Dans la deuxième partie de la série d’articles sur la gestion du Mali sous Alpha Oumar Konaré et surtout en guise de réponse aux allégations de l’ancien Président Moussa Traoré, nous mettons l’accent sur les vastes chantiers dans les domaines de l’Université et de la culture. Le Général Président Moussa Traoré a affirmé dans le film documentaire que l’université avait été officiellement créée en 1989 après des études approfondies d’un comité d’experts, et qu’elle allait être une université décentralisée. Alpha Oumar Konaré répondra dans son entretien avec Bernard Cattanéo, pour dire que le projet de l’université était théorique et qu’il lui est revenu de prendre la décision en 1993-1994, de l’ouvrir effectivement. Voici ce qu’il a fait dans les domaines de l’Université et de la Culture.
Dans la précédente parution, nous parlions du PRODEC qui a permis de réaliser beaucoup d’infrastructures scolaires au Mali. Pour ce qui concerne l’enseignement supérieur, la grande prouesse a été la création de l’Université.
En effet, dans l’entretien que l’ancien Président Alpha Oumar Konaré, a accordé à notre confrère, il apparait clairement que c’est en 1994 que le statut de l’université a changé d’établissement public à caractère administratif (EPA) pour devenir un établissement public à caractère scientifique, technologique et culturel, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, tout en renforçant les organes d’administration et de gestion.
Selon l’ancien Président de la République de 1992 à 2002, une option importante a été choisie, celle de créer des pôles universitaires à travers le pays. « Au lieu d’une seule Université Nationale, nous allons vers la création de plusieurs Universités nationales. La première celle de Bamako devait rester pluridisciplinaire ; à côté d’autres qui pouvaient être spécialisées. Mais cela, je ne pas pu le mettre en œuvre. Je pensais à un pôle Universitaire consacré au Développement rural à Koulikoro, un pôle consacré au Textile à Ségou, un pôle Universitaire à Tombouctou consacré autour des sciences humaines, un pôle Technique dans la région de Kayes et j’ai pensé prolonger le pôle Universitaire de Bamako vers Kati par un développement des activités de l’Ecole Nationale des Ingénieurs sur le site de l’ancienne SANAREM (Société Nationale de Recherche Minière). Les choix ainsi faits nous amenaient à ne plus avoir une seule Université nationale du Mali, concentrée à Bamako, mais plusieurs Universités Décentralisées ; C’est pour cela nous avons continué à appeler, l’Université du Mali, l’Université du Mali à Bamako » A côté des pôles Universitaires, devraient être créés des Instituts Universitaires, les UIT. Les grandes écoles ont été réhabilitées. Ainsi pour améliorer la gestion de l »enseignement supérieur une option fut prise de rattacher les grandes écoles à la direction Nationale de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ainsi l’Université ne devait plus gérer que les facultés et les Instituts Universitaires, l’ISFRA (Institut supérieur de formation et de la recherche appliquée) ; ancien CPS (Centre Pédagogique Supérieur) était rattaché à l’université et l’Institut des sciences humaines du Mali (ISH) est demeuré rattaché au cabinet du Ministre. Un programme de réformes des nouvelles technologies de l’information et de la communication au sein de l’Université virtuelle africaine était également prévu. Enfin pour pallier les conséquences des années blanches et renforcer les capacités de notre enseignement supérieur, le programme Tokten a été créé en septembre 1998 avec l’appui du PNUD.Il visait à faire participer des enseignants maliens expatriés aux activités de recherche et d’animation scientifique de l’Université du Mali.
En 2002, le répertoire comprenait plus de 200 consultants potentiels avec parmi eux des grands professeurs tels Diola Bagayoko, Cheick Modibo Diarra et d’autres grands noms comme Professeur Alhousseyni Brétaudeau de Katibougou, les Professeurs Abdoul Karim Koumaré, Ogobara Doumbo, Mamadou Diallo et Yaya Touré de l’école de Médecine. Il y a eu aussi le projet de 300 jeunes. Ce programme lancé en 1999 visait à sélectionner les meilleurs jeunes au niveau Bac et Maitrise et à leur offrir une formation et une spécialisation dans les disciplines de pointe pour le Mali dans diverses universités étrangères.
