Il n’est nullement exagéré de dire que rien ne va plus au Mali, tant les crises se succèdent et deviennent le lot quotidien des citoyens. De l’attaque du camp de Nampala avec ses nombreuses victimes, à l’opération Bulldozers du gouverneur Ami Kane, en passant par l’embuscade contre les FAMA entre Diafarabé et Tenenkou dans la région de Mopti, jusqu’aux affrontements violents entre le HCUA et le GATIA à Kidal, le régime s’embourbe dans des crises à n’en pas finir. Alors qu’on n’a pas fini de rendre hommage à nos dignes soldats tombés sur le champ de l’honneur et de faire leur deuil, le régime arrête Ras BATH, l’animateur « éveilleur de conscience » des maliens. Le Procureur a-t-il mesuré les conséquences d’une telle arrestation à un moment où le malaise social est à son comble ? Cette arrestation ne serait-elle pas la goutte d’eau qui ferait déborder le vase d’une déception généralisée ?
De l’investiture d’IBK, le 04 septembre 2013 à aujourd’hui, le Mali est toujours dans une impasse indescriptible. Les conditions sociales se sont fortement détériorées, l’insécurité est grandissante, le chômage des jeunes est galopant, bref l’espoir d’une vie meilleure est devenu une illusion. Au même moment, le régime défraie la chronique en corruption, en népotisme, en dépenses somptuaires et de luxe, alors que la grande majorité broie du noir. Le président de la République au lieu d’écouter la voix de son peuple, a plutôt fait le choix d’une gestion patrimoniale et clanique du pouvoir. C’est dans cette atmosphère sociale électrique et invivable que le régime IBK, via le procureur, s’est arrogé le luxe d’arrêter le lundi 15 Août 2016, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, l’animateur vedette de la Radio Maliba FM pour outrage public à la pudeur. La forte mobilisation lors de sa comparution prouve à suffisance le ras-le-bol général et établit que son arrestation n’était que politique. Selon des spécialistes en droit, son interpellation et sa séquestration dans les locaux de la gendarmerie du Camp 1 s’apparentent plus à un enlèvement qu’à l’exécution d’une action judiciaire. Ras Bath passe aujourd’hui aux yeux de beaucoup de maliens comme étant un jeune leader courageux et qui défend la cause des sans voix. Ses investigations auront permis au citoyen lambda de se faire une idée de la nature du régime qui gouverne le Mali. C’est fort de tous ces constats que les nombreux jeunes déçus et mécontents de la gestion de leur pays ont décidé de battre le pavé pour aller envahir le tribunal de première instance de la commune IV du District de Bamako pour réclamer la libération de Ras Bath. Des échauffourées entre partisans et forces de l’ordre ont eu lieu faisant des dégâts matériels considérables, de nombreux blessés et une perte en vie humaine selon un bilan provisoire. Le gouvernement va-t-il très rapidement se ressaisir en calmant les manifestants par la libération de l’animateur avant qu’il ne soit trop tard ?
Pour rappel, le printemps arabe a commencé par un banal fait divers d’un jeune tunisien qui s’est immolé par le feu. Cet événement isolé a fini par embraser plusieurs pays arabes, car il a été l’élément déclencheur d’une révolution longtemps différée.
En définitive, la question que tous les observateurs de la scène politique se posent est celle de savoir si cette banale affaire ne sonnerait pas le glas du régime IBK, trempé dans des beaux draps, affaibli et à court d’initiatives et de vision pour sortir le Mali de ce profond abîme.
Youssouf Sissoko
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