C’est au moment où des patrouilles mixtes sont menées dans les régions de Tombouctou et de Gao par les forces armées du Mali, les forces françaises Barkhane, la MINUSMA et certains éléments des groupes armés rebelles que la CMA suspend sa participation au Comité de suivi pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Le communiqué de suspension de la Coordination des Mouvements de l’Azawad au comité de suivi, à cause du grand retard constaté dans la mise en œuvre de l’Accord, intervient plus de 18 mois après sa signature. Cette exaspération est relative à la lenteur du Gouvernement à donner le coup de pouce dynamique à l’Accord qui pourtant avait été salué par les hautes autorités du pays. Qu’est-ce qui peut alors expliquer cette lenteur constatée dans sa mise en œuvre ? Un Etat sérieux ne doit-il pas respecter son engagement ? Va-t-on encore assister à un énième blocage du processus mettant encore en danger la vie de nos concitoyens du nord ?
Loin de donner raison à la CMA pour sa suspension au comité de suivi de l’Accord, surtout qu’elle n’est pas à sa première suspension, mais à analyser de près la chaotique situation dans laquelle vit la partie septentrionale du Mali, on ne peut que reconnaitre la justesse des griefs soulevés par elle. Le Gouvernement est responsable de cette situation de ni paix ni guerre qui sévit dans les régions nord et même du centre du Mali. Il a la lourde responsabilité d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, de défendre l’intégrité territoriale et de garantir le minimum vital à toutes les populations du Mali, du nord au sud, d’est en ouest. Certains médias avaient traité les membres de la CMA, des enfants gâtés de la République, à cause de leurs caprices et de leurs comportements anti républicains quand ils ont refusé de signer le fameux accord. Ne sont-ils pas dans leur droit aujourd’hui d’exiger la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation ? La réponse serait oui au regard de la difficile situation dans laquelle les populations du nord vivent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Pour rappel, la CMA suspend sa participation au comité de suivi de l’Accord pour les griefs ci-après : la mise en œuvre des autorités intérimaires dans les collectivités décentralisées, le retour des réfugiés au pays, mais aussi et surtout la diligence du processus de DDR. Elle n’a jamais remis en cause ledit Accord et souscrit à sa mise en œuvre. La balle est désormais dans le camp du Gouvernement. Il doit honorer son engagement pour ne pas être la risée de la communauté nationale et même internationale.
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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