Dans une déclaration dont nous détenons copie, les leaders coutumiers, chefs de villages, sites et fractions, par ailleurs Responsables légitimes des différentes communautés du Nord du Mali et refugiés dans le camp de M’Berra, en République Islamique de Mauritanie, depuis février 2012, rejettent formellement la tenue des élections de proximité du 20 novembre 2016 dans les Régions de Kidal, Tombouctou, Gao, Ménaka et Taoudenni.
Cette déclaration des Responsables nordistes réfugiés en Mauritanie date du 5 novembre dernier. Dans ledit document, ces leaders alertent la communauté internationale ainsi que le Gouvernement du Mali et les autres acteurs de la crise malienne sur, selon eux, les éventuels risques qui peuvent découler de la tenue des élections locales du 20 novembre 2016 dans les Régions du nord.
«Nous tenons à attirer l’attention de la communauté internationale, du gouvernement du Mali et tous les acteurs de cette crise, sur le risque d’embrassement que pourrait connaitre le Mali en général suite à la tentative de procéder à ces élections prévues pour le 20 novembre prochain. Et, ce, sans tenir compte de la situation des réfugiés et des déplacés maliens dans plusieurs pays voisins », présent-ils dans leur déclaration.
Pis, les signataires de ladite déclaration estiment que les élections communales du 20 novembre prochain chez eux sont inopportunes et opposées aux closes de l’accord de paix et de la réconciliation nationale.
« …en procédant à la tenue d’une telle élection dans nos communes actuellement, le Gouvernement viole l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali signé en juin 2015 », protestent les leaders coutumiers des Régions du nord. Cela, tout en rappelant que ledit Accord stipule clairement qu’aucune élection de proximité ne doit avoir lieu avant le rapatriement effectif des populations réfugiées et déplacées originaires du Nord.
Pour ce faire, ces réfugiés rappellent l’importance de l’électorat dans le camp de M’Berra. «Au camp de M’Berra, en Mauritanie, nous ne représentons pas moins de soixante mille (60.000) personnes; donc, une part importante de l’électorat de nos communes, nous tenons à informer et surtout à mettre en garde la communauté internationale et l’équipe de la médiation, en particulier l’Algérie en tant que chef de file dans la processus de Paix en cours, mais aussi et surtout, la France et les U.S.A qui sont des acteurs de taille dans ce conflit », prennent-ils en témoins les partenaires potentiels pour la paix au Mali.
En outre, ils déclarent de réitérer leur attachement au processus de paix. Un processus qui, d’après eux, demeure une véritable lueur d’espoir et constitue la meilleure voie à suivre pour une pacification et une stabilisation définitive du pays. C’est en ces termes que la Coordination du camp des réfugiés de M’Berra de Mauritanie, ordonnateur de ladite déclaration, a exhorté le Gouvernement malien à faire preuve «de bonne foi» en respectant les engagements pris lors de la dernière session du CSA. «Spécifiquement, les dispositions en rapport à l’installation des autorités intérimaires et au démarrage des patrouilles mixtes qui sont les conditions sine qua non à notre retour au pays. Nous comptons sur le Gouvernement du Mali pour tout mettre en œuvre pour un retour à la stabilité en appliquant scrupuleusement et de façon effective toutes les dispositions de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali en respectant les échéances et les chronogrammes mis en place par le Comité de Suivi de l’Accord», lit-on dans ladite déclaration.
Faut-il noter que ce document est accompagné d’une pétition des Responsables communautaires faisant état de leur ferme opposition à la tenue, à leur absence, des élections de proximité dans les Régions dites de l’AZAWAD ou du Nord Mali ; à savoir : Kidal, Tombouctou, Gao, Taoudenni et Ménaka. Aussi, les signataires sont au nombre d’une quarantaine de leaders coutumiers et chefs de villages, sites et fractions.
Zénébou Maïga: LE COMBAT