Déployée au Mali avec mandat de mettre fin aux conflits entre les parties adverses sur le terrain, la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) semble sortir consciemment ou inconsciemment du cadre de sa mission. Où en d’autres termes, de négliger le but initial de la mobilisation de toute cette armada de Casques bleus qui la compose au chevet d’un pays dont l’intégrité territoriale et la stabilité interne sont sérieusement atteintes par l’irrédentisme touareg du Nord par le terrorisme auquel est venu se greffer confusément une nouvelle circonvolution de violences à caractère ethnocide contre les populations civiles du Centre du pays.
Incontestablement, de fin 2017 à nos jours, tous les regards sont tournés vers la Région de Mopti dont les Habitants continuent de tomber sous les balles mortelles et destructrices des terroristes et des chasseurs traditionnels appelés Donzo. À Mondoro, par exemple, dans le Cercle de Douentza, c’est une vingtaine de civils qui viennent de périr à la suite d’une attaque qui leur est infligée par des prétendus terroristes. Selon nos informations, un des véhicules des Forces armées maliennes (FAMA) transportant de médicaments pour le Centre de santé du village de Tiguila a sauté sur une mine à l’orée de la petite ville de Mondoro. Il y aurait eu deux blessés, immédiatement évacués par un hélicoptère. Les populations du hameau le plus proche, Tiguila, au secours des victimes tombèrent à leur tour sur une seconde embuscade qui s’est soldée par 20 morts avec des corps piégés.
Selon le communiqué de l’ONU, le premier drame est arrivé mercredi 1ermai, des assaillants ont tendu une embuscade faisant plusieurs victimes au sein de la communauté des Dogons.
Ensuite, le jeudi 2 mai, toujours selon l’ONU, il y a eu d’autres civils tués par l’explosion des corps des premières victimes de la veille piégés. Comme à l’accoutumée, le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU au Mali, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, a demandé aux autorités maliennes « à redoubler d’efforts pour enrayer ce cycle de violences intercommunautaires dont la répétition est très préoccupante dans un contexte sécuritaire déjà alarmant».
Pour Mahamet Annadif, les «Responsables de ces attaques abjectes » doivent répondre de leurs actes devant la justice.
Comme on le voit, tout se passe comme si la MINUSMA n’est là qu’en tant qu’observatrice des scènes de carnages des populations civiles et des Forces armées et de sécurité maliennes, mais non ni pour se battre contre les terroristes ni pour s’interposer entre les auteurs des conflits intercommunautaires de plus en plus meurtriers.
Malgré la présence massive des troupes onusiennes sur le terrain, ce genre d’attaques meurtrières contre les populations civiles sont devenues monnaie courante, dans la Région de Mopti. Pour preuve, après les massacres d’Ogossagou peulh, courant mars dernier, d’autres cas d’attaques ont également été déplorés dans les Cercles de Bankass, Bandiagara et Koro.
Selon des sources concordantes, à Mondoro, les auteurs de l’attaque étaient habillés en tenues militaires et certains même avaient des barbus. Information confirmée par une source officielle. «Il nous revient que l’ennemi se déguise en uniformes des FAMA, il se déplace également en véhicule de type KA. Le même en service dans l’Armée malienne. Avec des immatriculations FAMA, les mêmes attributs d’uniformes des FAMA, les ennemis pourraient se faire passer pour les FAMA. Il est demandé à tous et à chacun d’être vigilant et alerter à temps opportun afin de déjouer leurs intentions criminelles », précise un communiqué des FAMA.
C’est au vu de tout ce qui précède que le Président guinéen, Alpha Condé, s’est ouvertement élevé, courant semaine dernière, à Abidjan, contre cette présence de la MINUSMA au Mali. Sans ambages, il a dénoncé le caractère faible frisant la complicité des Responsables de la MINUSMA dont le mandat mérite d’être redéfini et renforcé. Ce, afin de protéger les populations civiles à tout prix en lieu et place des traditionnelles condamnations de principe.
Ce qui amène aujourd’hui bien d’observateurs à s’interroger de plus en plus sur le motif réel de la présence de ces troupes étrangères sur le sol malien. Car, maintenant, la MINUSMA ne parvient même pas à défendre ses propres Agents et à plus forte raison assurer la sécurité des populations civiles face aux attaques terroristes de certains chasseurs traditionnels instrumentalisés ou servir de force d’interposition entre les Groupes armés adverses sur le terrain.
Habib Diallo LE COMBAT
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