Après le départ de l’armée française, la Russie a déployé ses soldats dans le nord du Mali, notamment sur la base de Tombouctou ces dernières semaines. C’est du moins, ce que des responsables militaires maliens ont annoncé le jeudi dernier.
Pour assurer l’entraînement des forces maliennes dans une base que les troupes françaises ont quittée en décembre dernier, de nombreux instructeurs russes sont basés à Tombouctou, dans le nord du Mali, a annoncé, le jeudi 6 janvier dernier, un porte-parole de l’armée malienne.
Et un spécialiste des mouvements jihadistes, Wassim Nasr, de préciser : « Ils sont une cinquantaine et ont élu domicile dans les baraquements de l’armée de l’air malienne et non dans les baraquements français ».
Le gouvernement malien de transition avait annoncé, le mois dernier, que des « formateurs russes » étaient arrivés au Mali, sans rien dire de leur affectation, ni de leur nombre. Cette situation a provoqué une vive réaction de la France et de ses alliés européens, qui ont mis en garde les autorités maliennes contre tout déploiement de mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner.
La France prêche-t-elle dans le désert ?
Bamako assure que les soldats russes arrivés au Mali sont des troupes régulières déployées dans le cadre d’un accord de défense bilatéral, en vertu duquel Moscou a également fourni du matériel à l’armée malienne. « Nous avons acheté (à la Russie) de nouveaux avions et de l’équipement. Cela coûte beaucoup moins cher de s’entraîner sur place que d’aller là-bas. Où est le mal ? », a demandé le porte-parole de l’armée malienne interrogé par Reuters.
Toutefois, il n’a pas précisé combien de soldats russes avaient été envoyés à Tombouctou et des habitants interrogés par Reuters ont dit que bien qu’ils soient visibles dans les rues de la ville, ils ne savaient pas combien ils étaient.
Le ministère russe de la Défense n’a pas immédiatement répondu aux sollicitations de Reuters. Les forces françaises ont quitté Tombouctou et plusieurs autres de leurs bases dans le nord du Mali le mois dernier, dans le cadre de la réorganisation de l’opération Barkhane, annoncée l’été dernier par le président Emmanuel Macron, qui doit se traduire par une réduction d’effectifs substantielle.
En tout cas, après s’être opposée en vain au déploiement du groupe Wagner au Mali, comment la France et les 15 pays qui se sont farouchement opposés au déploiement de militaires russes au Mali, pourront-ils faire entendre raison aux autorités de la Transition?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un véritable camouflet pour la France qui était vent debout contre le déploiement de mercenaires russes au Mali, le qualifiant d’incompatible avec sa mission dans notre pays. Quelle posture va-t-elle adopter maintenant ? Va-t-elle se retirer du Mali ? Rien n’est moins sûr. On le sait, la France n’est pas au Mali à cause de ses beaux yeux. Même si elle donne l’impression de voler au secours du pays de Modibo Keita, il n’en demeure pas moins qu’elle y défend ses intérêts. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux. C’est dire s’il ne faut pas s’attendre à ce que la France plie hic et nunc ses bagages. Elle peut, à la limite, se repositionner comme elle le fait déjà à travers le redéploiement de Barkhane Le Mali prend son destin en main
Le Mali prend son destin en main
L’on peut donc dire que le Mali aura fait preuve d’une certaine indépendance en mettant ses partenaires devant le fait accompli. C’est d’autant plus vrai que ces derniers reconnaissent la présence russe au Mali à travers des géologues, des rotations d’avions russes dans le ciel malien. Cela dit, le Mali semble désormais prendre son destin en main. En tout cas, en restant inflexible face aux menaces voilées ou ouvertes des grandes puissances, il prend ainsi un nouveau virage dans la conduite de ses relations avec les Occidentaux. Et ce n’est pas mauvais en soit pour peu que le nouveau partenaire parvienne à faire changer la peur de camp. C’est vrai que l’on pourrait voir dans cette ténacité du Mali une forme d’ingratitude vis-à-vis de ses partenaires mais ces derniers doivent aussi comprendre le souci du Mali d’obtenir plus de résultats dans la lutte contre le terrorisme. Si après 8 ans d’assistance, de présence de milliers de soldats bien équipés, sur le sol malien, des terroristes continuent d’endeuiller des familles, d’occuper des portions de terre et même d’étendre leurs tentacules vers d’autres pays comme le Burkina Faso, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Togo, c’est que les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Autant dire que les partenaires internationaux auront donné des raisons suffisantes au Mali de diversifier ses partenaires. Cela dit, le groupe Wagner doit se montrer à la hauteur des attentes des Maliens, aussi bien en termes de retour de la paix que du respect des droits humains. Aussi, les autorités de la Transition à qui on prête des intentions d’installer leurs pénates pour longtemps au palais de Koulouba, doivent mettre un point d’honneur à organiser des élections transparentes et inclusives dans les meilleurs délais.
Jean Pierre James LE NOUVEAU REVEIL