L’élection de Moussa Timbiné au perchoir de l’Assemblée Nationale ne pourrait procéder que d’une arrière-pensée politique tendant à écarter tous les caciques du RPM afin de laisser le boulevard ouvert à Karim Keita, le fils du Président de la République pour être candidat en 2023.
Sinon, comment comprendre que celui qui occupe la dernière place du Bureau Politique National, BPN, par ordre de préséance, puisse se hisser à la première marche de l’institution la plus politique qu’est l’Assemblée Nationale ? Pour rappel, l’honorable Timbiné est le Président de la Jeunesse RPM. Ainsi, dans la structuration des partis politiques, les premiers responsables des mouvements affiliés que sont la jeunesse et les femmes bouclent généralement la composition du Bureau. Donc, Moussa Timbiné était opposé à trois candidats qui étaient hiérarchiquement supérieurs à lui, à savoir Baber Gano, Mamadou Diarassouba et Issiaka Sidibé. Le deuxième constat qui se dégage après le choix de l’honorable Timbiné est le choix porté sur Moussa Timbiné par le Président fondateur du RPM, alors même que le parti a jeté son dévolu sur Diarassouba. L’on se souvient, comme si c’était hier, des propos tenus par IBK, relatifs au choix d’Issiaka Sidibé en 2013. Pour lui, malgré qu’il ait son candidat, il se plie au choix d’Issiaka Sidibé, par le parti, pour être le Président de l’Assemblée Nationale. Pour le Président fondateur du RPM, bien que son candidat fût Abdramane Niang, il accepta de céder au choix du parti. Pourquoi IBK s’est dédit en s’opposant cette fois-ci à la décision du parti ?
Les masques semblent tomber, la réalité est, que ça soit en 2013 ou en 2020, IBK a toujours cédé aux désidératas de Karim Keita. Le choix de Moussa Timbiné est celui de Karim Keita qui voudrait gérer l’Assemblée Nationale par procuration et se pré-positionner pour les élections présidentielles de 2023. Quant aux caciques du RPM que sont Bocari Tréta, Mamadou Diarassouba, Baber Gano et tous les autres qui ne sont pas prêts à suivre les jeunes dans leur aventure, c’est le début de leur pénible traversée du désert.
IBK fera sans nul doute comme Abdoulaye Wade du Sénégal en neutralisant toutes velléités oppositionnelles à son machiavélique projet de porter au trône son fils adulé.
La prochaine étape sera le congrès ordinaire du RPM qui pointe à l’horizon. Le duo infernal constitué de Karim Keita et de Moussa Timbiné s’imposera et imposera ses hommes à des postes stratégiques du Bureau. Ils seront aidés dans cette aventure par le Président de la République, IBK qui, voue un soutien sans faille à ce tandem. Bocari Tréta, Mamadou Diarassouba et tous les autres caciques sont plus que jamais dans l’œil du cyclone. Vont-ils continuer à raser le mur ou décideront-ils de prendre leur destin politique en mains en quittant le RPM pour créer un autre parti politique comme les Macky Sall et les Idrissa Seck ont quitté le PDS pour se frayer des chemins au Sénégal ?
En somme, les hommes politiques, en Afrique en général, et au Mali en particulier, tiennent rarement compte de l’avis de l’opinion dans leur prise de positions et de décisions d’où la surprise désagréable. Le peuple est le seul détenteur de la souveraineté et est le seul à avoir le dernier mot. « Donc laisser mouton courir, Tabaski viendra ».
Youssouf Sissoko