Enfin, après tant de tergiversations, d’atermoiements, les élections législatives ont eu lieu dans la presque totalité des circonscriptions électorales du Mali. De Kayes à Kidal, en dépit de la menace de la pandémie du Coronavirus, les électeurs sont sortis pour porter leur choix parmi les candidats en compétition. Si le premier tour, tenu le 29 mars, n’a pas permis d’avoir une lisibilité claire en termes d’ancrage réel des partis politiques sur le terrain et de grandes capacités de mobilisation, un constat général se dégage, celui du statuquo des forces politiques sur le terrain.
Au vu des résultats du premier tour, ce sont les trois grands partis que sont le RPM, l’ADEMA et l’URD qui caracolent en tête avec 13 sièges au premier tour, dont 8 du RPM, 3 de l’URD et 2 de l’ADEMA sur les dix-sept sièges pourvus. Les compteurs seront à zéro dans les autres circonscriptions, mais à analyser de près, les trois partis se tailleront inéluctablement la part du lion.
En effet, s’ils n’ont pas obtenus une part conséquente de sièges au premier tour, ils sont en ballottage favorable dans beaucoup de circonscriptions d’où la forte probabilité du maintien en tête sur l’échiquier politique du trio. Au regard des résultats du premier tour, ils seront suivis du MPM de Hadi Niangadou, de l’ADP Maliba du richissime homme d’affaires Alou Diallo, de la CODEM de Housseyni Amion Guindo et de l’ASMA-CFP de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga. Tous ces quatre partis tireront leur épingle du jeu, puisqu’ils sont adossés aux trois éléphants et pourraient espérer engranger des résultats satisfaisants.
En attendant la validation par la Cour Constitutionnelle des résultats du premier tour, jetons un regard sur les résultats obtenus par certains leaders politiques, à commencer par les premiers responsables des partis. Le chef de file de l’Opposition, Soumaila Cissé, malgré sa détention par les terroristes, sort largement vainqueur dès le premier tour dans la circonscription électorale de Niafounké. Alou Boubacar Diallo, président d’honneur de l’ADP Maliba, fait de même à Kayes sa circonscription. Moussa Mara, président de YELEMA, est en ballotage favorable en commune IV. En plus de ces trois chefs de partis, d’autres listes ont fait l’objet d’attention particulière. Il s’agit de la liste du premier vice-président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné en commune V du District de Bamako, de celle du Questeur, Mamadou Diarassouba dans la circonscription électorale de Dioila. Le rêve de ces deux leaders du RPM risque de se transformer en illusion, car même s’ils sont arrivés premier au 1er tour, ils disposeraient de peu de réserves de voix pour le second tour. Donc, ils marchent sur le fil du rasoir. Deux autres listes les plus scrutées par les observateurs sont celle du célèbre prisonnier Bakary Togola, candidat à Bougouni et la liste du richissime opérateur économique Ahamada Soukouna de l’ADEMA, candidat dans la circonscription de Yélimané. Tous ces deux candidats sont en très mauvaise posture dans leurs circonscriptions. Ils sont tous deux arrivés deuxièmes et leur chance d’être élus est très mince.
En définitive, les élections législatives de 2020 réservent beaucoup de surprises et permettront de renouveler à plus de 70 % l’équipe sortante. Comme pour dire que chacun récolte, généralement, ce qu’il a semé.
Youssouf Sissoko