Après plus d’un mois d’attente de leurs orientations, les admis au Diplôme d’Etude Fondamentale (DEF) ont été finalement situés sur leur sort. De l’analyse de ces orientations, il ressort que les écoles privées et professionnelles techniques ont été marginalisées au profit des écoles publiques, dont certains en situation de pléthore. Désaveu des établissements privés ou valorisation des lycées publics ?
Après un long temps de latence, l’orientation des admis au Diplôme d’Etude Fondamentale (DEF) au titre de l’année scolaire 2019-2020, a été finalement publiée. Le constat est presque défavorable pour les lycées et autres établissements privés professionnels et techniques. Cela conformément à la décision prise par le ministre de l’Education Nationale lors de sa rencontre avec les responsables d’académie d’enseignement du pays.
Lors de cette rencontre, faut-il rappeler que le ministre Tioulenta avait donné l’instruction de prioriser les écoles publiques pour l’orientation des admis aux examens de l’année scolaire 2018-2019.
En effet, cette annonce n’a pas fait que des heureux dans le lot des promoteurs des écoles privées. Toute chose qui se justifiera par la suite, avec une portion congrue seulement des admis au DEF, orientée vers les privés. Lesquels qui n’ont reçu que peu d’effectif, largement en deçà de leur capacité d’accueil. Certaines écoles, ont cependant compensé le vide par des transferts entrant. Par contre, certaines écoles professionnelles, bien vrai répondant aux critères de recevabilité, n’ont reçu même pas un élève.
- Dédé Diarra, directeur général de l’Ecole de Formation Technique de Kati Malibougou II (EFOTEK) affirme qu’au niveau de son école professionnelle aucun nouvel admis au DEF, n’y a été orienté.
« Ça nous fait près de trois ans qu’on ne reçoit pas d’élèves alors qu’on répond à tous les critères » déplore le directeur général de l’EFOTEK.
D’après lui, le fait de ne pas avoir d’élèves lors des orientations défavorise la promotion de leur établissement. Or, selon lui, ces écoles professionnelles, même privées sont les aptes à pouvoir assurer l’insertion socio professionnelle des jeunes. « Ces écoles-là désengorgent le mouvement au niveau des écoles publiques, c’est vraiment dangereux pour le bon fonctionnement de l’école » a- t-il fait savoir.
Selon lui, rien qu’en tenant compte de l’effectif des admis au DEF, l’espoir était permis d’orienter cette année un nombre suffisant d’élèves vers les établissements privés. Mais que ce fut le scénario contraire.
Contrairement à lui, le Promoteur du Lycée ‘’Nampono Sanogo’’ de Kati Malibougou, Ousmane Zegué Traoré, a tiré son épingle du jeu de cette orientation, même, si lui-même sous-estime le quota reçu. « Au niveau de mon lycée on a eu un effectif un peu moins que l’année dernière mais on commence à recevoir des transferts venant qui pourront éventuellement compenser la baisse » a-t-il déclaré, tout en soulignant qu’il n’est pas contre que les écoles publiques soient privilégiées par rapport aux privés, mais que l’Etat doit privilégier la domiciliation de chaque élève pour l’orienter au lycée le plus proche de lui.
Lycées publics, quand l’offre dépasse la demande !
Quant au Proviseur du Lycée Mamadou M’bodge de Sébénicoro, Mme Togo Hawa Saye, elle a déclaré avoir reçu à l’issue des orientations, 336 élèves cette année. « Par rapport à notre capacité d’accueil il y a un petit souci, parce que selon notre capacité d’accueil on a demandé 250 élèves mais on nous a envoyé 336 » a-t-elle signalé. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas encore fini de gérer les flux de l’année passée parce que l’année passée on a demandé 350, on nous a envoyé 678. On a été buté dans un premier temps à un problème de table bancs et d’enseignants pour certaines matières. Mais cette année malgré la situation ils nous ont envoyé plus d’élèves. On est obligé de les accepter, on ne peut pas les laisser dehors ».
Par ailleurs, le Proviseur du lycée Mamadou Sarr, Abdrahamane Maïga, dira que son établissement a reçu l’année dernière 947 élèves. Toute chose, qui s’est répercutée sur le nombre d’élèves par classe, d’où une situation de pléthore à l’ordre de 90 à 95 élèves par classe.
Cette année, indique-t-il, le lycée Mamadou Sarr, a enregistré la venue de 402 orientés dont 183 filles et 219 garçons. « On est confronté à un déficit de table bancs » a-t-il signalé.
Se référant aux critères d’orientation et à l’âge des orientés de son établissement qui évolue entre 14 et 17ans, il dira qu’il n’y a pas lieu de crier au scandale dans l’ensemble et que les classes ne seront pas aussi surchargées que l’année dernière.
Pour lui, les autorités doivent s’investir davantage pour satisfaire aux demandes scolaires, et du côté des élèves et du côté des enseignants. De même, il a formulé des conseils pertinents aux enseignants, aux élèves et aux parents pour une réussite de l’éducation au Mali.
Face à tous ces constats, les autorités en charge de l’éducation doivent revoir leur décision afin que les élèves puissent étudier dans de meilleures conditions surtout qu’il est annoncé le retour de certaines pratiques, dont l’examen oral au Bac. A défaut de cela, il ne reste qu’à souhaiter bonne chance aux nouveaux lycéens.
Par Maïmouna Sidibé LE SURSAUT