mardi 19 mars 2024
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«MALI-METRE 12» DE LA FONDATION FRIEDRICH EBERT: 9 maliens sur 10 font confiance aux FAMa pour sécuriser le pays

Les défis prioritaires du moment, la gestion de la transition et de la pandémie du Covid-19, la sécurisation du pays et l’efficacité de ses acteurs, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR), l’accès à la justice, la corruption… Voilà autant de sujets sur lesquels les Maliens se sont prononcés lors de la XIIe enquête «Mali Mètre» dont les conclusions ont été rendues publiques jeudi dernier (17 juin 2021) par la Fondation Friedrich Ebert (FES). Les données de cette édition ont été collectées du 08 au 26 mars 2021 ans le District de Bamako et sans l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudenit.

La lutte contre le chômage des jeunes, la lutte contre l’insécurité ; la lutte contre l’insécurité alimentaire… Telles sont les préoccupations exprimées par les Maliens comme priorités absolues lors de la 12e enquête d’opinion de la Fondation Friedrich Ebert (FES), «Mali-Mètre 12». Un sondage dont les résultats ont été rendus publics lors d’une cérémonie officielle organisée jeudi dernier (17 juin 2021) à l’hôtel Radisson Blu de Bamako devant un parterre de personnalités de différents horizons.
Les principaux défis que rencontre le Mali actuellement sont la lutte contre le chômage des jeunes, citée par 46,6 % de personnes sondées ; la lutte contre l’insécurité (44,6 %) ; la lutte contre l’insécurité alimentaire (42,5 %) ; la lutte contre la pauvreté (38,7 %) et l’amélioration du système éducatif (37,8 %). Pour la majorité de nos compatriotes, les autorités de la transition doivent accorder la priorité à la lutte contre l’insécurité et la criminalité (57,6 %), suivie de l’amélioration du système éducatif (38,6 %), la restauration de la paix et de la stabilité (34,6 %), la création d’emploi (32,8 %) et la lutte contre la pauvreté citée par un quart de la population (25,7 %).
Par rapport à la priorité absolue du moment (sécurisation du pays, paix et réconciliation nationale), les Maliens sont loin d’être satisfaits des forces étrangères que sont la Minusma et Barkhane. Les opinions positives prédominent pour le G5 Sahel (44,9 %). Ce qui est réconfortant, au moment où la France a unilatéralement mis en veilleuse son accord militaire avec le Mali, c’est que plus de neuf Maliens sur dix (93,3 %) sont satisfaits du travail des forces de défense et de sécurité (avec 64,2% qui en sont très satisfaits).
Autrement, nos compatriotes sont de plus en plus conscientes et rassurées par la montée en puissance de nos Forces de défense et de sécurité (FDS). Toutefois, quelques reproches sont faits à l’endroit des forces de défense et de sécurité comme une mauvaise formation des militaires (28,0%), l’insécurité toujours persistante (17,5%), la lenteur dans les interventions (14,2%).
La projection du Mali dans les six mois suivant le sondage (avril-septembre 2021) est aussi réconfortante avec trois personnes sur cinq (61,2%) qui pensent que la situation générale du pays va s’améliorer contre seulement une personne sur cinq qui pense le contraire. Quant à la projection du Mali dans les quinze prochaines années, plus de sept personnes sur dix (77,6%) pensent que la situation générale du pays connaîtra une évolution positive.
C’est dire que, malgré les difficultés du moment, les Maliens sont optimistes et ont foi en l’avenir. Et leurs souhaits sur le cinq prochaines années portent sur le retour de la paix et de la sécurité, la création d’emplois pour les jeunes. Et pour concrétiser cet espoir de beau temps après la tempête, 62 % de nos compatriotes sont déterminés à accomplir leur devoir civique en votant aux prochaines élections. Sauf bien sûr s’ils n’ont pas de cartes d’électeurs ou si les candidats en face ne leur inspirent aucune confiance quant à leurs ambitions réelles pour le pays. A moins que ce ne soit pas l’insécurité qui les empêche de se rendre aux urnes.
Moussa Bolly

