samedi 23 novembre 2024
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Les caisses vides de l’État : Le Ministre de l’Économie et des Finances n’a pas convaincu

Trop timide pour une réponse qui n’est pas convaincante. S’il y a croissance, en tout cas, les Maliens quant à eux restent très touchés par une crise économique qui ne dit pas son nom, et la population est à bout des nerfs. La question posée par un journaliste la semaine dernière au Ministre Boubou Cissé lors de sa rencontre avec la Presse était de savoir si réellement les caisses sont vides ou pas. Notre Ministre de l’Économie et des Finances a été évasive. Et, il s’est surtout focalisé sur la faillite de l’État. Bien. Il défend fermement que l’État rembourse ses dettes, paie à temps les salaires et les pensions. Pourrions-nous comprendre par là que la croissance d’un pays se limite aux salaires des Fonctionnaires qui ne dépassent pas le nombre de 110.000  sur 18 millions d’Habitants ou sur le paiement des pensionnaires ? Une chose est certaine. C’est que les fonds attribués qui sont remboursés par l’argent des contribuables ne sont jamais arrivés jusqu’aux Maliens. Difficile de nous embobiner… 

Aucun Responsable de l’État ne l’avoue, mais tous savent que les caisses de l‘État sont vides ; autrement dit, impossible de payer ses créanciers nationaux.

Ne pas reconnaître devant le FMI que le Mali n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins est une chose, mais continuer à prendre les Maliens pour des «débiles» en disant que tout va bien et que  l’économie nationale est en bonne santé, en est une autre. Rien ne va. Et aucune statistique n’est réalisée par le Gouvernement pour une projection visible permettant  aux Maliens de se faire une idée relativement nette du devenir de leur argent.

Des cas de retard de paiement des salaires et des pensions nous ont été signalés plusieurs fois. Par exemple, à la rentrée scolaire de cette année les Enseignants de Bla ont été surpris par le retard sur leurs salaires.

La liste est très longue…Nous n’allons pas trop tarder là-dessus.

Les prestataires de services de l’État sont au bout du gouffre 

Un entrepreneur de la place explique : «L’État me doit 100.000.000 FCFA depuis plus de six mois. Et si je ne reçois pas mon argent, ne serait-ce que dix millions avant trois jours, je serais contraint de fermer ma boite». Pour toute réponse, ses interlocuteurs lui diront : «Nous sommes désolés, nous ne pouvons rien pour vous ». Une autre Dame raconte : « J’ai une entreprise de nettoyage, aucun de mes contrats n’a été honoré. Depuis le début de l’année, je paie mes employés sur fonds propres. Fin de ce mois-ci, je serai obligé de les licencier. Je n’ai pas d’autre choix ».  Des milliers d’entrepreneurs sont dans des conditions similaires.

À force d’écouter le malheur de ces personnes si désespérées qui expliquent tout au long de la journée leur désarroi, les braves Hommes du Trésor public en tant qu‘être humain ont mal dans leur peau. Mais que faire ? Ils ne peuvent donner que si l’argent est dans la caisse.

Question à Monsieur le Ministre de l’Économie et des Finances

Le Dr. Boubou Cissé pourrait-il seulement nous certifier que l’État malien a suffisamment d’argent pour empêcher ces hommes et les femmes d’affaires de déclarer faillite? Si oui. Alors, pourquoi ne pas les payer leurs dus?

Certains parmi eux attendent depuis 2017. Peu sont les Opérateurs économiques honorés de l’engagement pris par l’État. Actuellement, seuls les frais indispensables du Gouvernement et  les « protégés » du Fiston national sont pris en compte. Allez-y faire un tour pour en être convaincu. La salle d’attente du Trésor Payeur qui, auparavant, était bondée de monde est déserte. On peut qualifier l’inactif des Agents du Trésor public, faute de dossiers à traiter, d’«activités partielles». Ils n’ont pratiquement rien à faire ; car, il n’y a rien à payer.

Aujourd’hui, la défiance des Opérateurs économiques vis-à-vis du Gouvernement a atteint de tels sommets qu’un simple marché d’État même minime est piétiné avec répugnance. Personne n’en veut puisqu’on redoute de ne pouvoir être payé.

Cette dégringolade en grande partie à cause de la corruption 

On ne cesse de le répéter : « La véritable pierre d’achoppement, c’est la corruption ».

