément surpris de nous retrouver face à un élan de favoritisme fieffé et de népotisme à outrance conduisant inévitablement à une exacerbation des disparités sociales.
A ce propos, les « super institutions » que sont la famille présidentielle et le bureau politique national du parti pouvoir (RPM) ont durant tout ce temps gardé une main de fer sur les rouages du pouvoir à l’image d’un patrimoine dont elles peuvent disposer selon leur bon vouloir.
En outre, lorsque les Maliens ont exigé une institution militaire solide et efficace à la dimension d’une véritable défense nationale, ce régime incroyablement pathétique et ses concussionnaires de premier ordre se sont plutôt présentés avec une armée quotidiennement massacrée par l’ennemi et qui n’hésite point à prendre la poudre d’escampette, car, non seulement, mal formée et mal équipée, mais ne croyant quasiment plus en ce pour quoi elle est censée se battre. Une armée dont les meilleurs soldats ne sont sélectionnés et surentraînés que pour protéger les barons du régime au mépris de la sécurité publique.
Mensonge d’Etat sur l’emploi des jeunes
Plutôt que de mettre en place une politique d’emploi digne de ce nom en vue de lutter efficacement contre le chômage dont les conséquences sociales sont parfois d’une cruauté sans nom, une vaste campagne de démolition de micro-entreprises à travers les opérations de déguerpissements urbains pilotées par le gouverneur du district Amy Kane, sera enclenchée par le gouvernement, lequel occasionnera automatiquement une nouvelle hausse du taux de chômeurs.
L’immigration ou la recherche de l’Eldorado est de plus en plus vue par la jeunesse comme le meilleur tremplin social afin de mieux se soustraire à une vie d’enfer imposée par un système profondément inhumain.
Aussi, le gouvernement n’a pas hésité à étaler un mensonge des plus irrévérencieux à propos de 200 000 emplois prétendument offerts aux jeunes. Un comportement lâche et immoral qui n’a pas manqué de provoquer la colère d’une jeunesse qui, de plus en plus, devient pour le régime, une cible à abattre.
La criminalité à grande échelle et le désespoir poussant des milliers de bras valides à se jeter sur les eaux anthropophagiques de la Méditerranée ne sont autres que le résultat de la traitrise politicienne d’une élite mafieuse.
Sur un tout autre plan, au regard de la croisade vigoureusement annoncée par IBK contre la corruption et l’impunité aux premières heures de son installation à Koulouba, les Maliens s’attendaient franchement à une justice indépendante, équitable et responsable. Mais, au fil du temps, nous avons fini par nous retrouver avec une justice à géométrie variable.
Une institution d’Etat qui n’a essentiellement eu pour vocation que d’opprimer ou marginaliser des dignes fils de la nation, au profit d’abominables criminels et autres vagabonds de la République, tout en les inondant d’honneurs et privilèges.
Notre Justice est incapable de juger les auteurs des massacres perpétrés contre les soldats de l’armée malienne ou punir les responsables de différentes malversations financières de haute envergure (surfacturation de l’avion présidentiel, surfacturation de matériels militaires, achat d’engrais frelatés, surfacturation de tracteurs, surfacturation des travaux de bitumage, etc.) et qui ne sont autres que des proches du président de la République, mais elle est toujours bien outillée quand il s’agit d’écraser d’honnêtes citoyens, ceux-là qui n’ont juré que par la patrie. La gestion arbitraire et mensongère du procès de l’ex-chef de la junte, le général Amadou Haya Sanogo, coûtera également très cher au président IBK.
Intimidations, tortures et assassinats de journalistes
Jamais la liberté d’expression n’a été autant menacée au Mali depuis l’avènement du pluralisme politique après l’insurrection populaire de mars 1991. Le pouvoir en place n’a apparemment pas fini de démontrer à quel point il est allergique à la dénonciation. Les journalistes et autres acteurs de médias privés ayant clairement manifesté leur refus de se laisser corrompre par un régime frauduleux, dorment aujourd’hui d’un seul œil.
Presque tous les organes de la Sécurité d’Etat ont été mobilisés pour intimider, à foison, tous ceux dont l’influence médiatique constitue une menace pour la crédibilité du régime. Certains rédacteurs ont même carrément cessé de se rendre à des lieux de reportage au risque de se faire poignarder ou séquestrer par des inconnus à la solde de Koulouba. Le cas du journaliste Birama Touré, disparu depuis maintenant 2 ans, illustre à suffisance, la nature fascisante et les excès anti-démocratiques du régime qui nous gouverne.
Si, en effet, la mort dudit journaliste se confirme, il reste bien clair qu’IBK et ses suppôts l’auront, à jamais, sur leur conscience et n’auront point de paix tant que toute la lumière ne sera pas faite sur une affaire dont le silence inadmissible du gouvernement en dit déjà long sur sa part de responsabilité.
Mais, heureusement, nous avons très récemment acquis la certitude que les Maliens, dans toutes leurs composantes, restent désormais débout pour que toute la vérité soit enfin dite sur cette affaire qui n’a que trop duré. Ce qui explique bien la colère et le dégoût des Maliens vis-à-vis de cette nouvelle race de dirigeants.
Réforme de la trahison et insulte aux martyrs de la démocratie
La démocratie étant un processus évolutif et ascensionnel, les Maliens avaient fondé beaucoup d’espoirs (avec l’accession d’Ibrahim Boubacar Kéita à la magistrature suprême) sur des réformes démocratiques en profondeur. Un processus de réaménagement de notre Loi fondamentale qui donnerait une meilleure vitalité à notre démocratie, renforçant par-là même, l’exemplarité politique et institutionnelle de l’Etat dans la gestion des affaires publiques.
Cependant, IBK, ayant royalement sous-estimé l’intelligence de son peuple, s’est amplement offert le luxe d’un projet de loi constitutionnelle qui lui confère des pouvoirs exceptionnels et lui garantit inéluctablement un second quinquennat.
Un document à forte connotation dynastique scientifiquement élaboré par un expert étranger et qui n’avait pour essence que d’assurer à IBK et son clan, l’éternité au pouvoir. Ainsi, dans le cadre du passage en force d’un texte absolument illégal, la réponse du régime au « Non » catégorique du peuple, n’avait été qu’invectives, mépris et arrogance jusqu’au jour où le pouvoir s’est enfin décidé de voir la réalité en face et accepter d’entendre la voix d’un peuple à qui il voulait, à tout prix, arracher la souveraineté démocratique. Et ce, uniquement après avoir vu venir sa propre chute.
Voici fondamentalement ce pour quoi, le président IBK, élu en 2013 à plus de 77 % des suffrages exprimés, n’est malheureusement plus sur le point de se voir accorder un deuxième mandat par le même électorat après s’être intelligemment servi de la naïveté du Malien aux seules fins de ne réaliser que ses propres fantasmes.
L’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita à la tête du Mali n’aura donc été qu’un douloureux échec. C’est en cela que chacun et tous se sont définitivement rendu compte que le bonheur des Maliens ne figurait qu’en dernière ligne du programme d’IBK et, de surcroît, en caractères invisibles. L’homme sait donc mieux que quiconque ce qui l’attend !
Dilika Touré LA SIRENE