Le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga était devant le Conseil National de la Transition, CNT, le vendredi 30 juillet 2021, pour présenter le Plan d’Action de son Gouvernement. Structuré autour de quatre grands axes, que sont le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, les réformes politiques et institutionnelles, l’Organisation des élections générales et la promotion de la bonne gouvernance. Ce plan est à la fois ambitieux et prometteur, mais non réalisable dans le délai imparti à cause de leur complexité et du contexte d’insécurité généralisé. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita et son Premier Ministre Dr Choguel Kokalla Maiga, vont-ils céder à la pression de la Communauté internationale et au cri affamé de l’ex majorité pour bâcler la transition et préparer du coup le lit à un autre putsch dans un ou deux ans ? Le Peuple malien ne doit-il pas prendre son destin en mains pour imposer sa volonté au syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO, le bras politique de la Communauté internationale et aux hommes politiques véreux mus par leurs intérêts égoïstes ?
Le Mali a connu, en 61 ans d’indépendance, plus de quatre coups d’Etat et trois transitions politiques, faisant incontestablement de lui l’un des pays les plus instables de la sous-région, voire d’Afrique. Ne faudrait-il pas maintenant faire en sorte que cette transition soit la dernière en permettant de doter le pays d’institutions fortes ? Nous avons désormais de la matière avec le Plan d’Action du Gouvernement, PAG, de Choguel Kokalla Maiga, il suffit tout simplement qu’un large consensus se dégage pour y parvenir. Pour ce faire, il serait non seulement nécessaire de dépassionner, mais aussi et surtout, que le peuple souverain du Mali impose sa volonté à la Communauté internationale. Pays de grands conquérants, d’empires qui ont brillé de mille feux, le Mali fut quand beaucoup de pays dits civilisés n’étaient pas, pour paraphraser l’ancien Président de la République, IBK. Donc, le peuple malien a toujours su refuser la capitulation, voire la soumission en ayant une grande capacité de résilience face aux épreuves. Alors, pourquoi avoir ce fétichisme de délai en faisant fi à l’énormité et à la délicatesse des missions qui sont celles du gouvernement de la transition pour mettre le pays sur des bons rails ? Doit-on être aveuglé par la boulimie du pouvoir au point d’être prêt à vendre son pays, comme c’est le cas d’une frange importante de la classe politique ? C’est pourquoi, il importe pour Assimi Goita et Choguel Kokalla Maiga de s’assumer en ne cédant ni au cri affamé de l’ex majorité, ni à la pression de la Communauté internationale, afin de mener à terme les 4 axes qui constituent le PAG.
En prenant les deux premiers axes, à savoir le renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire et surtout les réformes politiques et institutionnelles, à moins d’avoir un autre agenda, sinon il est quasiment impossible de réaliser en huit mois ces deux gigantesques et indispensables ambitions. Alors, à quoi sert de se précipiter pour retomber dans un an ou deux ans dans les mêmes travers. La classe politique doit s’accorder sur un minimum et sortir de la guéguerre de positionnement. Elle doit sortir des idées revanchardes pour ne voir que le Peuple martyr du Mali. L’ultimatum pour l’ancienne majorité de ne pas ajouter une seconde de plus au délai prescrit par la CEDEAO est perçue comme une vengeance à Choguel Kokalla Maiga, qui passe à ses yeux comme étant l’un des bourreaux du régime défunt. Posée comme telle, cette équation risque d’être non seulement à plusieurs inconnues, mais elle décrédibiliserait davantage la classe politique qui sera perçue par le peuple comme une classe politique égocentrique. Donc, il y a nécessité d’accorder les violons pour donner une chance à cette transition de sortir le Mali de l’ornière, quel que soit la durée. Un an de plus ou deux ne seraient de la mer à boire, s’ils peuvent permettre de mener toutes les réformes et organiser des élections générales inclusives, transparentes et démocratiques. Vivement alors une transition réussie et consensuelle au Mali dans un délai raisonnable.
Youssouf Sissoko