Le comité national pour le salut du peuple (CNSP) et son jumeau le Mouvement du 05 Juin M5-RFP, premier acteur de la chute du régime d’BK ont eu une relation d’amitié de façade ; une amitié dont le baptême de feu a ébloui à la place de l’indépendance.
C’était au lendemain du coup d’État qui a renversé le régime de l’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, le 21 août dernier à la place de l’indépendance. Le mouvement du 05 Juin–Rassemblement des Forces Patriotiques (M5–RFP) appelait leurs militantes et militants pour fêter une première victoire vers le changement dans notre pays. Ce jour-là, c’était un coup d’État qu’ils célébraient haut et fort avec les putschistes qui ont anarchiquement pris le contrôle du pouvoir. Certains membres du comité national pour le salut du peuple (CNSP) s’y sont rendu à bord un pick-up au beau milieu d’une foule qui applaudissait, une foule de dents allongée sur le monument, avant de rejoindre l’estrade où attendaient les bourreaux du M5. À sa tête, leur autorité morale, l’influent Imam Dicko. Les militaires présents sur ce lieu n’ont pas tardé à reconnaitre le mérite du mouvement M5 par rapport à la situation du pays ; d’où cette fameuse phrase qui résonna de la bouche du colonel Ismaël Wagué, alors porte-parole du CNSP, et actuellement ministre de la réconciliation nationale dans le gouvernement de transition, une phrase qui en est sortie, et qui a accordé trop d’espoir aux militants de ce mouvement anti-pouvoir : « Nous avons parachevé ce que le M5 a commencé, » s’écriait-il. Mais en effet, de nombreuses spéculations tournaient autour de la relation M5 et CNSP ; et il a fallu qu’ils édifient les choses, en tout cas si c’est vrai, en ces termes : « On n’a pas de lien avec le M5, aucun lien. On n’est pas manipulé par un parti politique. On n’a aucun lien avec le M5. Ce que les gens du M5 disaient, c’était la vérité ; mais ça ne veut pas dire qu’on est avec eux. On n’a aucun contact avec le M5… » a insisté le porte-parole. Même si cette hypothèse semblait être difficile à croire à l’époque aux yeux de l’opinion nationale, mais tout portait à croire que les putschistes étaient méfiants vis-à-vis de ces politiciens. C’est ce qui s’est avéré finalement, notamment dans les choix du président et du Premier ministre de la transition ; et maintenant le fameux blocage de la mise en œuvre du Conseil national de transition (CNT), organe législatif ; où un duel se situe au niveau de sa présidence. Les récentes visites du gouvernement au M5 entrent effectivement dans le cadre d’un processus de négociations, d’apaisement de tensions politiques et sociales. Ce qui est sûr, c’est que la relation amicale qui existait entre ces deux puissants acteurs de ce changement se serait fondée sur une apparence inéluctable, un faux compliment qui ne reflète pas du tout à la réalité ; un service qui nuit évidemment à l’autre. Le M5 nuirait-il au CNSP ?
Moriba DIAWARA