En prélude à la fête de travailleurs le 1er mai, nous avons rencontré le Secrétaire Général de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), Hammadoun Amion Guindo. Dans les lignes qui suivent, il nous parle de la nouvelle dynamique enclenchée par le nouveau gouvernement dans les négociations des grèves qui ont miné et continuent de miner cette année 2017 et de son souhait de voir les quatre centrales syndicales du Mali se retrouver autour d’une plateforme pour le bonheur des travailleurs maliens.
LE COMBAT: Cette année a été beaucoup mouvementée pour les travailleurs, en termes de grèves et autres manifestations. Alors sous quel signe vous placez la fête du 1er mai 2017 ?
Hammadoun Amion Guindo: Comme d’habitude, nous essayons toujours de faire une évaluation de l’ensemble des activités que nous avons eu à entreprendre sur l’année écoulée et nous essayons de voir ce qu’il y a des acquis, quels sont ces acquis là et s’il n’y a pas d’acquis pourquoi il n’y en a pas eu. C’est par rapport à cette évaluation que nous avons placé le 1er mai de cette année sous le signe du respect des engagements. A l’évaluation, nous avons vu qu’en tant que centrale syndicale nous avons signé beaucoup d’accords avec le gouvernement malien ; mais, malheureusement, dans la mise en œuvre, il y a eu beaucoup de difficultés et, parfois même, des mises en cause qui ont fait qu’aujourd’hui la situation sociale est ce qu’elle est avec des grèves et des marches. Les gens manifestent leur désarroi, leur mécontentement, leurs déceptions par rapport à la non satisfaction des engagements pris.
Dès la prise de fonction du nouveau Gouvernement, il a été trouvé un terrain d’entente avec le secteur de la santé. Qu’est ce qui explique cela ?
Le nouveau Gouvernement a reconnu en notre présence que c’est le fait qu’il n’y a pas eu de commission de suivi qui a fait que le Gouvernement n’a pas respecté ses engagements. Et que, en tant que nouveau Gouvernement, il s’engage à reprendre langue, à discuter et à trouver éventuellement des solutions et à respecter leurs engagements antérieurs. Cette nouvelle dynamique, nous l’avons apprécié, nous avons renouvelé notre disposition à aller vers un dialogue social. C’est ce qui explique aujourd’hui que le secteur de la santé a repris langue mais aussi, d’aboutir à un certain nombre d’accords qui leur ont permis de reprendre le travail.
Qu’en est-il du secteur de l’éducation ?
Le secteur de l’éducation a suspendu sa grève le 23 avril dernier. D’autres se profilent. Nous avons là aussi saisi le Gouvernement particulièrement le premier Ministre pour lui dire de maintenir cette dynamique d’ouverture et de dialogue social avec l’éducation et tous les autres secteurs concernés par ce non respect des engagements pris. Pour l’éducation, il est prévu une rencontre ce soir (Ndlr: mercredi 26 avril) et peut être que les discussions vont reprendre. A notre niveau nous avons été très clair, nous avons dit autant aux autorités qu’aux syndicats d’enseignants, qu’il faudrait s’investir de part et d’autre pour éviter qu’il y ait une année blanche. Et ça, ce serait vraiment regrettable qu’on en arrive à ce niveau. Et je pense que le Gouvernement actuel, peut-être partageant les mêmes soucis, s’impliquera davantage pour trouver une solution aux problèmes des enseignants.
Récemment, on vous a vu aux côtés de l’UNTM par rapport à la grève du secteur de la santé. On peut s’attendre à ce qu’un jour les deux plus grandes centrales syndicales fusionnent ?
Nous avons toujours tenté, envoyé même des émissaires à nos camarades de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) pour qu’ensemble nous puissions nous donner la main afin d’élaborer une plateforme syndicale et travailler ensemble. Nous estimons que sur la base de nos Statuts, c’est quand même l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et qu’il y a un certain nombre de points dont la santé, l’éducation, l’environnement que nous pouvons partager et défendre ensemble. Nous avons toujours maintenu cette main tendue. Et le 4 avril dernier, nous avons saisi par lettre l’UNTM par rapport aux problèmes autant de la santé que de l’école pour dire il est temps qu’ensemble, en tant que centrales syndicales, nous agissions, que nous prenions en charge ces revendications pour rencontrer les autorités. Cette correspondance nous l’avons envoyé à l’UNTM non seulement par rapport à la santé parce que c’est là où elle était aussi impliquée, mais par rapport à l’école nous avons saisi également la CDTM qui a aussi un syndicat des enseignants. Parce qu’il faut noter qu’au niveau des enseignants l’UNTM n’est pas aussi impliquée. Notre souhait est de voir les quatre centrales syndicales du Mali se donner la main, organiser ce qu’on appelle une plateforme et que, de temps en temps, quand les fédérations ou les syndicats nationaux n’arriveront pas à régler un problème que ces centrales, autour d’une plateforme, puissent prendre cette revendication en charge et aller négocier avec le Gouvernement et le patronat.
Un message à l’endroit des travailleurs maliens ?
Sincèrement, je demande aux travailleuses et aux travailleurs de s’investir pour que nous travaillions à l’unisson. Il faut resserrer les rangs, dépasser certains clivages, essayer de privilégier l’essentiel. Et, pour cela, l’exemple que les syndicats de la santé UNTM-CSTM viennent de donner est assez probant pour que, dans d’autres secteurs, nous voyons les mêmes alliances qui pourront, peut-être, demain, obliger les centrales syndicales à se donner la main. Et ça, c’est un travail au niveau de la base et je sollicite beaucoup leur disponibilité pour qu’ils travaillent à cette solidarité.
Propos recueillis par Mohamed Dagnoko : LE COMBAT