Sur l’échiquier politique du Mali, le parti Yéléma (le changement) se désagrège, au rythme que la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM)se renforce.
Ainsi, dans une atmosphère de grands jours, le parti de la quenouille, la CODEM sous la houlette de son président, Housseini Amion Guindo, a célébré le samedi dernier, au Grand Hôtel de Bamako, l’adhésion massive en son sein, d’une colonne de cadres du parti Yéléma (le Changement). Elle est constituée des fidèles lieutenants de Moussa Mara, notamment, le premier vice président du parti Yéléma, Abdoulaye Diarra ; Adama Diakité, 5eme vice président ; Amadou Aya, secrétaire politique ; Samba Sidibé, secrétaire général ; Abou Sanogo, secrétaire administratif et bien d’autres membres.
Le président du parti Yéléma, M. Moussa Mara, qui est aujourd’hui, affaibli par son manque d’influence dans l’arène politique malienne, mais surtout auprès de ses militants, vient de perdre la quintessence de son parti avec le départ massif vers la CODEM de ses lieutenants. Depuis la guerre de tranchée, lors de la présidentielle 2018, le parti Yéléma est dans un coma profond. Au point que son président, l’ancien PM Moussa Mara, semble jeté l’éponge.
Premiers signes de cette mort prématurée de Yéléma : l’irrégularité de tenir, régulièrement, les réunions des cadres. S’y ajoute, la fonte des espoirs politiques du parti.
Dans leur lettre, les démissionnaires indiquent qu’ils avaient voulu être respectueux des dispositions statutaires qui régissent le parti. Mais cela, disent-ils, a été une peine perdue, car les principes ayant suscité à la création du parti se sont étiolés. « Après une décennie d’existence, nous avons malheureusement constaté que ces valeurs n’ont plus droit de cité et cela malgré plusieurs actions de redressement initiées à travers les retraites politiques et les réunions de cadrage avec comme conséquence le mépris total des résolutions », ont relevé les signataires de la lettre. Avant de préciser que leur décision de démission a été motivée par les faits relatifs, « à la tentative de dissolution du parti au profit de l’association politique SIRA KURA en juillet 2017 ; la déclaration unilatérale de la candidature à l’élection présidentielle de 2018 en contradiction avec les textes du part ; la prise de décision unilatérale de désistement au profit de Cheick Modibo Diarra à la présidentielle de 201 ; la démarche solitaire avec un cabinet privé qui se substitue au parti ; l’opacité de la gestion des différentes ressources allouées au parti et le mépris du Président vis-à-vis des responsables et militants du parti ».
À entendre les démissionnaires, ces différentes raisons font qu’ils ne sont plus en mesure de poursuivre leur engagement au parti Yéléma, visiblement dans le seul but de servir Moussa Mara.
Pour rappel, l’ancien premier ministre avait déclaré sa candidature à l’élection présidentielle de juillet 2018, avant de désister au profit de la candidature de l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra. Ensuite, il s’était également déclaré candidat aux élections législatives avortées d’octobre 2018. Une telle conduite de Mara avait frustré beaucoup de cadres du parti qui n’ont pas hésité à le saisir pour exprimer leur mécontentement.
Après le sacre, le massacre
De nos jours, nombreux sont les membres et cadres du parti qui, ont abandonné le navire de Yèléma au lendemain de la dernière élection présidentielle. Parmi eux, il y en avait des sincères et des opportunistes. Parmi eux, il y en eut qui se sont casés, et il y en a qui végètent, encore. Mais actuellement, tous soutiennent la réduction de leur chance avec le parti Yéléma.
Autrement dit, les cadres du parti Yéléma semblaient être privés de tout mouvement. Tant ils nagent en eaux troubles. Comme dans une tour de Babel, certains cadres du parti avant de faire leurs cartons ne babillaient pas le même langage avec Mara.
Actuellement, Mara n’est désormais soutenu que par une poignée de responsables et militants du parti. Ces derniers, sans en piper mot, s’apprêtent à rallier d’autres bords politiques, jugés dignes d’intérêts. Une manière de dire qu’après le sacre, c’est le massacre.
Alors question : aujourd’hui, les carottes sont-elles cuites pour l’ancien Premier ministre Moussa Mara, chef du parti Yéléma ? Apparemment oui.
À l’allure où vont les choses, Mara, n’est plus en bonne posture dans son fief en commune IV du district de Bamako. Politiquement, s’entend. Car, la notoriété d’un leader politique se forge parmi sa base. Si en dépit des récriminations de ses camarades, Moussa Mara persiste à faire à sa guise, son parti risque de rejoindre, au cimetière, les partis, dont les leaders ont mis leurs intérêts au dessus de l’intérêt collectif. Autrement dit, le parti Yéléma compte subir de nouveaux coups de sabot dans l’arène politique surtout au niveau de son fief. Mauvais présage !
Jean Pierre James LE NOUVEAU REVEIL