Le président de la République a, selon des indiscrétions, pris un décret à deux jours du démarrage du dialogue national inclusif qui bat son plein actuellement. Lequel décret aurait permis de nommer 83 ex-combattants au rang d’officiers de l’armée nationale. Coïncidence ou accord s’interrogent beaucoup d’observateurs ?
Le hasard existe pour les esprits non préparés, dit-on. Mais le décret pris à la veille de l’ouverture des travaux de la phase finale du dialogue national inclusif, par le Chef de l’État Ibrahim Boubacar Keita, semble à la lecture et développement de l’actualité, être tout sauf un pur hasard. Le décret exceptionnel en question a permis de nommer aux grades d’officiers des dizaines d’ex-combattants des mouvements armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation. Il s’agit du décret n°961 du 12 décembre 2019 portant nomination de 83 officiers composés de 5 Commandants, 9 Capitaines, 42 Lieutenants et 27 sous-lieutenants intégrant ainsi les différents corps des forces armées maliennes pour la nouvelle armée reconstituée avec effet rétroactif à partir du 1er juin 2019.
Les 83 ex-combattants, désormais officiers de l’armée malienne, sont issus de la coordination des mouvements de l’Azawad et de la plateforme. Il faut le dire, cette décision du Président de la République bien que justifiée par la signature du décret n°961 du 12 décembre 2019 par l’application du décret N 2019-018/P-RM du 05 mars 2019 qui fixe les critères d’intégration des ex-combattants des mouvements signataires dans les corps constitués de l’État, y compris dans les Forces Armées et de Sécurité, est fortement soupçonnée.
Selon certains observateurs, la prise de ce décret serait une suite logique des concessions faites par les autorités maliennes avec les groupes armés notamment la CMA comme contre partie pour participer au dialogue national inclusif. Ce décret aurait activement contribué à changer la position de la CMA qui est souvent coutumière de faits, lorsqu’elle pense être en position de force.
Il nous revient que les groupes armés avaient monté les enchères en refusant de participer à ce dialogue à condition que l’on ne touche l’accord durant les assises. En plus de ce fait, c’est-à-dire, la non-révision de l’Accord d’Alger, ce décret de nomination pris par le Président IBK apparait comme un bonus pour calmer les groupes armés.
«Nous participons au dialogue parce que nous avons obtenu des garanties que les réserves formulées et relatives à des débats centrés sur une éventuelle tentative de modification de l’Accord pour la Paix sont levées », a déclaré le Président de la CMA Sidi Brahim Ould Sidati, président de la CMA.
Pendant ce temps, le gouvernement dément tout accord conclu de sa part avec la CMA. Beaucoup peuvent s’interroger, qui dit vrai entre le gouvernement et la CMA.
Alors qu’après l’ouverture, le Chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé était amer de constater qu’au-delà de l’exclusivité de l’actuel dialogue, force est de constater qu’il existe des sujets tabous, entre autres, celui de l’Accord d’Alger. Ce décret sera perçu par les dissidents à la forme actuelle du dialogue comme une preuve palpable que le président se soumet aux désidératas des groupes armés. Est-ce une raison suffisante de plus pour jeter l’opprobre sur les conclusions de ce dialogue en cours ?
K. Komi LE COMBAT