La campagne pour les élections municipales du 20 novembre a débuté vendredi dernier, le premier depuis l’ascension d’IBK au pouvoir. Cependant, cette campagne semble avoir perdu tout son éclat d’antan. Car, elle est singulière. Tous les Maliens ne pourront pas s’en réjouir ; puisque le vote n’aura lieu que sur une partie du territoire national. Aussi, le régime d’IBK se retrouve une fois de plus dans une situation politique critique.
En effet, ces élections sont révélatrices. Elles démontrent à plus d’un titre la manière avec laquelle nos gouvernants appréhendent les préoccupations des populations locales.
Nombreux sont les Maliens, notamment ceux du nord, qui souhaitent le retour des réfugiés, l’unification et la stabilité du pays avant toute élection, quelle qu’elle soit, chose qui était stipulée dans l’accord de paix et de réconciliation nationale.
Dans la capitale, Bamako, tous les indices plaident pour une campagne morose. Un climat lourd et pesant, des personnes frustrées, d’autres générant un sentiment d’abandon, tel est le décor de ce début de campagne.
Organiser des élections municipales dans des telles conditions confuses ne confirme-t-il pas l’incapacité du gouvernement malien à s’assumer vis-à-vis des citoyens ?
Non seulement, les populations des « zones interdites » où les élections ne seront pas tenues se considéreront comme exclues, mais aussi, les réfugiés, hommes et femmes, abandonnés dans des camps de fortune à l’étranger, désireux de participer aux élections communales, se sentiront encore marginalisés. Ce qui pourrait rouvrir des plaies mal cicatrisées avec trop de frustrations.
De ce fait, il est difficile de croire à l’Unité nationale quand tous les Maliens ne sont pas traités sur le même pied d’égalité par l’Etat.
L’Etat serait-il contraint de répartir le Mali ?
Il semble qu’aujourd’hui l’impensable est envisageable. En tout cas, certains élus le pensent et l’avouent sincèrement.
Il y a trois ans, le pays échappait de justesse à une partition effective. Cela, grâce à l’intervention de la France. Il n’en demeure pas moins que des zones entières restent hors contrôle des forces armées maliennes malgré la signature de l’accord de paix.
L’absence de l’administration dans certaines « zones interdites » se fait ressentir, très peu de choses ont été mises en place et l’attente interminable attise la souffrance des populations.
Pourtant, cet accord visait à instaurer une paix durable, un climat de sécurité pour tous.
Jusqu’où faut-il se rabaisser pour échapper à la décadence et nourrir la désillusion ?
Jusqu’où faut-il se rabaisser pour dissimuler la vérité?
Le déni ne fera qu’attirer le mépris, et la désillusion alimenter les esprits.
La réalité d’aujourd’hui est que, probablement, un jour, ces populations abandonnées s’habitueront à l’absence de l’autorité de l’Etat, mais en une seule condition, que d’autres viennent occuper la place vacante.
Neïmatou Naillé Coulibaly