Ce sont des Maliens. Ils ont voulu, comme dans toute Démocratie digne de ce nom, montrer leur mécontentement par une marche pacifique. Ils ont été abattus. Cette scène digne des années des dictatures s’est déroulée dans le Mali de 2016 à Gao.
C’est avec effroi que l’on a appris sur les réseaux sociaux et de chaines internationales que des jeunes maliens, marchant pacifiquement, ont été abattus à bout portant par les forces de l’ordre gouvernementales mêmes ; donc, par d’autres Maliens. Si les enquêtes doivent pouvoir situer les responsabilités comme l’a dit Me Mountaga Tall, porte parole du gouvernement, on sait déjà par la voix du Lieutenant- Colonel Modibo Kouyaté, un haut gradé de l’Armée malienne, que les forces de sécurité ont utilisé des balles réelles. Diantre, comment peut-on utiliser des balles réelles contre des marcheurs désarmés ? Quelle mouche a bien pu piquer ces soldats maliens jusqu’à tirer sur ces jeunes de Gao, faisant 3 morts et plusieurs blessés graves? Qui a donné l’ordre de tirer ? D’ores et déjà, beaucoup ne croient pas aux enquêtes qui seront ouvertes et à juste titre. D’ailleurs, combien de fois, les crimes sont restés impunis sous ce régime d’IBK ? A Gao, les forces de sécurité ne sont pas à leur premier forfait. C’est malheureux de voir une armée qui n’est autre que l’émanation du Peuple tirer sur ses concitoyens. Et, pourtant, combien de fois, à Gao et ailleurs, elle a reçu les encouragements et la compassion des populations maliennes? Comment peut-on arriver à cette inhumanité, à cette barbarie digne du 26 mars 1991? Trop de questions que se posent anxieusement les Maliens et dont les réponses ne sont pas évidentes. Mais, la seule réponse qui saute à l’œil nu, c’est celle du désir du régime à vouloir plaire coûte que coûte aux rebelles. Ceux-là même qui ont pris les armes contre le Mali il y a peu. Sommes- nous amnésiques ? Ou à cause des beaux yeux d’une partie de la soi-disant Communauté internationale au chevet de notre pays depuis des années ?
Car, ces jeunes de Gao, marchaient pour protester contre les autorités intérimaires. Des autorités intérimaires qui, selon eux, seront composées de ceux-là qui ont martyrisé les paisibles citoyens du Nord Mali, ouvert la porte aux djihadistes et faire fuir du pays des milliers de nos concitoyens. Voilà pourquoi, ils ont été assassinés. Pour avoir osé dénoncer l’inacceptable. Cette marche intervient quelques jours après le remaniement ministériel qui a vu aussi l’entrée au gouvernement de Mme Nina Wallet, Présidente des femmes du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Comment peut-on chouchouter une femme qui a trainé le nom du Mali dans la boue et tuer ceux qui luttent pour un Mali « UN et Indivisible » ? Sommes-nous inconséquents à ce point ? N’est ce pas qu’un penseur l’avait si bien dit : «Tout est défendable sauf l’inconséquence». L’inconséquence de ce régime d’IBK n’est pas défendable. La paix dit-on n’a pas de prix. Mais on aussi l’habitude d’entendre qu’elle a de coût. Le Mali est en train de payer sa paix par des vies innocentes. Pour ce faire bonne conscience, on évoque une « manipulation », l’état d’urgence et tutti et quanti. En tout cas, aucun de ces arguments ne peut expliquer ce qui vient de se passer à Gao. La plateforme, l’un des mouvements bénéficiaires de ces autorités intérimaires, a déjà pris son parti. La Radio de la propagande (RFI) et sa consœur télévision France 24 ont vite fait, comme à leur habitude, de biaiser l’information en présentant les jeunes marcheurs comme des « manipulés » qui s’agiteraient contre une mesure prévue par l’Accord d’Alger.
Parlant de ce fameux Accord d’Alger et d’autorités intérimaires, combien de fois l’opposition malienne a tiré sur la sonnette d’alarme pour dénoncer son caractère exclusif. Le vote de la loi sur les autorités intérimaires s’est fait en l’absence des Députés de l’opposition qui ont préféré vider la salle. Aujourd’hui, le temps leur donne raison. Les autorités intérimaires, comme le titrait bien à propos notre confrère Dramane Aliou Koné: «connaissent leurs premiers morts».
Ce serait leurs derniers morts ? En tout cas, les jeunes ont remis ça, et partout dans le pays des mobilisations de jeunes se préparent pour soutenir activement cette brave jeunesse de Gao qui a tenu tête aux rebelles et aux djihadistes au moment où l’armée était toujours en repli stratégiques. Sur les réseaux sociaux, on a appris que des jeunes du Quartier-Mali, en commune V du District de Bamako, avaient coupé les routes d’accès au pont Fahd pendant un bon moment, hier mercredi. Des marches de soutien sont prévues en signe de solidarité avec ces jeunes de Gao. Entre temps, BK était allé soutenir le MNLA et la PLATEFORME à Niamey.
Mohamed Dagnoko : LE COMBAT