Une semaine après sa nomination et sa prise effective de service, le Premier Ministre, Dr Choguel Kokala Maïga, a prononcé son premier discours devant les membres du gouvernement, dans lequel il dévoile les grands chantiers pour la refondation du Mali. Il a évoqué, entre autres, la tenue des Assises nationales de la refondation du Mali, qui prendront en charge le processus de concertation. « Le gouvernement s’attachera aussi à obtenir une trêve globale (politique, syndicale, sociale) afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité et de confiance mutuelle », a-t-il promis, avant d’annoncer qu’il sera mis en place un organe unique pour l’organisation des élections au Mali.
Il a exprimé sa reconnaissance au président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta qui a bien voulu lui confier la “lourde, mais exaltante mission’’ à ce tournant important de la vie de la Nation en le nommant Premier Ministre.
Choguel a tenu un discours direct à ses ministres “femmes et hommes appelés à m’assister dans l’exercice des hautes fonctions. Tout en les félicitant, le Premier Ministre a rappelé que ce choix survenait à “une période des plus critiques de notre histoire contemporaine’’.
“Être ministre, c’est être un serviteur de l’État, en tous lieux, en tous instants. La confiance placée en lui n’est pas un blanc-seing, parce que la confiance se mérite chaque jour et à chaque instant’’, a-t-il clairement indiqué, en évoquant la souffrance des compatriotes dont l’attente est “grande’’.
“Beaucoup d’espoirs sont fondés sur nous. Nous ne devons pas les décevoir’’, a-t-il rappelé à ses ministres.
Malgré les critiques du peuple, Choguel estime qu’il revient à lui et à son gouvernement de “dissiper leurs réserves, leurs interrogations, de conforter l’espoir et d’obtenir l’adhésion de la grande majorité des Maliens’’, ceci grâce à “une gouvernance de rupture et d’exemplarité’’.
Toutefois, cela ne sera possible qu’en mettant “fin à des pratiques qui ont fini par justifier la défiance des populations, vis-à-vis de l’État, pour fonder notre action sur la pratique de la vertu’’, dit-il.
Conscient du temps imparti, il promet d’axer ses efforts sur des priorités telles : “ l’amélioration de la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation d’élections crédibles, la réduction du train de vie de l’État, la moralisation de la vie publique, la fin de l’impunité et la satisfaction d’une part importante de la demande sociale’’.
Pour l’amélioration de la sécurité, Choguel promet d’allier désormais plus efficacement les opérations purement militaires qui donnent des résultats plus probants, avec la création des conditions sécuritaires pour le retour de l’Administration, notamment dans les zones les plus affectées par la crise.
Le deuxième chantier de son gouvernement consistera à travailler pour la Refondation, à travers les réformes politiques et institutionnelles.
“Très prochainement se tiendront, à cet effet, les Assises Nationales de la Refondation (ANR)’’, promet l’ancien président du Comité stratégique du M5-RFP. Ces assises, dit-il, permettront d’établir un diagnostic partagé de la gravité et de la profondeur de la crise, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles.
Sur un autre plan, il a fait savoir que son gouvernement s’attachera à obtenir “une trêve globale (politique, syndicale, sociale) afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité et de confiance mutuelle.’’ Ce qui permettra ainsi de baliser la voie pour réaliser les réformes nécessaires à la Refondation du Mali par la création des “conditions d’une refonte consensuelle des textes, permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la Charte des partis politiques et la Loi électorale afin de mettre un terme aux conflits post-électoraux récurrents’’.
“Il sera envisagé la création d’organe unique indépendant de gestion des élections réclamée unanimement par la classe politique et la société civile’’, “la révision consensuelle et inclusive de la Constitution… la relecture intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation’’, a rassuré Choguel.
Pour finir, le Premier Ministre a souligné que l’action gouvernementale portera sur “la fin de l’impunité dans notre pays et la mise en pratique d’une gouvernance de rupture’’, qui sont des conditions de survie de l’État.
“De véritables poursuites judiciaires consécutives aux tueries et exactions contre les victimes des journées de juillet 2020 seront également engagées’’, a-t-il précisé, ajoutant que le même sort sera réservé aux pilleurs “des maigres ressources de notre pays’’.
“Des audits seront commandités dans les Institutions, les grandes administrations, les grands projets nationaux et locaux et dans les collectivités, ainsi que sur le patrimoine immobilier et minier de l’État’’, a insisté le Premier Ministre.
Sur la réduction du train de vie de l’État, dont le président de Transition a donné l’exemple, Choguel a promis que la Primature et tous les responsables suivront l’exemple.
Toutefois, ce discours plein d’ambitions du Premier Ministre qui n’occulte aucun aspect de la vie de la nation, n’est-il pas utopique, pour dire très beau, être réaliste au regard des faits antérieurs et actuels ayant actés sa nomination par les Colonels ?
Le temps, seul maitre, nous dira après neuf (9) mois, si Choguel a-t-il véritablement les moyens de sa politique malgré sa volonté et ses ambitions affichées.
Bourama Kéïta. LE COMBAT