Un instrument d’analyse sociopolitique à la portée des décideurs
«Qu’en pensent les Maliens/Maliennes» ! C’est la question que les enquêteurs de GISSE ont posée pour la 12ème fois dans le cadre de la réalisation de «Mali Mètre». Une enquête que Dr Hanna Dönges de l’ambassade d’Allemagne au Mali considère comme «un instrument d’analyse sociopolitique pour la pleine participation des populations à la prise de décision». C’est aussi l’avis du Représentant-résident de la Fondation Friedrich Ebert (FES) au Mali, M. Christian Klatt.
Il a rappelé lors de la cérémonie de présentation du 12e «Mali-Mètre» que, depuis 2012, ce document est réalisé comme instrument d’analyse visant non seulement à recueillir les perceptions et les opinions politiques des Maliennes et des Maliens, mais aussi de les porter à la connaissance des décideurs politiques.
A noter que l’enquête a bénéficié du visa de l’Institut national de la statistique du Mali (INSTAT). Certes «Mali-Mètre» est aujourd’hui la plus connue, mais elle n’est pas l’unique activité menée par la Fondation Friedrich Ebert qui est implantée dans notre pays depuis 1970. Les activités de la FES portent généralement sur les leçons de la crise et la réforme de l’Etat, la démocratie participative et sociale, la société civile et les droits fondamentaux, la politique de sécurité…
Elle travaille en étroite coopération avec ses partenaires maliens et cela se comprend de soi même comme un «Think and Do Tank». Ensemble avec ses partenaires, la FES œuvre au renforcement d’une démocratie socialement juste, stable et durable au Mali. Cela est réalisé à travers la publication d’études, l’organisation de séminaires, d’ateliers et de conférences qui contribuent aussi bien aux échanges d’idées et d’expériences qu’aux renforcements de capacités.
M.B

L’ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION

Le meilleur garant aujourd’hui de la forme républicaine du Mali ?

Dans «Mali-Mètre 12», les Maliens se sont aussi prononcés sur l’Accord pour la paix et la réconciliation du Mali (APR), issu du processus d’Algérie. Et il y a beaucoup de paradoxes voire ce que certains intervenants à la cérémonie de présentation du rapport ont qualifié de «bizarreries».
Ainsi, près des deux tiers des Maliens (66,1 %) reconnaissent n’avoir «aucune connaissance» de l’APR. Et pourtant, un Malien sur deux estime que l’accord doit être relu et modifié. Par contre, un Malien sur dix pense que l’accord ne doit pas être modifié, mais doit être appliqué comme tel. Pour plus de sept de nos compatriotes sur dix, l’accord pour la paix et la réconciliation n’a pas avancé.
Toutefois, dans les régions de Sikasso, Mopti, Tombouctou, Taoudénit et Bamako, une personne sur cinq (20 %) pense que l’accord a assez avancé. Et plus particulièrement dans la région Ménaka, quatre personnes sur cinq sont du même avis.
Pour le Haut-représentant du président de Transition pour la mise en œuvre de l’APR, M. Inhaye Ag Mohamed, bon ou mauvais, «c’est cet accord qui permet aujourd’hui à notre pays de conserver sa forme républicaine». Sinon, a-t-il rappelé, «à Alger on nous avait amené des projets de sécession ou fédéralistes».
Et de l’avis de M. Inhaye Ag Mohamed, «la relecture de l’accord peut ouvrir la boîte aux pandores parce qu’il ne donne pas entièrement satisfaction aux autres parties aussi. Une relecture peut dont offrir à celles-ci aussi l’opportunité de remettre sur la table des négociations les points sur lesquels ils n’ont pas obtenu satisfaction».
Lors d’une conférence de presse organisée dimanche dernier pour célébrer le 6e anniversaire de la signature de l’APR (15 mai et 20 juin 2015 à Bamako), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a apporté de l’eau à son moulin. «Après six ans, nous constatons que l’Accord est dans ses aspects périphériques. Les aspects de fond n’ont jusque là pas été touchés… Nous tirons un bilan peu élogieux de la mise en œuvre de cet Accord», a déploré Sidi Ag Baye, membre de la CMA, en introduisant la conférence.
«On prend du temps pour négocier, pour faire la paix et pour signer des accords, mais on ne prend jamais du temps pour appliquer ces accords. Plusieurs accords ont été signés par le passé, mais n’ont jamais été appliqués. Nous avons peur que l’Accord d’Alger ne connaisse la même situation», a dénoncé Mohamed Ould Ramadane, porte-parole de la CMA et principal animateur de la conférence de presse du dimanche 20 juin 2021.
Le manque des moyens pour les autorités intérimaires installées dans les régions du nord, l’inachèvement du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), la non-implication des personnes déplacées dans la mise en œuvre de l’Accord et la non révision de la Constitution pour prendre en compte les revendications politiques de la CMA, dont la réorganisation des régions du nord, sont entre autres points indexés par les responsables de la CMA pour démontrer que la mise en œuvre de l’APR ne leur donne pas satisfaction.
L’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali a été signé le 20 juin 2015 entre le gouvernement et les principaux mouvements ou groupes armés du nord. La politique institutionnelle, la défense et la sécurité, les questions humanitaires et le développement, la justice et la réconciliation nationale sont les quatre piliers de l’APR.
Moussa Bolly LE MATIN

Djibril Coulibaly

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