Comme en 2013, certains leaders religieux tentent d’influencer les votes lors de l’élection présidentielle 2018. Plus divisés que les partis politiques et la société civile sur le choix des candidats, certains d’entre eux ont déjà pris position en appelant à voter pour leur candidat. À l’exception d’Ousmane Chérif Madani Haïdara dont la position reste toujours floue pour l’opinion nationale, la plupart d’entre les leaders islamistes ont choisi leur camp et militent à visage découvert pour leur candidat pendant la campagne électorale. Qui sont-ils ? Pour qui travaillent-ils ? Que valent leurs consignes de vote pour l’élection présidentielle du 29 juillet 2013 ? Notre analyse
L’appétit vient en mangeant, a-t-on coutume de dire. Malgré qu’ils aient perdu beaucoup de leur crédibilité en donnant des consignes de vote en faveur du candidat Ibrahim Boubacar Kéïta lors de la présidentielle de 2013, certains leaders religieux, censés être des médiateurs sociaux, ne boudent pas leur plaisir à appeler leurs adeptes à soutenir tel ou tel candidat à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Très sollicités par les hommes politiques en cette veille de scrutin, certains d’entre eux n’ont pas résisté à la tentation et décident de descendre sur l’arène politique pour battre campagne auprès des candidats.
Le Chérif de Nioro choisit Aliou Diallo
Le Chérif Bouyé fait bloc derrière le candidat de l’ADP-Mali, Aliou Diallo. Il est le plus prompt des leaders religieux dans l’octroi de son soutien. Mais, il prône la franchise et l’honnêteté dans la collaboration. C’est pourquoi, aucun homme politique malien ne peut se passer de ses services. Il est considéré comme un faiseur de Président de la République. Il fait partie de ceux qui ont fait élire le président IBK lors de la présidentielle de 2013. D’ailleurs, certains Maliens déçus du bilan d’IBK lui en veulent encore pour ça. Mais, en l’espace de cinq ans, le candidat de l’ADP-Maliba a pris la place d’IBK dans le cœur du chérif. Il l’a affiché publiquement en appelant ses adeptes à voter pour Aliou Diallo. En optant pour ce choix, le Chérif donne l’impression générale qu’il s’est trompé sur le choix d’IBK en 2013,. Alors, réussira-t-il à se faire entendre après avoir donné la preuve de son erreur en 2013 à ses adeptes ? Tout le monde est unanime que ses consignes sont le Coran auprès de ses adeptes.
Mohamoud Dicko dans l’embarras…
Après avoir promis publiquement au Chérif de suivre ses consignes de vote lors de la présidentielle du 29 juillet 2018, l’imam Mohamoud Dicko, président du Haut Conseil islamique semble hésitant depuis l’annonce du choix du Chérif de Nioro. Très motivé avant cette annonce, le choix d’Aliou Diallo semble le ralentir dans sa vitesse bien qu’il ait appelé sa branche de Sabati 2012 à voter Diallo. Bref, il a, subitement, perdu de sa ferveur pour l’élection présidentielle. On ne sent toujours pas sur le terrain sa promesse de suivre les consignes données par le Chérif. Presque invisible sur le devant de la scène publique, on sent de plus en plus chez lui une gêne à s’afficher auprès du candidat de l’ADP-Maliba. L’iman Dicko regrette-t-il déjà sa promesse publique faite au Chérif du Nioro ?
En tout cas, la voix de l’iman est tombée bas depuis la décision du chérif de suivre le candidat de l’ADP-Mali. En plus, il faut signaler que l’Imam a perdu, lui aussi, dans son inconstante une partie de son bras politique (Sabati 2012). Très fort en 2013, Sabati 2012 n’est plus ce mouvement soudé et populaire. Il est divisé en deux clans depuis l’annonce de la décision de son Bureau national, le mercredi 4 juillet 2018, de soutenir la candidature d’IBK pour l’élection présidentielle 2018.
La déclaration faite par son président Moussa Boubacar Bah a été vite contestée, lors d’une conférence de presse tenue à la Maison de la presse, par le clan proche de Mohamoud Dicko. « L’objectif est d’apporter un démenti aux déclarations de soutien au candidat IBK », expliquaient les animateurs de ladite conférence. C’est dire que l’Iman Dicko n’a plus la mainmise sur ses propres éléments.
Ousmane Madani Haïdara, le plus flou
Le guide d’Ançardine international est, sans doute, le leader religieux le plus flou sur sa position politique. Il doit d’ailleurs sa crédibilité, aujourd’hui, à cela. Il s’affiche avec tous les candidats, mais n’est avec personne. Du moins publiquement ! Il est le plus prudent du lot des islamistes même si certains le soupçonnent d’être avec le président sortant. Son mérite est qu’il n’a fait d’appel au vote ni en 2013, ni pour le prochain scrutin présidentiel. Il est resté dans son rôle de leader religieux, en tout cas publiquement, malgré qu’il a sous son contrôle plus de 2 millions de fidèles maliens. Mieux, il travaille même à la tenue d’une élection transparente et apaisée. «Nous prions Dieu pour que le Mali soit dirigé par celui qui amènera la paix et la quiétude dans le pays », déclarait-il devant les leaders de l’Opposition lors d’une rencontre.
A un pallier plus bas de la hiérarchie religieuse, Chouala Bayaya apporte officiellement son soutien au candidat IBK.
Youssouf Z KEITA INFO SOIR