Les choses sérieuses commencent. La situation est suffisamment décantée à l’heure actuelle pour que l’on y voie clair. La fin de semaine, vendredi et samedi, y a été pour beaucoup. Pratiquement, toutes les salles capables d’accueillir du monde ont été prises d’assaut pour des congrès, des conférences nationales… Cinq partis majeurs ont édifié sur leurs intentions, en investissant leur candidat ou en précisant leur modalité de participation à la consultation populaire sous la forme d’une alliance avec une autre formation politique.
Tout se passe comme si nous étions en année électorale normale. Or, il n’en est rien. Il n’est pas exagéré de le dire, la situation est pire que celle qui prévalait à la veille du scrutin de 2013.
Cassandre ? Non ! Mais qu’on y regarde de près. A la date du 6 avril 2012, l’inimaginable s’est produit : au Nord, nous nous sommes retrouvés avec une sécession triomphante, au sud, avec des putschistes au programme des plus flous. Six ans après, on ne parle plus de sécession ni de putschistes. Il n’en demeure pas moins que les 2/3 du territoire national continuent d’échapper au contrôle de l’Etat : le Mali continue d’être sous occupation, sous tutelle de la Communauté internationale, même si, à Bamako et dans les grands centres du Sud, cela n’est pas immédiatement perceptible.
Il y a de cela cinq ans, « l’ami Hollande », après avoir permis d’empêcher les salafistes de progresser vers Sévaré et Mopti, nous avait imposé une date en se déclarant intransigeant sur son respect. Nous nous sommes pliés au diktat. Les élections ont eu lieu. Une forme d’union sacrée a permis, au second tour, à un candidat de se faire plébisciter avec plus de 70% des voix.
La mobilisation des électeurs et le score du vainqueur auraient pu être capitalisés pour créer les conditions d’une véritable libération nationale. La capitalisation n’aura pas lieu. Les différentes sensibilités politiques ne furent pas associées à la gestion du pouvoir. Une instabilité ministérielle à nulle autre pareille ne fut pas pour améliorer la situation. Le président sortant, candidat à sa propre succession, peut se prévaloir d’un bilan à travers différentes réalisations dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence sociale. Il pourra, le long de la campagne électorale, gloser sur ces réalisations. Mais, ramené à l’aune de la République, cela donne un bilan plutôt mitigé.
A l’approche du scrutin du 29 juillet, l’éclairage doit être centré sur une réalité : l’échec de la mise en œuvre des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Le gouvernement a joué sa partition : un texte de loi a été modifié, une conférence intérimaire a été conclue, le MOC a été déclaré opérationnel à Gao et à Tombouctou. Cependant, tout se passe comme si chaque acte posé nous éloigne davantage de l’objectif. Le DDR n’a pas eu lieu, ni le redéploiement de l’Administration et de l’Armée. Il faut encore s’en remettre aux conditions posées par une infime minorité d’Ifoghas pour se rendre à Kidal.
La mise en œuvre de l’Accord… a échoué, parce que, plus qu’un simple accord, c’est un traité de paix sous garantie internationale qui a été imposé aux Maliens. L’impossibilité de sa mise en œuvre résulte de deux insuffisances : l’ignorance de la réalité sur le terrain par celle qui en est l’auteur, la Communauté internationale d’une part, l’impossibilité pour le Mali de respecter ses engagements sans que cela n’entraîne sa partition d’autre part.
Au vu de cette réalité, l’urgence demeure la libération.
L’élection présidentielle du 29 juillet « ne doit pas être une source de division pour nous » a déclaré le président du MPR lors des assises de la IIIème Conférence nationale de la CODEM. Il est normal que l’expression plurielle se manifeste. Mais tout candidat dit être pénétré de cette évidence : sans une unité d’action pour le sursaut national, point de salut.
LA REDACTION
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