Tous les ingrédients semblent réunis aujourd’hui pour qu’il y ait soulèvement. L’accord de défense nous interdit d’utiliser notre espace aérien pour nous sécuriser. L’Accord de paix d’Alger scelle la partition du Mali, et ouvre la voie de l’exploitation tous azimuts de nos ressources. Une crise sociale sans précèdent et une misère noire des populations sévissent, aggravées par la mauvaise gouvernance avec son corollaire de corruption et de clientélisme. Comme si cela ne suffisait pas, la France accule le Gouvernement à accélérer la révision constitutionnelle, bien que le Mali est dans l’impasse totale. Peut-on résister à un peuple en colère et qui a décidé de prendre son destin en mains ? Chronique d’une révolution imminente.
Depuis la réélection contestée d’IBK en 2018, le Mali est dans l’impasse. Il est en proie à toutes sortes de crises : sécuritaire, sociale, politique et même de confiance, exacerbant ainsi la tension, ce qui risque d’engendrer une révolte. Au lieu de chercher à éteindre le feu socio-sécurito-politique qui couve et qui risque de consumer tout le territoire, le Gouvernement, acculé par la France, s’active à donner satisfaction à cette même France en relançant le fameux projet de révision constitutionnelle sans laquelle point d’application de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. La question que bon nombre d’observateurs se posent est celle de savoir si on ne s’achemine pas encore vers le scenario de An Té A BANA, le mouvement qui a fait capoter le premier projet de révision. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets, car nombreux sont les citoyens maliens qui ont le sentiment que c’est la France qui dicte aux autorités la conduite à suivre. Jamais, le sentiment anti français ne s’était pas autant développé depuis la crise de 2012 que maintenant. Les Maliens ont applaudi la France quand ses forces Serval ont stoppé net l’avancée des Djihadistes à Konan. Ils ont même fait du Président français d’alors, François Hollande, un citoyen d’honneur, avant de se rendre compte de la supercherie française en faveur du Mouvement National de Libération de l’Azawad, MNLA, à dominante touareg. Aujourd’hui, pour tout citoyen malien du sud, la France n’a que deux objectifs à atteindre au Mali, aider la minorité arabo- touareg à s’affranchir de la tutelle nègre de Bamako pour pouvoir exploiter les immenses ressources que regorge la partie septentrionale du Mali. Le second objectif de la France serait d’élargir sa zone d’influence et d’accroitre ses potentialités économiques, surtout dans un monde où les ressources pétrolières se raréfient. Pour atteindre ces deux objectifs, la France a aidé à élire un Président manipulable à souhait, à la tête du Mali.
IBK défend-il les intérêts des Maliens ou ceux des français ?
Rien qu’en reléguant au second plan les innombrables problèmes auxquels le pays est confronté, et tenir vaille que vaille à réviser la Constitution, il n’y a pas de doute, IBK se bat plus pour préserver les intérêts de la France que pour ceux des maliens. Ni la crise sociale, avec des grèves dans tous les secteurs de l’administration, ni la crise politique avec la rupture prématurée du dialogue, ni la crise sécuritaire avec des massacres de civils et presque quotidiennement, n’ont dissuadé IBK à renoncer momentanément à la révision constitutionnelle, pour donner une chance au dialogue afin d’obtenir un consensus indispensable. Aujourd’hui, les maliens n’aspirent qu’au bien être dans un environnement social apaisé et sécurisé. Tout autre agenda serait synonyme de provocation.
En somme, si IBK persiste et signe dans son aventure sans issue, celle d’imposer aux maliens une Constitution, il encourra le risque de provoquer un soulèvement populaire, comme au Soudan et en Algérie. Le préalable à toute révision constitutionnelle, reste un dialogue inclusif et la satisfaction des différentes revendications sociopolitiques.
Youssouf Sissoko INFO SEPT