S’agissant de la Culture, beaucoup d’œuvres ont été réalisées en dix ans, Pour AOK, la culture est le fondement du développement et non comme uniquement une partie du développement. Une réflexion théorique très forte sur l’écriture nationale à travers le concept de la Maya, c’est-à-dire le concept de l’homme intégral, a été engagée dès 1997. L’accent a été mis sur la formation des cadres avec la restructuration de l’Institut National des Arts, INA et le lancement d’un Centre Multimédia ; Le Centre Ballafasséké situé à Bamako sur le flanc de la colline du Point G et qui aurait pour mission de former les cadres de la culture. Une formation d’artistes-cinéastes a été envisagée, en utilisant le temps de réalisation des films maliens comme école d’apprentissage pour les jeunes. Des bibliothèques de lecture publique, au niveau des tous les chefs-lieux de cercle et des bibliothèques de langue Nationale qui étaient au nombre de cinq en 2000, ont été développées. Un grand complexe de la Bibliothèque Nationale, des Archives Nationales et du centre National de documentation ont vu le jour. Au sein de ce complexe la comission Nouvelle technologie de l’information et de la communication qui travaille au développement de la culture des sciences et des technologies a été installée. Les nouvelles technologies ont connu une explosion depuis les rencontres de Bamako 2000 qui leur étaient consacrées. Des Musées ont été créés localement comme le musée du sahel à Gao, le musée de Sikasso, le Musée de Bandiagara, le Musée de la chasse de Yanfolila, en même temps que le Musée national de Bamako était renforcé par l’amélioration du centre de Documentation et de laboratoires, par la création d’un parc historique baptisé Théodore Monod et la création de deux grandes salles d’exposition. Des missions culturelles de Djenné, de Tombouctou, de Bandiagara ainsi que celle d’Es-Souk à Kidal en 2002 pour gérer et assurer la sauvegarde des sites inscrits au patrimoine mondial. La rencontre des chasseurs ouest africains a été organisée en 2001 pour la préservation des rites et traditions liés à la chasse et les rencontres photographiques africaines organisées depuis 1994.
Comment n’est pas évoqué la Coupe d’Afrique des Nations de Football, CAN ; qui au dela des aspects sportifs, de développement, a été culturelle aussi avec pour la première fois le jatigiya, culture de l’hospitalité qui fut le symbole, le support de la coupe d’Afrique dans toutes les villes organisatrices. Nous ne saurons clore ce chapitre sur ces quelques points saillants du vaste chantier culturel sans citer quelques monuments et autres statues construits en dix ans : l‘Obélisque sur l’avenue du Mali, le Mémorial Modibo Keita, le Square Patrice Lumumba, la Statue Kwamé Nkrumah, la statue de l’éléphant, la statue de l’Hippopotame sur l’avenue de l’indépendance, la place Al Qods, les Martyrs de Thiaroye, la statue de Ouezzin Coulibaly, la statue de la Buffle, le Monument des chasseurs, le Parc de la Résistance à Woyo Wayanko avec l’obélisque Samory Touré, la place CAN, le Monument de la paix, la place des trois caïmans, le Monument des cités martyrs, la place Mali 2000, le monument des Martyrs, la Tour de l’Afrique. Dans certaines capitales régionales des travaux d’installation et de rénovation des monuments furent engagés comme la réhabilitation de la mosquée d’Hamdallaye. Que dire des vastes programmes de baptême des lieux, des rues, d’écoles, d’édifices publics pour marquer leur réappropriation par la population
En définitive, comme promis, la troisième partie de la série d’articles sera consacrée aux grands chantiers politico-économiques des dix ans de gestions d’Alpha Oumar Konaré.
Youssouf Sissoko INFO SEPT