2018, c’est demain. Les acteurs politiques le savent mieux que quiconque. Déjà, ils affûtent les armes. Ils multiplient les tournées et les descentes sur le terrain. Du côté de la majorité présidentielle comme de l’opposition, l’objectif Koulouba prend le pas sur l’unité qui, elle, semble de façade.
Un parti c’est pour aller à la conquête du pouvoir. Cette réalité et cette vocation de chaque formation ou acteur politique met aujourd’hui à rude épreuve les alliances au sein de la majorité et de l’opposition. Au nombre de 63 que totalise la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP), les partis politiques peinent à imposer la vision du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et à défendre son bilan. Ils sont rares, ceux qui mouillent sérieusement le maillot. Le Président de la République a, à plusieurs reprises, été obligé de descendre dans l’arène. IBK s’en est plain de façon ouverte de cette majorité amorphe. Mais, toujours en vain. Bocary Tréta en a fait autant. C’est à se demander même à quoi servent ces partis au sein de la CMP? D’ores et déjà, deux ou trois d’entre eux (l’ADP-Maliba et l’APDEM) ont quitté la majorité.
Dans le contexte malien, les alliances sont très souvent de circonstance. Il y en a qui sont, comme dirait l’autre, « de contre nature ». Avec de telles alliances, il ne faut pas s’attendre à grand-chose. Car, le but premier de la plus part de ces partis est de bénéficier de postes ministériels, de Directions nationales, etc. C’est-à-dire participer au partage du gâteau. La CMP n’y échappe malheureusement pas à la règle éhontée. C’est vrai que parmi les 63 partis politiques qui la composent, aujourd’hui tous les 61 ne sont que très peu en vue et donc capables de sensibiliser et de mobiliser pour la cause du régime. Les quelques rares qui en sont capables voient déjà midi à leur porte. 2018 c’est demain. La vocation d’un parti étant la conquête du pouvoir, pourquoi alors venter les mérites d’un parti « adverse » pour qu’il se coiffe au poteau l’élection venue ? Avec une telle logique, on comprend aisément pourquoi les partis, en prélude à 2018, ne veulent pas « vendre » le produit RPM et préfèrent consacrer leurs efforts pour mobiliser leurs bases et affronter le RPM. Ça s’appelle être avec toi à moitié. Les récentes tournées de l’ADEMA-PASJ, de l’ASMA-CFP et d’autres partis pour mobiliser leurs troupes en sont une preuve suffisante. Ces partis se retrouvent être conforter dans leur posture, quand ils voient le parti présidentiel faire des tournées à l’intérieur du pays aux allures de campagnes électorales. De Sikasso à Ségou, en attendant Koulikoro et Kayes, le Président de la République (après avoir passé plus de deux ans à Koulouba sans se rendre à l’intérieur du pays), a choisi un moment non anodin pour le faire. En voyant les inaugurations, les poses de premières pierres et les promesses faites par le Président IBK, on ne peut s’empêcher de dire qu’il est en campagne et avec les gros moyens. Lui qui a décidé de visiter toutes les Régions du Mali, ne finira, certainement, avec ces tournées qu’en 2017 prochain, juste à moins d’une année avant l’élection présidentielle. Autant dire qu’il aura pris une sacrée avance sur ses adversaires. Ces campagnes voilées avant l’heure ne permettent pas à la majorité de jouer son rôle de bouclier du régime.
Quid de l’opposition?
Dans cette course pour Koulouba, l’opposition n’est pas en reste. Dans ces rangs, elle a un certain URD, qui fut deuxième à la présidentielle passée et qui espère que 2018 sera la bonne. C’est le Leader de ce parti qui est d’ailleurs le Chef de file de cette opposition. Et son Président, Soumaïla Cissé, jadis connu pour ses propos mesurés, attaque désormais très dur. Il a tout l’intérêt à se faire entendre; car, au sein de cette opposition, il y a un autre qui crie à l’heure actuelle plus fort que lui, il s’agit du Président du PARENA, Tiébilé Dramé. Celui qui s’était désisté à la dernière élection présidentielle est en train de se faire une certaine popularité par ses dénonciations et ses nombreuses initiatives. Le scandale des équipements militaires, de l’avion présidentiel, des engrais frelatés, des 1000 tracteurs, etc. ont tous été soulevé par le PARENA. Sa connaissance parfaite des questions du Nord et le grand intérêt qu’il y accorde ont fini par faire de Tiébilé Dramé la tête de proue de cette opposition.
Le troisième ténor est l’ancien Premier Ministre d’ATT, le Leader des FARE, Modibo Sidibé. Même s’il est moins visible dans l’espace public, il a une stratégie politique de proximité qui peut s’avérer payante à la dernière minute. Depuis un bout de temps, Modibo Sidibé participe à des rencontres avec des jeunes, des femmes et des sages dans presque tous les quartiers de Bamako. Temps pour lui d’accorder de soirées pour échanger sur sa vision et ses ambitions pour le Mali.
La cohésion qui fait défaut à la majorité présidentielle n’est pas non plus la chose la mieux partagée au sein de l’opposition. Mais, la critique faisant plus de bruits et étant plus accrocheur, on a tendance à croire à une opposition unie avec les mêmes ambitions. Tant que les leaders des partis politiques croiront qu’ils sont présidentiables, il faut oublier les alliances sincères; sauf celles venant des partis n’ayant rien à gagner encore moins à perdre. Car, il en existe beaucoup au Mali.
Mohamed Dagnoko: LE COMBAT