vendredi 22 novembre 2024
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L’école d’hier, l’école d’aujourd’hui : Scolarisation ou déscolarisation ?

Pourtant, ils sont tous passés par ce chemin : les Seydou Badian Kouyaté, Amadou Hampathé BAH, Amadou Djikoroni Traoré, Alpha Oumar Konaré, et tant d’autres. La liste est longue de ceux-là qui ont fait la Gloire de l’éducation de notre pays et en furent des images à ‘’télécharger’’. Mais hélas ! Que ce qui est arrivé à notre école de maintenant?

 

La déception est partout très amer et le découragement est incomparable à l’encouragement quand il s’agit aujourd’hui de l’éducation des enfants. Certains disent : «Ils ne font plus rien là-bas» et, selon d’autres, « Il est préférable que les leurs viennent avec eux au marché que de les envoyer là-bas, à l’école».

Il faut jadis faire des voyages pour chercher l’éducation quand l’Etat était le seul promoteur des écoles où, par exemple, au cours du Primaire, on avait un jumelage des classes avec des effectifs pléthoriques. Mais, en ces temps lointains, le niveau de l’éducation comblait les attentes des parents et de la société toute entière. Donc, contrairement à nos jours où les écoles sont implantées à chaque millimètre autour de nos habitations avec leur prolifération à l’allure des vermines, les fruits sont très décevants. On se demande alors pourquoi une telle situation ? Et comment en sommes-nous arrivés là ? Qui en est responsable ? L’Etat, les éducateurs ? Les élèves eux-mêmes? Ou plutôt les parents d’élèves ? Nul ne saurait situer la responsabilité ; car, elle est partagée.

Les écoles et les centres de formation sont comptés par milliers mais rien n’ y va. Qui y est là ? Qui enseigne qui ? Quoi enseigne-t-on ? Comment le fait-on ? que font les apprenants des enseignements reçus ?

A l’issue de nos investigations, il y a cinq causes majeures:

L’Etat

Au niveau étatique, on note un manque de réformes et de preuve de responsabilité requise. Il est vrai que certaines écoles existent sans compatibles avec les réalités du moment. Dans les écoles publiques, face à la pléthore des effectifs, on assiste à un manque de salles de classes pour contenir le surplus puisque, selon Alpha Mahamane, Directeur Général du CAP, en Commune VI, il faut cinquante élèves au maximum dans une classe. Mais ne soyez pas surpris de voir un seul encadreur pour le double. Alors, il naîtra d’emblée le problème de suivi des élèves. Il y a aussi un manque de motivation. Un Enseignant qui encadre plus de 70 élèves raconte avec un visage crispé : «Comment puis-je marcher sur plus de quatre kilomètres avant d’arriver à mon poste pour un travail de ‘’cris’’ pendant des heures et, ce, à ventre creux ? Car, en réalité, le bon travail ne se fait que dans les deux ou trois jours qui suivent la rosée’ » (qualifiant le salaire), …

Le système éducatif

Ici, il y a comme l’impression qu’on ramène l’enseignement au niveau des enseignés au lieu du contraire. Au primaire, la moyenne d’admission est d’au moins 5/10 et 10/20 au collège. Mais, « on nous demande de repêcher des élèves ayant des moyennes inférieures à ces seuils », nous a dit un Directeur d’un complexe scolaire. Et d’ajouter : « Nous avons de pénurie de matériels didactiques. Trop de laxisme en matière d’accompagnement ».

Les enseignants

Les enseignants de l’école malienne d’antan étaient des diplômés de l’École Normale d’Instituteurs. Mais, de nos jours, avec la prolifération des écoles privées dont certaines sont de nature fantomatique, c’est des ’’gens’’ qui se seraient issus des Centres de formation pédagogique. Mais qui les forme dans ces centres ? Les besoins d’encadreur du domaine de l’éducation sont énormes pressants. Et naturellement on attend plus longtemps ….!

Les parents

Les parents devraient jouer un rôle capital dans l’éducation et la scolarisation des enfants car, l’école n’est qu’une relève. Elle lève les murs sur le soubassement posé par les géniteurs ou du moins les tuteurs. Mais selon certains directeurs et enseignants, les parents fuient leur responsabilité et la situation déjà compliqué aux enseignants devient alors plus GRAVE et puisqu’ « à l’impossible nul n’est tenu », les enfants deviennent insupportables et la vie scolaire est carrément à la fourrière. … Certains vont jusqu’à soudoyer l’inconscience de certains enseignants à attribuer des notes de complaisances à leurs enfant !!!

Les élèves

L’étonnement d’un Surveillant : « Il y a des élèves qui viennent à en classe sans les cahiers mais avec des paquets de cigarettes ! ». Et «  au lieu des tenues scolaires (pour les écoles privées) c’est des … ». Comment un tel élève peut apprendre pour devenir qui ? Un promoteur d’école s’est confié à nous un jour en ces termes: « Le côté commercial nous empêche des fois d’appliquer la rigueur au sens propre du terme ; car, certains parents s’opposent farouchement à la discipline en vigueur dans nos écoles ».

La promotion des langues nationales, principalement le bambara

Ceci ne devrait pas en être un handicap. Mais, vu l’ incompatibilité du système avec les langues officielles d’enseignement (le français, l’anglais, …) aidée par le trop d’amour pour notre langue maternelle a conduit à l’abandon de l’essentiel. Rares sont aujourd’hui des élèves voire des étudiant en Droit qui peuvent s’exprimer librement ou correctement en français. Notre école va, presque, de mal en pis!!!

Il y a suffisamment de preuves accablantes pour situer les responsabilités des parents, de l’Eta, de la société toute entière au centre de tous ces maux qui nuisent l’école malienne. Et l’Etat est indexé pour son laxisme dans l’investissement dans les école. Si les Ahmed Baba Es Saadi, Mahmoud Kati, Amadou Hampaté Bâ, Fily Dabo Sissoko, Massa Makan Diabaté, Seydou Badian Kouyaté, Yambo Ouologuem, Amadou Djikoroni Traoré, Ousmane Diarra, Mme Adam Bah Konaré,… sont passés par les bancs d’une école malienne et ont été des gloires, c’est encore possible aujourd’hui. «Le passé n’est pas rien. Mais, retrouvons leur chemin, marchons dans leurs pas et célébrons l’éducation et bâtissons la cité de nos Elites ; car, tant vaut l’école, tant vaut la Nation ». C’est le tremplin de notre émancipation.

Face à cette situation, nous avons rencontré Alpha Mahamane, Directeur Général du Centre d’Animation Pédagogique(CAP) en Commune VI. Lire dans l’encadré qui suit l’interview qu’il a bien nous accordé !

Matthieu Yawovi HAYEFO, Stagiaire : LE COMBAT

COULIBALY

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