Cahin-caha, la mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation nationale au Mali poursuit son petit bonhomme de chemin ô combien parsemé d’embûches. En fin de semaine dernière, une nouvelle lueur d’espoir est venue illuminer ce chantier assombri dernièrement par les évènements de Gao. Le lancement, jeudi dernier, des premières patrouilles mixtes ainsi que l’élaboration, le lendemain, d’un nouveau chronogramme de l’installation des autorités intérimaires, sont deux gages majeurs pour la suite du parcours du combattant.
En effet, les premières patrouilles mixtes, formées de soldats gouvernementaux, combattants de la Plateforme et de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont été lancées, jeudi dernier, à Gao, la plus grande ville du Nord de notre pays. La cérémonie de lancement de ces patrouilles mixtes, censées préfigurer la refonte d’une armée unitaire, s’est déroulée au camp de regroupement de ces mouvements, siège du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé d’organiser ces patrouilles dans les périphéries de la ville de Gao.
Rappelons que le MOC, qui doit coordonner ces actions de mise en confiance et de sécurisation, avait été installé depuis octobre 2015 à Gao. Jeudi, ils étaient une centaine de soldats qui, après le rassemblement sur le site du MOC, sont montés dans des pick-up en direction de la ville de Gao. Leur lancement, qui avait été sans cesse remis à plus tard, intervient cinq semaines après l’attentat-suicide contre le camp abritant la cérémonie de ce lancement. C’est dire que les acteurs de la paix au Mali sont déterminés à évoluer contre vents et marées puisque cette attaque, revendiquée par Al Mourabitoune, aura été l’une des plus meurtrières avec près de 80 morts, selon des bilans concordants.
Le prochain objectif sera désormais la ville de Kidal, où les ex rebelles touaregs de la CMA se disent aujourd’hui prêts à accueillir des membres de l’Armée nationale malienne et leurs alliés pour constituer ces patrouilles mixtes. Alors que, depuis 2015, aucun soldat malien n’a foulé le sol de l’Adrar des Ifoghas, la constitution d’une telle force serait un exploit.
En cerise sur gâteau, ces patrouilles mixtes de Kidal se feront concomitamment avec l’installation des autorités intérimaires et, donc, le retour de la représentation de l’Etat et des services déconcentrés, qui auront la tâche d’organiser les prochaines élections dans le Nord du pays.
En effet, selon un communiqué officiel rendu public vendredi par le Haut Représentant du Chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’Accord de paix, Mahamadou Diagouraga, un nouveau calendrier a été arrêté d’un commun Accord par le gouvernement malien, les groupes armés qui lui sont favorables et l’ex-rébellion à dominante touareg. Ce nouveau chronogramme prévoit l’installation des autorités intérimaires dans les régions septentrionales du Mali, du 28 février au 3 mars prochains. Le Président des autorités intérimaires de Kidal sera ainsi installé le 28 février, les Présidents des autorités de Gao et Ménaka le seront le 2 mars, et ceux de Tombouctou et Taoudéni le lendemain.
Signalons que l’installation de ces autorités intérimaires devrait avoir lieu le 18 février dernier mais elle avait été reportée en raison de la contestation faite par certains mouvements de la CMA dénonçant l’absence de concertations sur le choix des personnes. Ce nouvel élan de reprise constitue, de ce fait, un pas de plus fait sur le sentier épineux qui mène vers la paix au Mali. Sans pour autant entièrement écarter l’éventualité de tout autre nouveau blocage, le énième du genre pour l’application de l’Accord, les acteurs du dossier sont pour l’heure en droit de savourer ce dénouement heureux caractérisé par le lancement des patrouilles mixtes et l’installation à venir des autorités intérimaires.
Katito WADADA : LE COMBAT