L’annonce de l’arrivée des mercenaires russes du groupe privé Wagner met à rude épreuve les pactes et traités entre les partenaires du Mali. La difficile coopération entre les puissances militaires occidentales supposées aider le Mali dans la lutte antiterroriste se dévoile au grand jour avec un bloc qui se dessine. Une guerre froide qui interroge sur la volonté de ces puissances étrangères au Mali. Sont-elles présentes réellement pour aider le Mali ou ont-elles des agendas cachés ?
D’une part, l’arrivée des militaires russes est dénoncée par la France et l’Allemagne qui mettent déjà en garde Bamako. Si Paris menace de retirer ses troupes en cas d’une alliance avec le groupe russe Wagner, l’Allemagne, quant à elle, « remettrait en cause’’ le mandat de son armée au Mali. En réponse à cette injonction, le Kremlin a fait savoir qu’il ne négocierait pas sa présence militaire au Mali. Une situation confuse qui risque de plomber le Mali avec la montée en puissance des terroristes.
Depuis l’annonce de l’arrivée du groupe russe, plusieurs interrogations ont été soulevées qui, jour après jour, en plus des inquiétudes relatives aux comportements de ces mercenaires partout où ceux-ci sont passés, s’enflent au Mali.
Selon les informations, entre 2 500 à 5 000 mercenaires, du groupe de sécurité privée russe, « Wagner » seraient en passe de venir au Mali suite à un accord avec la junte malienne, rapporte Reuters. Le ministère malien de la Défense a admis, mardi 14 septembre, mener des pourparlers avec cette société militaire privée, tout en insistant sur le fait qu’à ce stade, rien n’a été signé. L’éventuel recours à la société militaire Wagner pourrait déboucher sur le déploiement d’un millier de paramilitaires Russes au Mali.
Un projet qui passe très mal chez les partenaires du Mali, notamment chez la France et l’Allemagne qui menacent de quitter le sol malien si cet accord est signé.
Apparu pour la première fois aux côtés des sécessionnistes du Donbass en Ukraine en 2014, Wagner n’a pas d’existence légale en Russie, où les sociétés militaires privées sont interdites. La présence du groupe a aussi été documentée en Syrie avec les troupes de Bachar al-Assad, en Libye aux côtés des forces du maréchal Khalifa Haftar, ou encore comme « instructeurs » en Centrafrique et ailleurs. Des médias occidentaux ont également fait état d’une présence au Mozambique, mais aussi au Soudan lors des répressions de manifestants anti-Omar El-Béchir en 2019.
Selon France 24, ce groupe russe présent en Centrafrique depuis 2018 pour former l’armée nationale est mal vu par les experts des Nations unies. Pourtant, les mercenaires russes ont aidé l’armée à chasser la coalition rebelle.
Paris et Berlin menacent
Cette présence des soldats russes n’est pas appréciée par les partenaires du Mali. Paris menace de retirer ses troupes si le Mali s’allie avec le groupe russe Wagner. Une coopération entre la junte au pouvoir au Mali et la société privée russe Wagner serait « incompatible » avec le maintien d’une force française dans ce pays, a averti mardi le chef de la diplomatie française devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Selon Jean-Yves le Drian, « c’est absolument inconciliable avec notre présence. « Une intervention d’un groupe de ce type au Mali serait incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali », a-t-il ajouté. « Ils se sont illustrés dans le passé singulièrement en Syrie, en Centrafrique beaucoup avec des exactions, des prédations, des violations en tous genres (et) ne peuvent pas correspondre à une solution quelconque », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères. Et à son ministre des Armées Florence Parly de conclure qu’un tel accord « serait extrêmement préoccupant (e) et contradictoire » avec l’engagement militaire de la France au Sahel depuis huit ans.
L’Allemagne quant à elle, n’a pas mâché ses mots. Elle affirme que l’accord entre le Mali et le groupe Wagner « remettrait en cause “le mandat de l’armée Allemande. « Si le gouvernement du Mali passe de tels accords avec la Russie, cela contredit tout ce que l’Allemagne, la France, l’Union européenne et l’ONU ont fait au Mali depuis 8 ans », a mis en garde mercredi la ministre allemande de la Défense sur Twitter Annegret Kramp-Karrenbauer.L’armée allemande est présente au Mali avec près de 1.500 soldats, déployés dans le cadre de la mission de formation de l’Union européenne ou de la mission Minusma.
Pas question de négocier sa venue au Mali, réplique Kremlin
La Russie ne négocie aucune présence militaire au Mali, a répliqué mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au lendemain de la mise en garde française sur un éventuel accord entre Bamako et la société privée russe Wagner.
« Il n’y a aucun représentant des forces armées russes là-bas (…) et aucune négociation officielle n’est en cours », a déclaré M. Peskov à la presse. Il n’a pas évoqué directement Wagner, que l’Occident considère comme une officine de Moscou malgré des démentis répétés de la Russie. M. Peskov a seulement relevé que les autorités russes avaient des « contacts dans le domaine militaire avec beaucoup de pays, y compris ceux situés sur le continent africain ».
Au-delà des gesticulations entre ces puissances, la question qui se pose est de savoir si la présence de ces différentes puissances n’était pas pour la même cause. Le Mali est-il devenu cette belle fille qui est sur le point d’engendrer une deuxième guerre froide entre la Russie et le bloc France- Allemagne et autres?
Wait and see !
Kevin KADOASSO LE COMBAT