Dans un entretien accordé à l’agence de presse russe, le vendredi dernier, le Premier ministre, Dr. Choguel Kokala Maïga, a accusé ouvertement la France d’avoir contribué à la déstabilisation du Mali et à la propagation du terrorisme, alors même que la tension entre les deux pays était à son comble.
C’est une véritable bombe lancée par le Mali à la France. Le Premier ministre ne décolère pas. Après ses propos à la tribune des Nations-Unies accusant la France d’avoir “abandonné le Mali en plein vol’’, il a rajouté une couche au moment où le président français Emmanuel Macron échangeait avec plus de 3000 jeunes, dont 700 Africains, au sommet Afrique-France à Montpelier, le vendredi, 08 octobre 2021. Acculé par une jeunesse africaine désespérée par la politique française en Afrique, Macron trouvait à peine des réponses convaincantes sur la relation entre la France et les pays africains, notamment francophones.
Malgré les sorties de Macron qualifiant les autorités maliennes actuelles d’illégitimes et particulièrement le Premier ministre d’enfant issu de “deux coups d’État’’, ce dernier ne lâche pas la France tranquille. Un marquage à la culotte faite par Choguel qui sait choisir les bons moments pour faire passer son message.
Cette fois-ci, Choguel a ouvertement accusé l’armée française d’avoir formé des groupes terroristes à Kidal, région qui échappe depuis des années aux autorités de Bamako. Cette fois, Choguel n’est pas allé par le dos de la fourchette. La France est responsable du chao au Mali. Elle est à la fois pyromane et pompier dans la crise malienne.
“Arrivée à Kidal, l’armée française a interdit à l’armée malienne de rentrer à Kidal. Elle a créé une enclave et qu’est-ce qu’elle a fait ? Ansardine, organisation terroriste internationale déclarée par les Américains, qui est une branche d’Al-Qaïda au Mali, son chef, les Français ont pris les deux adjoints pour former une autre organisation. C’est la France qui a créé cette enclave. Ils ont des groupes armés entraînés par des officiers de l’armée française, nous en avons les preuves’’, a précisé le Premier ministre malien.
Choguel vient de lancer une bombe contre la France alors que jamais aucun officiel n’a osé tenir ce langage de vérité contre la France qui règne en maître depuis 2013 au Mali. Depuis que cette dernière bombe est lancée, Paris est rentrée dans un silence sournois et n’a pas répondu contrairement à ses habitudes au coup pour coup alors que la jeune malienne, Adam Dicko, lui faisait comprendre que c’est une honte, sa réaction envers les autorités de Bamako, Macron aura-t-il le courage de répondre ou se taire ? Toujours en est-il que le discours a changé depuis et que Bamako ne reçoit d’injonction de la part d’aucun président de la sous-région ni de la France. La transition dicte sa loi et les autorités crachent des vérités jadis impossibles et impensables. Pour le moment, c’est Bamako qui fait prescrire son rythme à la communauté internationale et ceci jusqu’à quand ? Difficile de répondre.
Kevin KADOASSO LE COMBAT