Les mesures que l’État devrait envisager pour lutter contre la fraude et la corruption ne sont pas aussi simples à mettre en œuvre. Elles dépendent de la volonté politique. Or, c’est une décision qui n’arrange pas. « On ne veut pas se priver de cet argent facile qu’on gagne par un système mafieux ».

La corruption a pris une telle ampleur au Mali que, finalement, les Maliens la considèrent comme un fait normal ou logique. D’ailleurs, de nos jours, ce fléau s’est bien implanté dans nos mœurs. Des cartons d’eau «DIAGO » ou des sacs sont remplis de billets de Banque, escaladant certains Départements ministériels pour se nicher dans le Bureau du Maître des lieux. Parfois, pour compenser la largesse de certains Opérateurs économiques, des exonérations scandaleuses leur sont octroyées. Toutes les procédures de  maniement inimaginables sont mises en place pour remplir les poches. Du planton d’un Département au Boss lui-même, sans négliger les différents autres services étatiques.

Nombreux sont les Hauts Fonctionnaires de ce pays qui détiennent une seconde résidence, voire plusieurs, hors du Mali. Leurs enfants étudient à l’Extérieur du pays dans des écoles où un Malien lambda ne pourra jamais payer les frais scolaires. Mais d’où vient l’argent ? De toute évidence, l’argent des contribuables maliens qui va contribuer à booster  la croissance économique d’autres pays tout en engendrant  un manque à gagner pour l’État malien et affaiblit son économie.

La vie chère est de plus en plus dure pour les Maliens

En effet, les populations craignent de vivre encore plus dans la misère d’autant plus que la vie devient plus chère et plus dure pour elles.

Aujourd‘hui, les taxes de Douane ont augmenté, ce qui fait que les importations ont chuté et, à la longue, moins de récolte douanière. Depuis quelque temps, pour que la Douane atteigne son quota mensuel, la pratique utilisée est de cumuler au moins deux mois, voire trois. Donc, cela fausse les chiffres et entrainera plus tard un dysfonctionnement dans la Trésorerie de l’État.

En outre, plusieurs commerçants sont écrasés par la politique instaurée par les Chinois qui fait qu’ils n’ont plus droit au visa de la Chine. Ainsi, ils n’ont que l’alternative de traiter sur place avec ces derniers ou fermer boutique.

De plus, présentement,  la moitié de la jeunesse malienne est inactive. De sorte que le ralentissement de l’activité économique, le retour des immigrés refoulés comme des malpropres va indéniablement augmenter le taux de chômage des jeunes.

Également,en ce qui concerne le prix du carburant, il a grimpé contrairement à ce que Boubou nous fait sortir. Au temps d’ATT, la hausse du prix  de pétrole était prise en charge comme subvention par l’Etat pour que le prix reste stable aux stations. Ce n’est pas le cas actuellement. De ce fait, automatiquement, quand le carburant est à la hausse, cela produit le même effet sur le transport, l’électricité, les denrées de première nécessité et autres.

Encore, les logements sociaux sont pris en otage. Jusqu’à présent, le Gouvernement  ne sait pas comment dispatcher ces maisons.

L’Office Malien de l’Habitat (OMH) a de sérieux problèmes. La structure peine à bien mener sa mission faute de trésoreries. Les 150 milliards de la BID empruntés à son nom ont pris d’autres directions. Pourtant, selon des indiscrétions, cet argent aurait servi à honorer les engagements de l’État vis-à-vis de l’EDM.  Alors, il y a confusion lorsque le Ministre des Finances parle d’imprévu qui a servi pour aider  l’EDM à faire face à ses missions. Où est, donc, passé ce prêt ?

En somme, le Mali a dépensé sans compter. Surfacturer sans se soucier des retombées néfastes sur l’économie du pays. Et, le plan qui fait de récolter de l’argent en réduisant les dépenses de l’État n’a jamais effleuré l’esprit de nos Dirigeants. Alors, pourquoi demander aux autres  de serrer la ceinture lorsque Boubou Cissé nous fait comprendre qu’il n’y a pas de problèmes majeurs et que le Président n’a pas besoin de porter la sienne? Ce n’est que de l’injustice.

En tout état de cause, le bouleversement serait brusque et il est inévitable si l’État n’arrête pas à faire la Politique de l’Autriche et berner les populations.

N.N.C  : LE COMBAT

Rédaction

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