La nouvelle n’a pas surpris grand monde aussi bien au Mali qu’au-delà des frontières, tant on voyait venir les choses. En effet, Choguel Kokala Maïga a été nommé ce lundi Premier ministre par le président de la Transition, Assimi Goïta.
Agé de 63 ans, c’est cet homme présenté comme l’un des leaders du Mouvement du 5 juin, Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui succède à Moctar Ouane poussé à la démission par les hommes en treillis de la garnison de Kati. Choguel Kokala Maïga, il faut le dire, depuis la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), lorgnait avec convoitise le poste de Premier ministre si fait qu’il n’avait pas hésité à marquer son soutien aux putschistes de Kati qui, visiblement, l’avaient snobé pour porter leur choix sur Moctar Ouane. Depuis lors, l’homme n’avait de cesse de ruer dans les brancards jusqu’à ce qu’intervienne le coup de force du 25 mai dernier contre les autorités de la Transition. Là encore, le leader du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) n’a pas hésité à soutenir ce qu’il a qualifié comme étant une «rectification de la Transition ». Maintenant qu’il est aux affaires, fera-t-il mieux que son prédécesseur ?
On voit mal Choguel Kokala Maïga avoir les coudées franches pour travailler sans couac ni anicroche
Réussira-t-il là où Moctar Ouane a échoué ? Rien n’est moins sûr. Car, comme on le sait, il est plus facile de critiquer quand on est dans l’opposition. Mais une fois à l’épreuve de l’exercice du pouvoir, on se rend compte de la délicatesse de la mission. Surtout dans ce contexte de transition où les militaires qui font la pluie et le beau temps, n’entendent pas laisser assez de marge de manœuvre aux civils de peur que le pouvoir ne leur échappe. N’est-ce pas d’ailleurs parce que Bah N’Daw et Moctar Ouane ont voulu s’affranchir de la tutelle des militaires pour imprimer leur marque, qu’ils ont été déposés et évincés du pouvoir ? En tout cas, à moins d’avoir fait le choix de jouer les faire-valoir des putschistes, on voit mal Choguel Kokala Maïga avoir les coudées franches pour travailler sans couac ni anicroche. Certes, il est vrai qu’il était devenu, au fil du temps, l’interlocuteur privilégié de la junte. Mais cela ne garantit pas, de fait, une bonne collaboration avec le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) désormais fort du soutien des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Reste maintenant à savoir si la présidentielle, annoncée pour le 27 février prochain, aura lieu à bonne date, comme le réclame l’organisation ouest-africaine. On attend de voir.
Cyrille Coulibaly LE NOUVEAU REVEIL
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