A la veille de ce qu’il convient d’appeler le plus grand procès, après celui de crimes de sang et crimes économiques du Général Moussa Traoré, le Mali tout entier avait retenu son souffle pendant au moins une semaine dans l’espoir de voir éclater la vérité pour que justice soit enfin rendue et les coupables punis. Le 30 novembre 2016 est désormais entré dans l’agenda des dates célèbres au Mali. Il est la date d’ouverture du procès tant attendu des 18 militaires, auteurs de l’un des coups d’Etat qualifié des plus stupides et abjects. Ils sont accusés des crimes les plus horribles d’assassinats et de complicités d’assassinats contre leurs frères d’armes, « les Bérets rouges ». Le « Général » Amadou Haya Sanogo et ses 17 compagnons d’infortune répondront tout au long de ce procès des chefs d’accusation que le Procureur Général leur avait déjà notifié. Ils se défendront bec et ongle pour prouver leur innocence et tenter d’échapper à la peine de mort au regard des faits graves qui leur sont reprochés. Ils pourraient dévoiler beaucoup de secrets d’Etat qui mouilleraient certainement beaucoup de cadres dans les rangs du pouvoir. Ce procès est suivi avec une grande attention par les parents de victimes qui attendent la fin du procès pour faire leur deuil. Mais aussi les organisations des Droits de l’Homme, la communauté internationale et tous ceux qui ont soif de la vérité et qui sont épris de justice.
Pour rappel, le procès du Général Amadou Haya Sanogo est le quatrième procès de groupes de militaires de l’indépendance à nos jours. Le dénominateur commun à ces différents procès est qu’ils sont tous liés au coup d’Etat ou tentative de coup d’Etat.
Le premier procès a eu lieu en 1969 soit juste un an après le coup d’Etat du Comité Militaire de Libération Nationale dirigé par le Lieutenant Moussa Traoré. Diby Silas Diarra et 32 autres compagnons comparaissaient dans un procès inique pour tentative de coup d’Etat contre le régime militaro fasciste. La sentence avait été la peine de mort.
Le second procès était celui de Tiécoro Bagayoko, de Kissima Doukara, de Karim Dembélé et autres, considérés par certains comme les bourreaux des premières victimes que furent Diby Silas Diarra et ses compagnons. Ce second groupe fut également jugé et condamné à la même peine que le premier.
Le troisième procès fut celui contre le général Moussa Traoré qui, après 23 ans de gouvernance, s’est vu renverser par les militaires qui parachevèrent la longue lutte du peuple malien un 26 Mars 1991. L’ironie de l’histoire, le Général Moussa Traoré et ses quatre infortunés qu’étaient les généraux Mamadou Coulibaly, Sékou Ly et le colonel Ousmane Coulibaly furent condamnés à mort comme leurs nombreuses victimes. Ils n’échappèrent à cette sentence que grâce à la clémence et à la magnanimité du Président Konaré qui commua leur peine à la prison à perpétuité.
Le quatrième procès est donc celui du Général Amadou Haya et 17 autres frères d’armes pour assassinats et complicité d’assassinats suite au contre coup d’Etat avorté des Bérets rouges. Ce Procès sera-t-il le dernier des militaires pour un coup d’Etat au Mali ?
Youssouf Sissoko
youssouf@journalinfosept.com
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